Colère à Sarajevo contre le TPI

Des associations de victimes musulmanes et croates de la guerre de Bosnie ont réagi avec colère hier à l'annonce par le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie d'une libération anticipée accordée à l'ex-présidente des Serbes de Bosnie, Biljana Plavsic. « Une telle mesure pourrait être en accord avec la loi internationale, mais elle n'a rien à voir avec la justice », a déclaré à l'AFP Murat Tahirovic, qui dirige une association d'anciens prisonniers de guerre musulmans et Croates. « Comment pourrons-nous expliquer une telle décision aux enfants dont les parents ont été assassinés », durant la guerre de Bosnie (1992-95), s'est-il interrogé. De son côté, Munira Subasic, a dénoncé « le soutien que le monde » accorde aux criminels de guerre ». « Comment est-il possible que Plavsic soit libérée alors que moi, 14 ans après la guerre, je n'ai toujours pas retrouvé les ossements de mon fils ' », a ajouté cette femme qui dirige une association de survivants du massacre perpétré en juillet 1995 par les forces serbes de Bosnie à Srebrenica, dans l'est du pays. Environ 8000 musulmans ont été massacrés à Srebrenica et leur corps dissimulés dans des fosses communes. Pour Bakira Hasecic, qui dirige une association de femmes croates et musulmanes victimes de viols durant le conflit, la décision du TPI est une « triste nouvelle ». « Cela prouve que le monde approuve le génocide et l'agression », a-t-elle ajouté. Biljana Plavsic, 79 ans, a été condamnée en février 2003 par le TPI à onze ans de prison pour son rôle dans la campagne de persécutions menée par les forces serbo-bosniaques contre les musulmans et les Croates de Bosnie durant la guerre. Elle purge depuis 2003 sa peine en Suède. Selon la loi suédoise, elle peut bénéficier d'une libération anticipée à partir du 27 octobre, aux deux-tiers de sa peine.  >