Algérie

Colères syndicales



La Coordination des syndicats autonomes de la fonctionpublique, qui regroupe douze organisations, lance aujourd'hui sa journée deprotestation. Le mouvement de contestation dans la fonction publique a étéentamé dans l'éducation nationale par le Cnapest, dont le coordonnateur n'a pasrésisté à la tentation de fustiger les autres syndicats, coupables à ses yeuxd'être «l'émanation de l'administration».Par une curieuse distorsion, certains syndicats autonomesauraient donc tendance à se représenter, exactement comme l'UGTA, en situationde monopole, dépositaires d'une «légitimité historique», en ne supportant pasl'altérité. Verser dans des polémiques apparaît ces temps derniers comme unvrai risque pour les syndicats autonomes. Personne n'y gagne. Apparemment, lesdouze syndicats qui entrent dans la bataille aujourd'hui ne souhaitent pass'engager sur le terrain des accusations réciproques. L'idéal syndical atoujours été celui de l'union, mais celle-ci ne peut se faire que sur leterrain de l'action. A l'évidence, le chemin est encore long pour desorganisations en quête de reconnaissance, mais leur diversité, leurscontradictions sont des facteurs positifs.La journée d'action d'aujourd'hui devrait être suivie, aucours de la troisième semaine de janvier, par une autre grève menée parl'Intersyndicale autonome de la fonction publique. Cela signifie que lemouvement de protestation restera vivace dans la fonction publique durant unequinzaine de jours.La lecture des revendications émises par les uns et lesautres montre une totale convergence sur des points essentiels comme la grilledes salaires ou les statuts.Comment le gouvernement a-t-il réussi à réaliser cetteunanimité, à peine écornée par la compétition entre syndicats ? La réponse a lasimplicité de l'antique: l'octroi d'un monopole de la représentation à lavieille UGTA dans les discussions et les négociations. Ces contestationsconvergentes démontrent que le monopole dessert en définitive l'UGTA - accuséede ne pas négocier mais de servir de faire-valoir -, sans apporter augouvernement la stabilité sociale assurée par des interlocuteurs réels.Cela est d'autant plus maladroit que la représentativité del'UGTA dans la fonction publique n'est plus incontestée. Elle a subi l'usure dutemps et elle est débordée sur tous ses flancs par la floraison des syndicatsautonomes. Ces derniers estiment qu'ils représentent l'essentiel desfonctionnaires. Affirmation difficile à vérifier dans le cadre d'un pluralismesyndical formellement reconnu par la loi mais toujours nié dans les faits.On peut par contre voir dans le sourd mécontentement quiprévaut dans la fonction publique la preuve que l'UGTA ne peut plus parler aunom de tous les fonctionnaires. Et que le gouvernement gagnerait davantage àadmettre des interlocuteurs difficiles mais représentatifs. Le privilège dereprésentation octroyé par le pouvoir à l'UGTA est contre-productif. Il esttemps de le reconnaître.


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