Algérie

Colère des commerçants des voûtes d'Alger



Les représentants des commerçants des 380 anciennes voûtes de l'amirauté et l'ancien arsenal de la Régence d'Alger ont exigé, hier, un dialogue sur la gestion de ces voûtes. Il faut bien le mentionner, ces voûtes représentent un patrimoine architectural unique en Algérie, voire même en Méditerranée. Construites de 1860 à 1866, ces voûtes supportaient deux principaux boulevards d'Alger et étaient considérées comme le poumon commercial de l'Algérie, approvisionnant tout le territoire national en matière de marchandise.Ces fameuses voûtes dont une quarantaine ont été déjà fermées par les autorités devaient abriter des start-up dans le cadre du projet «Alger Smart ville» dont l'inauguration était prévue en début de l'année 2018, mais ça n'a pas été le cas. Rappelons-le, qu'au temps du gouvernorat d'Alger, ces lieux devaient être transformés en galeries et espaces d'exposition d'objets d'artisanat. Mais, le projet n'a jamais vu le jour. Il a été également question de les transformer en musée. Mais, le hic, selon le porte-parole de ces commerçants, est le fait que ces voûtes sont restées fermées et d'autres ont été scellées après que leurs occupants aient été délogés et octroyés à d'autres personnes !
Réunis hier avec ses collègues au siège de l'UGCAA à Alger, un des occupants des voûtes, Mohamed Hammache, a affirmé que «quel que soit le projet de vocation de la zone, si c'est un projet d'utilité publique, il n'y a pas de problème, c'est la propriété de l'Etat, mais si c'est un projet commercial, la priorité est à l'occupant, c'est une règle internationale». «Nous sommes contre toute tentative de mettre dehors les premiers occupants des lieux pour les octroyer à des personnes estrangères sans motifs valables», insinuant que ces voûtes historiques soient convoitées par des hommes d'affaires et des cercles occultes. Et d'ajouter «on est capable de s'inscrire dans la nouvelle politique d'exploitation des voûtes, les anciens commerçants des voûtes sont conscients, ils sont prêts à collaborer avec les autorités, ils sont pour la paix civile et ils sont surtout pour l'application de la loi», dit-il. «Mais tout doit être inscrit, clair et transparent».
Le porte-parole des commerçants, M.Benaoudia Bouziad, a précisé que seules les voûtes d'Alger sont restées régies, après l'ouverture de l'économie de marché, par un statut particulier «qui n'a pas sa raison d'être». Il explique que les voûtes d'Alger qui étaient sous la coupe de l'Entreprise portuaire d'Alger ont vu par la suite leur gestion confiée à la Régie foncière de la ville d'Alger (RFVA). Les autorités de la wilaya se devaient alors d'établir un contrat de location en bonne et due forme, conforme au code du commerce, «malheureusement, malgré nos doléances et malgré la pertinence de la loi, du code du commerce et le code de procédure civile, la régie n'a pas donné suite à nos demandes», regrette-t-il.
La régie foncière a sommé les commerçants de signer une convention avec des dispositions qualifiées par les concernés de «bizarres». La convention stipule que «les commerçants des voûtes n'ont pas le droit de rester sur les lieux, si la régie foncière demande la restitution des voûtes sans aucune justification et sans indemnisation». Et bien plus «il y a un article scélérat qui est contraire à toute logique juridique, où il est stipulé que le commerçant s'abstient et s'interdit d'avoir recours à la justice pour demander ses droits». En concluant «donc la régie s'octroie le droit d'être au-dessus de la loi, elle est en même temps justiciable et législateur». Et d'affirmer que la majorité des commerçants ont refusé de signer cette convention qui est en contradiction avec la réglementation. Ils demandent la transparence totale sur l'exploitation de ces voûtes ou sur les futurs projets concernant la zone.
Des hausses de tarifs en contradiction avec la dispositionde la loi de finances
Les commerçants des voûtes ont dénoncé aussi les augmentations des tarifs de location imposées de manière unilatérale par la wilaya d'Alger. Une augmentation trois fois plus élevée que l'ancienne tarification «qui ne répond à aucune logique commerciale», selon les commerçants qui se disent déjà pénalisés par les travaux interminables entrepris dans la zone et par l'installation d'un parking public entravant le commerce.
Ils expliquent dans les détails qu'au lieu de payer 55 DA fixés par m2 comme le prévoient les dispositions de la loi de finances 1999 pour un seul trimestre, «la wilaya d'Alger nous a imposé une tarification de 190 DA le m2 par mois». Cette augmentation ne repose sur aucun texte réglementaire car les redevances d'occupation du domaine public doivent être calculées sur la base d'un tarif fixé par un arrêté ou décret officiel publié au Journal officiel. En précisant que depuis 1999, aucune loi de finances n'a changé ou modifié les prix des loyers des voûtes d'Alger.
Les commerçants lancent un appel aux autorités pour faire cesser la fermeture abusive des voûtes, sans aucune ordonnance judiciaire, sans réquisition, ni sur la base d'un texte de loi. Ils appellent la wilaya à faire cesser les abus et ils revendiquent un contrat de location en bonne et due forme avec un cahier des charges afin de préserver les droits des deux parties, ceux des commerçants et de l'administration.


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