Algérie

Colère sourde



Neuf ans après les événements du printemps noir, un plan de développement d'envergure en faveur de la Kabylie se fait toujours attendre. Le chômage et la précarité continuent de miner la société, en dépit des statistiques officielles lénifiantes. Le désinvestissement est aggravé par une insécurité multiforme, frappant de plein fouet le secteur économique. Le cadre de vie général n'a pas tellement évolué depuis près d'une décennie. La détresse sociale et les mécontentements sont restés au même niveau. La question de l'officialisation de la langue amazighe n'était pas au c'ur de la crise en 2001, même si cela a fini par prévaloir dans les développements ultérieurs apparus lors du dialogue avec le gouvernement.Les jeunes qui s'étaient jetés dans la rue, au péril de leur vie, étaient plutôt mus par un sentiment d'injustice sociale. Cette colère sourde habite encore des pans de la jeunesse, devant un statu quo social fait de brimades et d'exclusion. A la fin de la semaine dernière, des jeunes de la commune de Tizi Rached avaient bloqué la zone industrielle de Oued Aïssi, le poumon économique de la wilaya de Tizi Ouzou où sont concentrées d'importantes entreprises, employant des milliers de travailleurs. Ces derniers n'avaient pas pu rejoindre leur travail pendant deux jours, les accès étaient fermés et un climat d'émeutes avait régné autour de la zone. Les services de sécurité sont intervenus en début de semaine pour dégager les voies et permettre la reprise du travail.Un calme précaire est retombé, mais pas la colère des jeunes. Hier, en fin de journée, des banderoles étaient accrochées à l'entrée de la zone industrielle, dénonçant encore une fois le manque de transparence dans les procédures d'embauche, réclamant des postes d'emploi sans avoir à utiliser des moyens détournés. Les pouvoirs publics tentent de désamorcer ces prémices de crise et promettent, entre autres, la multiplication des bureaux de main d''uvre. Les patrons des entreprises publiques révèlent leurs besoins en matière de recrutement, mais dans le cadre des dispositifs de soutien à l'emploi des jeunes. Des initiatives qui ne satisfont pas les jeunes, qui réclament des emplois sans passer par le clientélisme ni retomber dans la précarité.La modernisation des structures d'accueil et d'orientation des demandeurs d'emploi, garantissant un mode de recrutement transparent, est une véritable urgence, en attendant la mise en place d'un plan de développement pour les zones de Haute montagne, comme cela a été fait pour les Hauts-Plateaux et le Grand Sud.


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