Algérie

Colère à la ZI de Rouïba


Colère à la ZI de Rouïba
Plusieurs arrestations ont été effectuées hier mardi dans les rangs des travailleurs de la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) qui manifestaient contre le retard de leur paie, lors de violents affrontements avec les forces de l'ordre.Dès les premières heures de la journée, les manifestants avaient fermé la route reliant Rouïba à Alger, près du siège de leur entreprise à la zone industrielle de Rouïba, pour réclamer leurs salaires. Un imposant dispositif de sécurité a été immédiatement mis en place. Les affrontements, violents, entre les deux camps ont commencé vers 11h30, et des blessés sont à déplorer. Plusieurs syndicalistes et travailleurs de la SNVI ont été arrêtés, selon leurs collègues. Leur nombre est cependant indéterminé. Smaïn Kouadria, syndicaliste, cadre au Parti des Travailleurs et député de ce parti, a affirmé que les forces de l'ordre ont arrêté une quinze travailleurs. Il y aurait au moins 12 blessés, dont un travailleur dans un état grave, selon les témoignages de syndicalistes. Un calme précaire était revenu en début d'après-midi et la route rouverte. Les manifestants se sont retranchés dans leur entreprise où ils entendent poursuivre leur mouvement de revendication, dont le virement de leur paie, ainsi que la libération de leurs collègues.Les travailleurs de la SNVI étaient sortis dans la rue dénoncer le retard de leur salaire, mais avec des craintes vives quant à la volonté du gouvernement de privatiser partiellement leur entreprise, à la suite de l'adoption du projet de loi de finances 2016 qui a ouvert la voie à l'ouverture du capital des entreprises publiques aux investisseurs privés. Selon des syndicalistes, c'est l'adoption de ce projet de loi qui a mis le feu aux poudres et fait sortir dans la rue les travailleurs de la SNVI, une des entreprises publiques dans le collimateur des privatisations qu'envisageraient les pouvoirs publics.Les craintes des syndicalistes de la zone industrielle de Rouïba, qui compte 35.000 travailleurs de 135 entreprises, sont que l'Etat se désengage progressivement des grandes entreprises publiques.Il y a une année, les travailleurs de cette même entreprise étaient déjà sortis dans la rue manifester contre l'annonce de la privatisation de la SNVI, après la privatisation de l'Entreprise nationale des gaz industriels (ENGI), envisagée par le Conseil des participations de l'Etat (CPE). Durant ces instants de forte mobilisation, des syndicalistes de la SNVI avaient manifesté leur étonnement devant le silence du gouvernement et du SG de l'UGTA sur des déclarations du président du FCE, Ali Haddad.Celui-ci avait affiché son souhait de voir les privatisations s'étendre à tous les secteurs, hormis celui de la défense. «Nous ne voulons plus entendre parler de privatisations. Celles qu'on a menées n'ont rien donné», avait alors répondu le secrétaire général de l'union locale UGTA, Mokdad Messaoudi.«Nous ne savons pas qui décide dans ce pays. D'une part on nous dit que l'Etat va soutenir les entreprises publiques, alors que dans la réalité c'est le contraire qui se fait», s'indigne-t-il, dénonçant au passage les man?uvres visant le sabotage de la SNVI. Selon lui, des tonnes de pièces importées par cette entreprise sont stockées au port depuis 11 mois, faute d'application des procédures d'exonération de charges par les douanes. Le Conseil des participations de l'Etat (CPE) a chargé, en novembre 2014, le ministère des Finances d'instruire les douanes pour la levée du gel sur les importations de la SNVI, mais cette décision est restée lettre morte. Le «coup de grisou» ou la colère des travailleurs de la SNVI est venu en fait 24 heures après l'adoption du très décrié PLF2016 lundi au milieu d'une indescriptible pagaille au sein de l'Assemblée. Un «oui» des députés notamment à l'article «66» du projet de loi de finances 2016, une disposition stipulant l'ouverture du capital des entreprises publiques à l'actionnariat avait mis le feu aux poudres. «Cette disposition a été ressuscitée 8 ans après son enterrement», dénoncent des élus du PT. «Depuis 2008, le président de la République a arrêté les privatisations après avoir avoué qu'elle se sont soldées par un échec. Ce qui rend caduques les lois 01-03 et 01-04. A travers la réintroduction des privatisations (article 66 du PLF2016), c'est une réanimation de ces lois», déplore Nadia Chouitane du PT.


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