Algérie

COLLOQUE NATIONAL COMMÉMORATIF DU CONGRÈS DE LA SOUMMAM DU RCD



COLLOQUE NATIONAL COMMÉMORATIF DU CONGRÈS DE LA SOUMMAM DU RCD
Le Colloque national commémoratif du Congrès de la Soummam sous le thème «Combat d'hier, défis d'aujourd'hui» initié par le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) s'est ouvert avant-hier jeudi dans la grande salle du Théâtre régional Malek-Bouguermouh de Béjaïa avec un cycle de trois communications animées par un ancien responsable politique du parti, l'ex-député de Tizi-Ouzou, Nordine Aït Hamouda, l'historien et sociologue Abdelmadjid Merdaci et Hakim Saheb, secrétaire national à la réforme de l'Etat du RCD en présence d'un auditoire averti et de l'ancien président de l'APN Karim Younès et l'ancien président du Rassemblement, Saïd Sadi qui ont été chaleureusement applaudis à leur entrée dans la salle. C'est le président du RCD , Mohcine Bellabas, qui ouvre les travaux de la rencontre nationale regroupant d'éminentes personnalités politiques, à l'instar de l'ex-chef de gouvernement, Sid- Ahmed Ghozali, Karim Younès, ancien président de l'APN et du Dr Saïd Sadi.MOHCINE BELLABÈS, PRÉSIDENT DU RCD à L'OUVERTURE DES TRAVAUX DU COLLOQUE :«Donner un nouveau départ à l'Algérie pour parachever le combat libérateur par l'instauration du régime de la citoyenneté»Le premier responsable national du RCD note, d'emblée, que la célébration du Congrès de la Soummam ne constitue pas un fait nouveau pour son parti «visant à revisiter la première plateforme détaillée de l'Algérie combattante ayant tracé les contours du modèle d'Etat et du projet de société à offrir à l'Algérie indépendante». «Le 20 Août 1956 reste une date privilégiée dans l'histoire des luttes du peuple algérien», clame l'orateur tout en précisant que la rencontre de Béjaïa est «d'abord un travail de mémoire mais aussi un travail de perspective». «En plus d'avoir donné une meilleure structuration au mouvement de libération, instauré une meilleure discipline et assuré un meilleur encadrement aux populations, les participants au Congrès de la Soummam anticipaient déjà sur la nature du futur Etat», explique Mohcen Bellabès mettant en exergue certaines résolutions prises par les participants au congrès préconisant la primauté de l'intérieur sur l'extérieur et du politique sur le militaire et en affirmant l'objectif tracé par les leaders révolutionnaires consistant en l'instauration d'un Etat moderne et social loin de toute tutelle étrangère. Le président du Rassemblement dresse dans son intervention un sévère réquisitoire de la situation politique et économique du pays tout en appelant à donner un nouveau départ à l'Algérie pour «parachever le combat libérateur par l'instauration du régime de la citoyenneté» indique-t-il. «C'est parce que la plateforme de la Soummam a été occultée et l'indépendance confisquée et le peuple dessaisi de sa souveraineté que le système politique qui a été instauré depuis 1962 continue de sévir et de reproduire l'échec», assène l'actuel premier responsable du RCD devant une nombreuse assistance composée de militants, cadres du parti et d'invités venus de différents horizons. L'actuel responsable du Rassemblement estime que la crise n'épargne aucun secteur. «La crise perdure, s'aggrave et atteint tous les domaines de la vie nationale parce qu'elle n'est pas liée à une circonstance ou une conjoncture ni même le fait d'un seul dirigeant», explique-t-il dans sa lancée. Pour l'orateur, «cette crise est permanente parce que le système qui l'a générée est toujours en place. Si les hommes en charge de l'autorité de l'Etat privilégient le statu quo et n'arrivent pas à s'adapter, c'est parce qu'ils sont incapables d'ambition pour le pays. Leur ambition est personnelle, elle se nourrit de la disponibilité de la rente», martèle-t-il. Dans le même tableau noir, le président du RCD est revenu sur la dépendance de l'Algérie à l'égard des hydrocarbures. «Pour les tenants du pouvoir, l'économie est synonyme de dépenses publiques pour acheter la paix sociale et de bradage des deniers de l'État. Ils découragent le travail et la création de richesses. Ils accusent les patrons et suspectent tous ceux qui ont envie de réussir (...) l'impunité voire la protection dont jouissent les auteurs de la prédation et de la corruption condamnera à terme l'État algérien à la déchéance», poursuit dans son réquisitoire Mohcine Bellabès. La corruption, la crise qui secoue la vallée du M'zab, l'impunité face aux dérives sont autant de points noirs abordés dans son intervention par Mohcine Bellabès qui est aussi revenu sur le travail accompli par son parti pour l'instauration de la démocratie dans le pays. Sur ce registre, il citera la dernière initiative avec d'autres partenaires politiques dans le cadre de la CNLTD tout en fustigeant au passage «ceux qui veulent entraîner l'ANP dans le jeu politique du pays». Le président du RCD n'a pas manqué, à l'occasion avant de céder la tribune au premier communicant du colloque, Nordine Aït Hamouda, d'adresser quelques flèches en direction du FFS. Insistant sur la nécessité d'un sursaut patriotique pour l'avenir du pays, l'orateur estime que «Ni un parti, ni une institution ni aucune personnalité ne peut seul réparer un désastre historique de cette ampleur» . «Le Congrès de la Soummam a été un nouveau départ pour la révolution, il s'agit à présent de donner un nouveau départ à l'Algérie pour parachever le combat libérateur par l'instauration du régime de la citoyenneté. Cela suppose un compromis historique qui postule le rétablissement de la souveraineté populaire. il ne s'agit pas de chercher un consensus suspect avec le pouvoir en place sur le dos du peuple . Un tel projet n'a pas besoin d'un médiateur. C'est au pouvoir, qui détient l'ensemble des prérogatives, de donner des gages de bonne volonté et non l'inverse», a indiqué Mohcine Bellabès en réponse à l'initiative du consensus national proposée par le FFS.A. KersaniNORDINE AIT HAMOUDA AUTOUR DU THÈME :«LE CONGRÈS DE LA SOUMMAM ET SES CONSÉQUENCES» :«Ben Bella a manœuvré à partir de son exil au Caire dans le but de saper le congrès de la Soummam»Le premier communicant du colloque, l'ex-député et ancien responsable politique du RCD, autour du thème «le congrès de la Soummam et ses conséquences» a abordé de son côté les circonstances dans lesquelles s'est tenue la rencontre historique d'Ifri Ouzellaguen le 20 août 1956 tout en revenant également sur la «liquidation» de son principal architecte, Abane Ramdane.«Béjaïa demeure depuis le 20 août 1956 jusqu'à l'heure actuelle sous embargo semblable à celui imposé à Ghaza, assène dans sa prise de parole, Nordine Aït Hamouda déplorant que cette région qui souffre des affres de l'enclavement pour cause d'absence d'une infrastructure routière moderne. Il regrettera au passage l'absence remarquée des officiels à la cérémonie de recueillement sur le mémorial des martyrs mercredi dernier à Ifri Ouzellaguen pour la célébration du 58e anniversaire de cette date majeure dans la lutte de Libération nationale. Evoquant les raisons de la tenue de ce congrès le 20 août 1956, l'ex-député du RCD note que le vide qui prévalait à l'époque sur le plan politique imposait la tenue de cette rencontre. «Les principaux dirigeants ayant été derrière le déclenchement de la lutte armée étaient tous absents. Abane Ramdane qui a rejoint le poste de responsabilité au niveau d'Alger jugeait nécessaire voire vital de tenir un congrès», indique Nordine Aït Hamouda en chargeant dans son intervention, le premier Président de la République algérienne feu Ahmed Ben Bella, accusé ouvertement d'avoir «manœuvré à partir de son exil au Caire dans le but de saper le congrès de la Soummam». «Ben Bella même en exil s'imaginait mal recevoir des ordres et c'est la raison pour laquelle il a tout fait pour saboter le congrès de la Soummam mais aussi censurer les résolutions issues de ces premières assises du FLN historique», dira l'ancien responsable politique du RCD tout en faisant lecture de certaines lettres envoyées par Abane aux dirigeants du FLN installés au Caire, les sommant de rentrer et de ne pas bloquer l'armement qui devait être acheminé vers le pays notamment vers la Wilaya III menacée d'extermination par l'armée coloniale, faitil observer. Dans son intervention, Nordine Aït Hamouda rappelle le rôle joué par la population de la vallée de la Soummam notamment celle d'Ouzellaguen qui a été mobilisée de jour comme de nuit pour la réussite de cette rencontre. Dans la foulée, Nordine Aït Hamouda révélera quelques chiffres concernant le nombre «exact» selon lui des moudjahidine au déclenchement de la Révolution en soutenant que leur nombre était plusieurs fois supérieur en Kabylie que dans les autres régions du pays avançant même que le peu de maquisards engagés à cette époque en dehors de la Kabylie étaient tous partis de la Wilaya III que dirigeait le colonel Amirouche. Le même orateur affirme au passage qu'aucun projet araboislamiste n'est issu du congrès de la Soummam ayant proclamé l'instauration d'un Etat démocratique et social avant d'accuser Ben Bella de régionaliste. «Ben Bella ne reconnaît pas la présence de Ben M'hidi lors de ce congrès en qualité de représentant de l'Oranie pour la simple raison que ce dernier n'était pas natif de cette région du pays», fait savoir Nordine Aït Hamouda comme indicateur révélateur «des jeux claniques qui prévalaient déjà durant la Révolution et qui se perpétuent encore aujourd'hui», selon lui.A. K.ABDELMADJID MERDACI, HISTORIEN ET SOCIOLOGUE :«Le 20 août 1955-20 août 1956, au prisme de la mémoire des acteurs»Le chercheur universitaire, auteur entre autres du livre «Constantine la ville des vertiges», a soutenu dans son intervention qu'à l'exception de ces deux dates historiques du 20 août 1955 avec l'attaque menée par les moudjahidine au niveau du Nord constantinois et le 20 août 1956 date de la tenue du congrès de la Soummam, les officiels continuent à occulter une date majeure dans la lutte de libération à savoir le 20 août 1957 ayant consacré la naissance du CNRA au Caire lors de laquelle la direction du FLN a été élargie à trentequatre membres. «L'objectif des attaques menées par les moudjahidine dans le Nord constantinois n'était pas militaire en soi mais éminemment politique. La France avait commencé un travail de sape contre le FLN avec l'installation de Jacques Soustel comme nouveau gouverneur d'Algérie et sur le front intérieur l'incertitude commence à s'installer au sein des populations algériennes qui commençaient à douter de l'issue qu'allait prendre la Révolution. C'est suite à ces attaques qui ont certes visé des casernes de l'ennemi et aussi certaines personnalités qui voulaient semer la division au sein de la population, à l'instar de certains membres des Ulemas liquidés par le FLN durant ces attaques pour ne citer, à titre d'exemple, que le cas de la liquidation du neveu de Ferhat Abbas appelé Alloua, à qui le FLN reprochait d'avoir fait volte-face en se rétractant de rejoindre la lutte de libération, que ces attaques ont été collégialement décidées alors que les moudjahidine vivaient une situation de précarité provoquée par le manque d'armes», explique à ce sujet l'historien et sociologue Abdelmadjid Merdaci tout en faisant savoir que ces attaques menées de jour, à midi, constituent la fierté des populations de la région de Constantine qui ont contraint la France à desserrer l'étau sur la région de l'Est et de la Kabylie en élargissant le champ de l'état d'urgence installé dans ces deux régions juste au lendemain du déclenchement de la Révolution. C'est par rapport à ces faits suivis par un rappel des troupes militaires coloniales, affirme le communicant, que la France est entrée en guerre en Algérie. Une année jour pour jour après ces attaques, s'est tenu le congrès de la Soummam qui, souligne le conférencier, avait l'aspect d'un véritable congrès tant les débats y étaient houleux. «Les représentants du Nord constantinois à leur tête Zighoud Youcef étaient tous contre les thèses défendues par Abane Ramdane avant de les adopter à la fin des travaux. Un consensus autour des résolutions qui s'en sont sorties dans le seul but de sauvegarder l'intérêt du pays et les objectifs tracés par la Révolution qui visaient à casser l'ordre colonial et aboutir à l'indépendance du pays», a souligné le même conférencier en s'appuyant sur le témoignage de Amar Benaouda ancien dirigeant durant la Révolution. L'autre événement phare de la Révolution est la naissance du CNRA en Égypte. «Un événement décisif dans l'histoire de la Révolution et qui a eu lieu le 20 août 1957 au Caire avec comme résolutions, l'élargissement de la direction collégiale du FLN à trentequatre membres dont la cooptation des suppléants comme Amouri et Boumediène au sein de cette direction », fait-il savoir en s'appuyant sur des témoignages et des écrits datant de cette époque de la Révolution. La naissance du GPRA a été évoquée à l'occasion très brièvement. L'événement intervient à un moment où les Algériens ont pris conscience de la territorialité de leur pays et qu'ils avaient besoin en 1958 d'un Etat «captif».A. K.SID AHMED GHOZALI :«Aujourd'hui, ceux qui dirigent le pays aiment l'Algérie mais sans les Algériens»Les travaux de la deuxième journée ont enregistré l'intervention des trois personnalités politiques, à savoir Sid Ahmed Ghozali , l'ex-chef du gouvernement sous Boudiaf, l'ex-président de l'APN , Karim Younès, et le Dr Saïd Sadi. C'est Sid Ahmed Ghozali qui ouvre le bal des communications sur cette date hautement historique dans la lutte pour la libération du pays.Sous le thème «Congrès de la Soummam, intégration des étudiants à la révolution», l'ex-chef du gouvernement a abordé le rôle joué par les étudiants algériens dont il faisait partie dans le combat libérateur du pays. Après avoir salué l'initiative d'une telle rencontre par le RCD qui constitue «un travail salutaire à travers un dialogue à long terme et non conjoncturel », le conférencier est rentré dans le vif du sujet en faisant part de son témoignage en tant qu'acteur. «Je suis ici pour parler de ce que j'ai vécu comme témoin. Le passé est intéressant mais l'essentiel est le présent et l'avenir de notre jeunesse. Majoritairement dans le pays, la jeunesse algérienne est dans une phase dépressive. Je ne dis pas qu'elle est totalement déboussolée mais devant l'absence de challenge, c'est le désespoir», note d'emblée le conférencier. Et d'ajouter : «Chaque génération a ses défis. Notre challenge était de libérer le pays . Ce qui constituait à l'époque de l'utopie. Mais nous avons réussi le défi. Aujourd'hui, les défis sont complexes, économie, culture, etc., mais je vais dire à cette jeunesse que nous avons fait face à un challenge beaucoup plus grave. Affronter la plus grande force coloniale qui a tout fait pour détruire 132 ans durant le peuple algérien n'a pas été facile. La France coloniale a aimé l'Algérie sans les Algériens», témoigne l'ancien chef du gouvernement avant d'asséner dans la foulée des pics en direction des dirigeants du pays. Usant d'un ton ironique mais lourd de sens, Sid Ahmed Ghozali enfonce le clou en direction des dirigeants du pays en inversant l'expression visant la France coloniale. «Aujourd'hui, ceux qui dirigent le pays aiment l'Algérie mais sans les Algériens», martèle-t-il. Evoquant l'époque coloniale et les affres subis pas la jeunesse de l'époque, le conférencier fustigeant les thèses de certaines voix françaises louant les bienfaits de la colonisation, avance un chiffre très dérisoire de jeunes universitaires durant l'époque coloniale qui s'élève à quelque 500 étudiants. Un nombre insignifiant d'étudiants qui constitue, souligne-t-il, «un indicateur de la politique de destruction du peuple algérien. A l'indépendance, on comptait à peine une cinquantaine d'ingénieurs dont plus de la moitié a été formée par le GPRA dans les grandes écoles françaises. Il est clair que cette génération a joué un rôle important dans la révolution malgré ce nombre insignifiant d'étudiants. Amine Khane, Belaïd Abdeslam ont adhéré bien avant au PPA MTLD à l'âge de 15 ans. En 1956 on avait répondu aux ordres de Abane Ramdane pour la grève des étudiants mais beaucoup pensaient que les études allaient reprendre à la rentrée», indique encore le conférencier tout en déplorant que «le FLN, un mouvement de libération nationale, se transforme en un parti unique que tout le monde connaît». Revenant sur le rôle joué par les étudiants durant la révolution, le conférencier explique que la section universitaire affiliée à la fédération de France du FLN a contribué à la structuration des services de la révolution et l'encadrement dans plusieurs wilayas du pays. La bleuite a été également évoquée. Une génération de cadres ciblée avec le seul tort de parler la langue française. Mais s'indigne encore l'ex-chef du gouvernement du sort réservé à cette même génération à l'indépendance. «La beuite, on l'a vécue au sommet de l'Etat, œuvre d'autres Algériens», affirme-t-il . Toujours sur la contribution des étudiants, étudiants, le conférencier citera à titre d'exemple, le précieux apport extérieur de cette génération de jeunes Algériens. «Nous avons battu la France politiquement et non militairement. La cause algérienne était connue dans le monde grâce au GPRA, jamais la communication algérienne n'a été aussi brillante avec Lakhdar Brahimi, Benyahia et beaucoup d'autres encore. Son apport a été capital. Les armes étaient importantes mais la diplomatie était décisive. 500 cadres formés dans les différentes universités du monde par le GPRA soit plus que la France en 7 ans». «Cette infime minorité de cadres algériens a joué un rôle décisif aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. Notre jeunesse a fait face à des défis incroyables , il ne faut jamais être impressionné par les défis du moment», lance comme note d'optimisme le conférencier qui assumera aussi à l'occasion la responsabilité de cette même génération après l'indépendance parce qu'elle s'est trompée. On croyait que l'indépendance acquise, on allait servir le pays et laisser la politique aux autres. Servir dans les institutions et ne pas s'occuper de politique était une erreur fatale et nous avons notre responsabilité », reconnaît le conférencier dans son intervention. «C'est le mouvement de libération qui a paradoxalement contribué à la re-perte de la souveraineté nationale», regrette encore l'orateur. «50 ans après nous sommes encore toujours dans le parti unique et ce sont les formes seulement qui ont changé. Il faut tenir compte des deux bilans positif et négatif pour avancer. On ne peut pas se plaindre des dirigeants et laisser la politique à ceux-là dont on se plaint», conclut Sid Ahmed Ghozali.A. K.KARIM YOUNÈS, EX-PRÉSIDENT DE L'APN :«Un peuple qui arrive à se suffire sur le plan alimentaire, est un peuple qui peut affronter tous les autres défis»L'ex-président de l'APN, Karim Younès, pour ce rendez-vous de l'Histoire, a choisi un thème nouveau intitulé «quel rôle pour l'Algérie dans l'espace géopolitique mondialisé en perpétuel changement de position '»Un sujet qui qui peut paraître prétentieux, voire un peu provoquant, fait observer l'ex-président de l'APN en prenant la parole. Mais pour nous, nous devons, pour notre opinion, débattre des questions sur les réalités complexes du monde d'aujourd'hui car l'opinion publique ne doit pas être exclue des débats sur les questions capitales de géopolitique», indique le conférencier à l'entame de sa communication. Et d'ajouter «Le rôle de l'expert n'en sera que plus utile quand le grand public aura été pré-sensibilisé sur les questions de la place de notre pays dans le monde, dans l'espace régional et sur les grands défis d'aujourd'hui et de demain». «Nous ne devons surtout pas rester prisonniers de l'idéologie populiste de «one two three viva l'Algérie», estime l'orateur tout en posant un certain nombre de questionnements, «d'abord de quelle Algérie s'agit-il ' de celle qui dépendrait du résultat d'une compétition sportive ' ou de celle interpellée dans son existence au sein du monde en perpétuelle ébullition ' De l'Algérie pensée, rêvée par nos aînés qui ont payé de leurs vies la libération du pays où s'agit-il de l'Algérie du conteneur, de la précarité, de la soumission aux nouveaux barons du pouvoir de l'argent ' Il ne s'agit pas ici de critiquer pour critiquer mais d'attirer l'attention sur l'essentiel car notre responsabilité politique c'est d'incarner l'idéal et non de laisser se dégrader l'image de la nation», estime Karim Younès. «Ce colloque, le RCD a voulu qu'il se tienne à une date commémorative d'un événement qui s'inscrit dans l'histoire de l'Humanité qui l'a gravé dans son registre d'or pour avoir porté tout un peuple et à sa suite tout un continent vers la fin d'une oppression coloniale, vers la liberté enfin retrouvée. C'était une époque où les dirigeants faisaient du passé de l'Algérie une référence et de l'avenir du pays un objectif commun (...) Par l'organisation de ce colloque, le RCD le rappelle, l'éloigne de l'oubli et ravive la flamme», poursuit le conférencier. ...«Pour atteindre cette grande ambition, la libération, il y a eu plusieurs étapes : le 20 Août 1955, une opération politique et militaire d'envergure. Malgré les incidences extrêmement préjudiciables à une population écrasée par le rouleau compresseur des soldats coloniaux qui de l'avis même de leurs chefs ont fait un autre massacre qui rappelle par sa férocité celui de Mai 1945», souligne Karim Younès qui pense que les opérations du 20 Août 1955 ont «peut-être sauvé la révolution de l'essoufflement». «En 1956, le FLN qui a su rassembler toutes les forces politiques et sociales du pays organise le Congrès de la Soummam le 20 août. C'est bien cette coordination entre les forces de tout le pays qui a cruellement manqué aux résistants de 1830 à 1954», signale l'ex-président de l'APN qui n'a pas manqué de saluer aussi l'initiative du RCD. «Une formation politique dynamique incontournable du paysage politique algérien présidée aujourd'hui par une personnalité émergente, Mohcine Bellabas, digne successeur d'un homme», en citant le Dr Saïd Sadi, qui, selon lui, «a initié le combat politique pour une Algérie de son temps et de celui du monde, une Algérie en phase avec les idéaux de Novembre et du congrès de la Soummam, un homme qui élève le débat démocratique au rang des premières conditions pour instaurer une viepolitique saine pour une Algérie juste , équitable reposant sur son socle identitaire conforme à l'histoire de notre existence et sur son rôle géopolitique dans son espace maghrébin, méditerranéen, africain et dans l'univers du monde avec lequel nous avons plus d'attache culturelle, civilisationnelle et économique». Dans la même intervention, le conférencier trouve dommage et même inacceptable qu'aujourd'hui cette jeunesse ne soit pas associée à la préparation de son avenir, celui du pays, alors que c'est elle qui a mené le combat libérateur d'hier. «Rappelons-nous les militants du mouvement national qui ont déclenché la guerre pour l'indépendance du pays étaient tous jeunes, Didouche (27 ans), Bitat (29 ans), Ben M'hidi (31 ans), Krim (32 ans), Aït Ahmed (28 ans), Amirouche (34 ans) et Abane Ramdane (34 ans). Seuls Boudiaf, Ben Boulaïd, Khider dépassaient à peine les 40 ans. Les étudiants grévistes en mai 1956 avaient rejoint les maquis à l'âge de 17,18 et 19 ans au plus, c'est l'âge des militants du RCD», indique Karim Younès qui est également revenu sur les défis majeurs qui attendent l'Algérie pour son développement. Le défi de l'eau, de la terre et de l'environnement est encore plus important parce qu'il s'agit d'assurer la sécurité alimentaire des futurs 60 millions d'Algériens, avec des ressources en eau qui seront de plus en plus rares, des sols insuffisamment exploités et mal protégés en ce moment. «Un peuple qui arrive à se suffire sur le plan alimentaire est un peuple qui peut affronter tous les autres défis», estime l'exprésident de l'APN»A. K.Le Dr SAID SADI :«La libération algérienne passe par la liberté de la mémoire»Intervenant à la clôture du colloque sous le thème «Congrès de la Soummam, charpente de la guerre, tabou de l'après-guerre» le Dr Saïd Sadi entame sa communication par saluer l'initiative du RCD consistant à «réanimer le débat et la réflexion autour d'un évènement majeur de la Libération nationale, événement dont les objectifs sont, d'autres l'ont dit avant moi, d'une brûlante actualité et dont le sort réservé pendant et après la guerre à ses auteurs éclaire les problématiques que le pays esquive ou diffère depuis l'indépendance».«Compte tenu du rèle, de la place et de l'usage dévolus à l'histoire dans la vie publique, il est capital que des organisations non impliquées dans la légitimation du pouvoir par la confiscation de la mémoire collective lancent et animent une discussion qui n'a jamais eu lieu», dira l'ancien président du Rassemblement. «Ce dossier est complexe et délicat. Le fait que le pouvoir l'ait occulté ou pollué nous impose d'autant plus de lucidité et de mesure, étant entendu que nous ne devons pas substituer à la falsification du passé des jugements péremptoires ou tendancieux. Ce dossier est important car avant d'être une spécialité concernant des spécialistes, l'histoire est un patrimoine qui implique le citoyen. Nous devons parler de l'histoire sans la totémiser. Il ne s'agit pas de refaire Novembre ou la Soummam. Il s'agit d'en éclairer les vérités pour éviter leur perversion. On peut s'inspirer d'une expérience mais il ne s'agit pas de reproduire les périodes ou les épopées. Pour le reste, chaque génération doit fabriquer son destin», affirme le conférencier. Pour le communicant, l'histoire de la décolonisation nord-africaine, le 20 Août renvoie à trois situations différentes mais qui ont contribué à donner à cette date sa consistance politique. Il y a eu d'abord la déposition du roi Mohammed V le 20 août 1953 au moment où le royaume du Maroc était encore sous protectorat, signale-t-il . «Le choix de cette date par Zighout pour déclencher l'offensive dans la région de Skikda répondait à la fois à la nécessité de prendre dans sa zone de commandement une initiative qui relance le déclenchement de l'insurrection du 1er-Novembre et de rappeler le proclamation du 1er-Novembre qui postule la lutte de Libération algérienne dans le cadre nord-africain dans une période où l'espoir de voir les trois armées de libération mener un combat commun n'était pas encore éteint. Vint enfin la décision de tenir les premières assises politiques du FLN après le déclenchement de la guerre de Libération un 20 Août qui était aussi un appel politique et symbolique pour une prise en charge solidaire du destin des trois pays nord-africains», explique Saïd Sadi avant de citer aussi la réunion du 20 août 1957 qui a eu lieu au Caire comme l'avait abordé la veille l'historien M. Merdaci. Pour Saïd Sadi «la date du 20 août représente donc dans l'histoire régionale trois scènes politiques spécifiques : une déportation au Maroc, une insurrection au Nord-constantinois et une structuration- programmation à la Soummam. Chacune de ces séquences a servi la suivante. Mais pas toujours dans l'harmonie idéalisée qu'un volontarisme réducteur essaie de présenter aujourd'hui », note le conférencier. Parlant concrètement du déroulement de ces situations, les répercussions immédiates et comment ont-elles été traitées une fois l'indépendance acquise , l'orateur indique qu'assez rapidement, les Algériens ont dû réaliser que la guerre ne pouvait être menée collectivement en Afrique du Nord. Les lettres d'Abane invitant, pour ne pas dire sommant, les membres de la délégation extérieure d'arrêter de spéculer sur d'éventuels sursauts de nationalistes tunisiens ou marocains pour obliger leurs leaders à assumer une guerre totale et solidaire contre la France aux côtés des Algériens sont légion. A partir de 1956, ses messages insistent sur la même orientation : vous avez une mission et une seule : nous envoyer des armes. Nordine Aït Hamouda vous a donné hier lecture de l'une de ces missives où Abane répétait : votre rôle est d'envoyer des armes, des armes, des armes. Il ajoutait : les Marocains et les Tunisiens sont rangés derrière Mohammed V et Bourguiba et il est vain de vouloir infléchir ou changer leur stratégie, poursuit dans sa communication le Dr Saïd Sadi. Ce brusque rappel à l'ordre n'empêche pas l'utopie nord-africaine de continuer à souder les rapports politiques des trois mouvements de libération. En 1958, les trois partis de l'Istiqlal, du Destour et du FLN représentaient l'essentiel des mouvements nationalistes des trois peuples d'AFN. Ils concluaient leur réunion de Tanger par un vibrant appel au parachèvement des indépendances des trois pays par la construction d'une fédération des Etats nord-africains, fait il savoir en résumé, de la scène régionale. «Notre histoire est aussi faite de ces hiatus et de ces précipitations que des circonstances défavorables n'ont pas permis d'éviter et qui ont, en certaines occasions, perturbé ou opposé des structures du FLN. Nous devons connaître ces épisodes et les aborder sans tabous ni tentations de les interpréter à l'aune des positions actuelles des uns ou des autres. Voici cadrés la genèse, les incidences et les échos de l'assaut lancé par Zighoud», enchaîne le Dr Saïd Sadi. Le troisième événement sur lequel est revenu le conférencier est enregistré en août 1956, les membres de la direction interne du FLN, pressés par l'évolution de l'extension des luttes et la puissance de la machine coloniale, décide que le combat devait faire un saut qualitatif tant sur les plans organisationnels que politique et diplomatique. «Mieux, la perspective de l'indépendance n'étant plus d'ordre hypothétique, il fut décidé de projeter les valeurs et les référents du futur Etat algérien que tout un chacun connaît avec notamment la primauté du politique sur le militaire et l'affirmation sans ambages du caractère républicain et moderne de l'insurrection nationale. Déjàles prémices de ce qui allait être le nœud gordien de l'Algérie contemporaine et qui reste à ce jour en suspens, allait être tranché. Ben M'hidi qui avait déjà subi les foudres de Ben Bella et Abane qui suivait avec un agacement non dissimulé des intrusions de Nasser sur le cours de la Libération algérienne allaient répondre par des positions qui prenaient à revers les approches de Ben Bella», relate le même conférencier : «La guerre de libération n'est pas une guerre de religion”? Il ne s'agit pas de restaurer une quelconque théocratie désormais révolue”? l'Etat algérien sera démocratique et social, peut-on relever dans la plateforme”? La Révolution algérienne n'est inféodée ni au Caire ni à Moscou ni à Londres ni à Washington”?». «Il n'est pas indifférent de rappeler ici deux faits : en août 1956, sur les six acteurs présents en Algérie qui ont déclenché le 1er- Novembre, deux étaient décédés (Didouche et Ben Boulaid ), un était emprisonné (Bitat), un autre était à l'étranger (Boudiaf ). Les deux autres «novembristes» qui militaient en Algérie ( Ben M'hidi et Krim Belkacem) avaient pour leur part assisté au congrès de la Soummam et on peut raisonnablement supposer qu'ils en avaient donc endossé les résolutions qui en étaient issues ou en tout cas qu'elles ne leur paraissaient pas de nature à susciter des controverses de fond» , dira Sadi . «Par ailleurs, la proclamation du 1er- Novembre qui garantissait le respect des libertés de culte faisait référence aux principes islamiques et non aux lois islamiques et à aucun moment elle n'a fait référence à la charia comme ont voulu le laisser penser plus tard les tenants de la vulgate intégriste. Enfin, le parcours ultérieur d'un Boudiaf,qui anima un parti crypto-maoïste, milite plus en faveur d'une volonté de provoquer une césure de plus avec la communauté française qu'un choix fermé en faveur d'un ordre politique religieux. Mort plus tèt, la position de Didouche, qui fut avec Boudiaf l'artisan de l'introduction de référents religieux dans l'appel à l'insurrection, mérite une étude plus profonde afin de mieux cerner les mobiles de sa décision». Passant sur les polémiques qui perlent les remarques portant sur le nombre et la qualité des participants, l'ancien président du RCD note que tout ou presque a été dit sur l'absence des Aurès due à la disparition de Ben Boulaid dont la mort six mois avant le congrès avait été tenue secrète par ses hommes. «Le fait est que hormis Ben Bella, relayé par Mahsas, et dont on vient de voir qu'il assumait sa proximité sinon la tutelle de l'Égypte nassérienne, la plus grande partie des responsables du FLN avaient admis la légitimité du congrès d'août 1956. Du reste, le CNRA, instance souveraine de la révolution décidée à Ifri, restera l'organe décisionnel jusqu'en 1962 et c'est dans une session de cette enceinte, qui d'ailleurs ne fut jamais clèturée, que Ben Bella, qui n'avait de cesse de contester tout ce qui émanait de la Soummam, avait organisé son premier coup de force en 1962», ajoute-t-il . Sur un autre registre, l'écho diplomatique des thématiques et principes développés dans la plateforme avait permis au combat algérien, selon le même intervenant «jusque-là contenu par la propagande française dans les contours d'une jacquerie ou un soulèvement obscurantiste, de changer de nature.» Qu'en est-il aujourd'hui des trois évènements qui ont meublé les trois dates des 20 août 1953, 1955, 1956 ' s'est interrogé le Dr Saïd Sadi. «Les relations entre le Maroc, l'Algérie et la Tunisie supposées se construire et se développer dans l'UMA sont une image inversée de l'appel à la construction de la fédération des Etats nord-africains. Il suffit de rappeler que les frontières terrestres entre l'Algérie et le Maroc sont toujours fermées en 2014. Les raisons du blocage de la réalisation d'un ensemble que tout appelle sont nombreuses et diverses. Une des plus décisives renvoie à la prégnance des segments sécuritaires dans les centres de décision algérien et marocain qui, par définition, ne peuvent s'accommoder de régimes ouverts». Quel écho renvoie aujourd'hui le souvenir de la décision de Zighoud dans les sphères officielles ' questionne encore Sadi. «Une certaine bienveillance d'une action qui fut en son temps diversement appréciée, compte tenu de la manière dont elle a été décidée, de la réaction coloniale qu'elle avait engendrée et du coût humain et politique qui s'en était suivi. Pourquoi ' Les arguments développés par les défenseurs de l'opération Zighoud se répartissent en deux catégories. Il y a ceux qui avancent que les violences de l'offensive et l'étendue de la répression, approfondissant le fossé qui devait opposer les communautés européennes et autochtones, coupaient l'herbe sous les pieds des partisans de la troisième voie qui, en 1955, n'avaient pas dit leur dernier mot. Plus fondamentalement, cette opération, dont la promotion post-indépendance sera inversement proportionnelle à celle du congrès de la Soummam, connaîtra une mise en valeur d'autant plus consensuelle qu'elle était pour ainsi dire neutre politiquement et que la dimension militaire de l'opération n'induisait pas de débats idéologiques ou sociétaux susceptibles de générer des divergences politiques ou doctrinales». Pour le Dr Sadi «Le congrès de la Soummam est, pour sa part, soumis à une chape de silence intangible de la part des officiels avec des moments de rupture qui sont le plus souvent des saillies polémiques portant rarement sur le fond ou des attaques dont les plus incisives émanent d'Ali Kafi ou de Malek Benabi qui ciblent ouvertement Abane, accusé d'être un traître à l'Algérie. Si la charge du second participe d'une surenchère islamiste destinée à masquer un engagement nationaliste tardif et ambigu, la charge de Kafi s'entend comme une légitimation post mortem de l'élimination d'un acteur qui, à en croire ce qu'il écrit dans son témoignage, a dérouté un destin qui devait s'accomplir par le militaire, Abane ayant commis le péché d'avoir agrégé des militants “civils” dans un combat où ils devaient par principe être exclus ou du moins tenus à distance des responsabilités majeures. Inspirées par des considérations différentes, les positions de Benabi et de Kafi se rejoignent sur le fond. L'assassinat d'Abane ne peut être réductible à l'élimination d'un homme sans jugement. Il annonce et signe le coup d'arrêt donné au projet d'une Algérie en tout point opposée à celle d'aujourd'hui». Que peut-on conclure de l'omerta ou des instrumentalisations faites de ces trois dates du 20 août, opportunément décrétées journée du moudjahid pour sacraliser l'interprétation officielle qui en est faite et interdire tout débat et a fortiori sa remise en cause ' interroge encore le Dr Sadi. «Qu'il s'agisse de la solidarité affichée lors de la déposition du roi du Maroc, du soulèvement du Nord constantinois en 1955 ou du congrès de la Soummam, on s'aperçoit que le traitement historique du pouvoir algérien est d'abord le résultat d'un rapport de force politique imposé à partir de 1958. Un pouvoir qui perdure encore et s'était déjà façonné. Ce pouvoir avait ses méthodes, ses repères et ses objectifs. La violence avait évacué le débat, la confiscation voire la privatisation de l'histoire sera la norme légitimant l'autorité qui n'est tenue à aucune évaluation et aucun contrôle de ses décisions, la finalité est que le système de cooptation clanique ainsi élaboré reste pérenne, quand bien même y aurait-il des turbulences en son sein», dit-il avant de conclure qu'«Il faudra encore beaucoup de temps et de recherches pour affiner les raisons qui ont rendu possible l'érection d'un système politique fondé sur une histoire dont il renie et viole les valeurs qui l'ont produite. Mais une chose apparaît d'ores et déjà acquise pour qui aspire au renouveau national. La libération algérienne passe par la liberté de la mémoire», conclut le conférencier.




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