Coetus en concert à Alger

Venus de la péninsule ibérique, les musiciens de Coetus ont enchanté le public de la salle Ibn Khaldoun avec des rythmes et des harmonies typiques. Qui dit musique espagnole, dit flamenco et guitare... C'est précisément ce cliché qu'a corrigé le groupe Coetus lors de son concert. En effet, les seize musiciens ont exploré toute la richesse des chants traditionnels de la péninsule ibérique.Le groupe s'intéresse particulièrement à la dimension rythmique de cette musique. Et pour cause, plus de la moitié de ses membres sont des percussionnistes. Cajon, coquilles Saint-Jacques, castagnettes, cuillères, tambour géant, bouteille en verre, pilon? Coetus est un véritable musée de la percussion. Mais un musée qui a du punch. Avec leurs cheveux longs et leurs tenues amples, les musiciens ont une dégaine de joyeux hippies.Durant plus d'une heure de concert, l'ambiance était dansante jeudi soir à la salle Ibn Khaldoun. Le public qui a eu la curiosité de découvrir ce groupe peu connu en dehors de l'Espagne n'a pas été déçu du déplacement. Avec une bonne humeur contagieuse, les artistes ont invité les convives à taper dans les mains et à chanter en ch?ur des airs en espagnol et portugais. Ambiance fête au village ! Le chanteur Eliseo Parra, joliment entouré par Ana Rossi et Carola Ortiz, est même allé de quelques pas de danse des différentes régions de son pays.Les musiques populaires espagnoles étant, comme la plupart des musiques populaires, des «musiques d'occasion», avec des fonctions précises lors de fêtes ou de processions, leur mise en scène en live est délicate. Coetus a réussi le challenge de transporter les chants ibériques sur la scène tout en gardant un côté naturel (visiblement bien calculé) qui ne manque pas de séduction. Le discret fondateur, Aleix Tobias, est resté plutôt en retrait si ce n'est quelques rapides improvisations endiablées.Du haut d'une belle carrière de percussionniste, Tobias s'est lancé dans l'aventure Coetus depuis quatre ans avec un succès certain auprès de la critique et du public espagnols. Le leader du groupe sait «jouer collectif» en mettant en valeur chacun des seize musiciens. Les arrangements de chansons qui font la part belle aux perçussions ne négligent pas pour autant l'harmonie. Les trois chanteurs dévoilent de belles polyphonies et les musiciens y ajoutent quelques notes bien inspirées à la basse, à la guitare ou à la flûte. Bref, une belle réunion (c'est le sens de Coetus en latin) de talents qui fait plaisir à écouter et à voir.