Cogral repasse entre les mains de l'Etat

Située dans l'enceinte du port d'Alger, Cogral, qui produit notamment de l'huile de table, doit reprendre, dès aujourd'hui, ses activités, après une interruption d'environ deux ans.La filiale Cogral (Corps gras d'Alger) qui fut la propriété du groupe KouGC, appartenant aux Kouninef, est entrée dans le giron d'Agrodiv, un groupe agro-industriel public né de la restructuration du secteur public marchand en février 2015. Les activités du groupe Agrodiv portent sur des domaines aussi divers que la production, la conception, la commercialisation, y compris l'importation et l'exportation de produits résultant de la transformation des matières premières issues de l'agriculture, de l'élevage ou de la pêche. Ainsi, Cogral fait désormais partie des filiales d'Agrodiv.
"Les formalités exigées par la procédure de transfert de propriété ont été accomplies", nous affirme une source sûre proche du groupe public. Située dans l'enceinte du port d'Alger, elle produit de l'huile de table, entre autres. "Elle reprendra aujourd'hui (lundi 15 novembre) ses activités après une longue interruption (environ deux années)", selon notre source qui ajoute : "Nous avons procédé à des essais très complets et nous allons poursuivre les activités de la filiale." Avant sa mise à l'arrêt, en 2019, Cogral disposait d'importantes capacités de production, elle s'apprêtait à réceptionner plusieurs nouvelles lignes de production, dont une unité de raffinage d'une capacité de 400 tonnes par jour. L'entreprise avait connu, pendant deux ans, de grandes difficultés. Ses comptes avaient été bloqués dans le cadre des poursuites judiciaires contre trois des principaux actionnaires, les frères Kouninef, ainsi que le gérant du groupe KouGC.
Les prévenus ont été placés en détention provisoire avant d'être jugés pour des faits liés, notamment, au non-respect des engagements contractuels dans la réalisation de projets publics, trafic d'influence avec des fonctionnaires de l'Etat pour l'obtention de privilèges et détournement du foncier et de concessions. Les Kouninef, connus pour leur proximité avec la famille Bouteflika, auraient bénéficié d'indus avantages et d'un accès facile aux marchés publics. KouGC était présent dans les travaux publics, la téléphonie et l'agroalimentaire, entre autres secteurs d'activité. Le groupe avait pignon sur rue, affichant un chiffre d'affaires de l'ordre de 15 milliards de dinars en moyenne annuellement. L'usine Nutris de trituration des graines oléagineuses, située dans la commune de Taher dans la wilaya de Jijel, en cours de réalisation, appartenant aux frères Kouninef, a été également reprise par l'Etat (par le groupe public Madar holding).
Dans une déclaration faite début octobre 2021, le ministre de l'Industrie, Ahmed Zeghdar, avait indiqué que les diverses procédures administratives ont été accomplies pour relancer cet investissement important auquel des partenaires étrangers sont associés, affirmant la nécessité de travailler 24 heures sur 24 pour réduire le délai de réalisation fixé à 14 mois. Le ministre a mis en avant l'intérêt accordé par le gouvernement à l'achèvement de cette usine pour qu'elle soit mise en service dans les plus brefs délais. En mars dernier, et lors d'un Conseil des ministres, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait chargé le ministre du Commerce de trouver une solution immédiate à la question du transfert de propriété de cette usine à la suite des jugements définitifs rendus contre les anciens propriétaires.

Youcef Salami