Un pour vingt-six. Un martyr reconnu contre vingt-six harkis honorés. L'un est mort, assassiné après avoir été torturé par ses propres frères de sang, de peau et de langue. Les autres sont toujours vivants, bien portant, en chair et en os, à qui on a distribué des médailles de la légion d'honneur pour avoir retourné les armes contre leurs propres frères de sang, de peau, de langue et de religion. L'équation est tout sauf équilibrée aux yeux des braves, mais Macron sentant le coup maladroit de la reconnaissance de l'Etat français dans l'élimination de Maurice Audin a rectifié aussitôt le tir en honorant vingt-six traîtres à l'Algérie. Un double jeu puisant dans cet entêtant besoin de plaire aux harkis, aux anciens de l'OAS et autres nostalgiques de l'Algérie française, de précieux alliés dans la comptabilité finale des voix électorales. Le locataire de l'Elysée sait pertinemment qu'il ne peut se mettre à dos cette catégorie de gens s'il veut être réélu, lui dont la côte de popularité a tendance à connaître de sérieux remous. La nouvelle a énormément plu à Ménard, le frère siamois de Zemmour, qui a fait de sa petite ville de Bézier un modèle de commune extrémiste et anti-algérienne. Peut-être que l'ancien responsable de Reporters sans frontières souffre-t-il du syndrome Lawrence d'Arabie ' Macron a aussi promis aux supplétifs de l'armée coloniale une «caisse d'indemnisation et de solidarité» lourde de 40 millions de dollars. Les harkis et leurs familles pourront ainsi embrasser la main de la France qui ne les a pas oubliés, de quoi redonner les sourires et encourager les harkis encore en Algérie à aller se déclarer et prendre leur part du butin de guerre. Que doit faire l'Algérie devant ce nouvel affront d'un président qui pense que ruer dans les brancards va faire changer les choses ou faire évoluer les mentalités ' Il y a des plaies qui ne se referment jamais et cette trahison en temps de guerre en est une. Le problème des harkis est un problème algérien : ils n'ont pas combattu aux côtés des Français, ils ont combattu contre les Algériens et c'est là où réside toute la différence. Que faire alors ' Tourner définitivement le dos à Paris et demander à Merkel de rapatrier tous les anciens collaborateurs français pendant l'occupation allemande de la France et leur octroyer une pension d'ancien combattant, de les honorer et de les traiter en véritables héros. On verra alors la gueule que va tirer Macron, mais suis-je bête, l'histoire est écrite par les vainqueurs, et les vaincus n'ont droit à aucun honneur. Alors si c'est ça, qui a gagné la guerre d'Algérie à la fin ' Nous ou les Français qui nous colonisent encore.
Posté Le : 26/09/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Moncef Wafi
Source : www.lequotidien-oran.com