Algérie

Coiffé au poteau



Il est des moments où l'on songe à  son coiffeur, lui l'artiste qui a tant donné pour faire vibrer le quartier de ses interminables commérages. Il est de tous les évènements, figaro l'a bien cerné dans le barbier de Séville, ville qui a enfanté les meilleures halaks ou hajam andalous. L'inspiration de nature historique s'est développée au fil du temps pour mettre la belle de Cadix sur le balcon à  portée d'une romance sur fil de rasoir. Aujourd'hui, tout a changé pourtant tout est resté le même. Dans l'une des ruelles de Souk El Djemaa dans la basse casbah, trône une minuscule boutique centenaire qui a vu  passer des générations de coiffeurs. Ils viennent tous de la même école, celle de maître Badaoui. Après tant d'années de joie prodiguée dans les cours de maisons lors de circoncisions, le vieux Badaoui passa le flambeau à  une nouvelle génération éprise de son art. N'est pas coiffeur qui veut, il lui faudra d'abord avoir une vaste culture  pour accompagner sa coupe au rasoir d'un récit, d'un conte ou encore d'une chanson à  faire frémir les clients. Il est le maître de cérémonie, en lui tondant la tête, il sait exactement à  quel style de coupe se vouer. Pour les anciens et connaisseurs, il y a tout d'abord le style Marlon Brando, d'autres plus orthodoxes préfèrent celle de Jacques Dempsey qui devint la coupe brosse à  la marine. Dans tous ce magma de fantaisie, intervient la gomina pour plaquer les cheveux à  la mode gitane, ou encore une brillantine sur les tempes pour laquer le tout. Ils sont nombreux à  se souvenir de la place Mahon, le salon des sports de feu Hadj Mrizek, où l'on venait se faire couper les cheveux à  l'ancienne. Dans chaque coin de rue il y avait coiffeur, c'est au doigté et au coup de rasoir qu'on reconnaît la griffe du barbier. Engoncé dans sa blouse blanche, il vous frictionne la tête d'une lotion bien connue de chez nous, du «ploum ploum » ou de la « Pompéi » ou encore un « rêve d'or » pour s'attirer de curieux regards. A ce jeu de parfum, le coiffeur passe pour àªtre maître de séduction. Il arrive même à  vous enfiler le philtre magique des samedis soirs. Il a fait partie de ces grands artisans qui ont servi la citadelle dans ses plus beaux moments de joie. A la veille du 27éme jour du ramadhan, il nous revient encore pour régner sur un monde féerique. Ils seront nombreux les bambins à  se faire leur toute première coupe sous la clarté des bougies.


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