Algérie

Cnapest : «C'est du populisme....»



Constat - L'école est obligatoire jusqu'à l'âge de 16 ans ce qui n'empêche pas de voir des jeunes sur les bancs du lycée à 21 ans.
C'est «de la délinquance scolaire. Laisser des jeunes au-delà de 16 ans dans nos CEM et dans nos lycées pour éviter qu'ils ne sombrent dans la criminalité est du populisme», atteste le coordinateur national du Cnapest. Laarbi Nouar parle des jeunes qui ont 20 à 21 ans et qui sont toujours au lycée. Leur niveau est si faible qu'ils ne peuvent en aucun cas décrocher le bac.
Ils sont là à entraîner tous les autres élèves dans la délinquance sans qu'une autorité intervienne pour arrêter cette mascarade. «Au lieu de les orienter vers un métier. Ils sont là à perdre leur temps et faire perdre celui de leurs camarades. Qu'ont à faire, des jeunes de 17 et 18 ans dans un CEM et de 21 ans dans un lycée '», s'interroge notre syndicaliste.
Ce laisser-faire dénote d'une volonté de laisser la dégradation atteindre son paroxysme.
«En réalité on veut faire taire le phénomène de la délinquance urbaine avec de la délinquance scolaire», poursuit M. Nouar avant de revenir sur les deux événements qui ont émaillé la rentrée scolaire de 2012/2013. M. Nouar a évoqué l'incident de Aïn El-Maleh dans la wilaya de M'sila où des lycéens «endurcis» ont procédé à la fermeture du portail du lycée pour exiger de la direction de l'établissement leur réintégration en classe terminale.
«Ces jeunes étaient déterminés à ne laisser personne entrer dans ce lycée à tel point que la gendarmerie n'a pas pu défoncer le portail», témoigne notre interlocuteur affirmant qu'un même incident s'est produit dans le lycée de Bouslem dans la wilaya de Sétif. Les élèves dans ces deux localités ont été privés de cours pendant 15 jours, rappelle-t-il, par ailleurs.
Certains parents tentent de maintenir leurs enfants scolarisés en dépit de leurs échecs répétitifs pour continuer à bénéficier des privilèges sociaux, selon M. Nouar. «Ils ont passé deux à trois fois le bac sans être exclus. Ils ne veulent pas quitter les bancs de l'école pour ne pas perdre les avantages sociaux dont bénéficie toute personne scolarisée», dit-il.
Il citera à ce propos la cantine scolaire et les frais de l'examen du baccalauréat qui sont de l'ordre de 5 000 DA pour les candidats libres et de 1 500 DA pour les élèves scolarisées. Il y a aussi les 3 000 dinars alloués par l'Etat au profit des familles démunies «mais dont toutes les catégories bénéficient en réalité».
Une réalité acerbe qui jusque-là peine à faire réagir les responsables qui semblent n'avoir ni l'envie ni la volonté d'en finir avec cette situation de blocage et de sacrifice de générations entières. Le Cnapest appelle, dans ce cadre, à la révision de l'attribution de ces aides sociales qui devraient être «supprimées pour tout élève qui redouble».
La dernière réforme de Benbouzid s'est soldée par plusieurs décisions dont la plupart sont restées lettre morte. Il s'agit entre autres de la possibilité d'orienter les lauréats de l'examen de 4e année moyenne vers les lycées de l'enseignement général et technique ou vers les centres de formation pour un enseignement professionnel. Les élèves ont été catégoriques devant cette décision jugée sans perspective par les collégiens. «Ce genre d'enseignement doit être sanctionné par un bac professionnel donnant la possibilité aux lycéens d'accéder à l'université. Le choix deviendra ,de ce fait, académique. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui d'où cette résistance affichée à l'égard de l'enseignement professionnel», explique le coordinateur du Cnapest.
L'enseignement de certaines matières notamment au primaire est, depuis quelque temps aussi, dans le collimateur de certains syndicats. Il s'agit de l'éducation islamique et de l'éducation civique qui ne sont d'aucun intérêt telles qu'enseignées aujourd'hui, selon M. Nouar. «Les élèves apprennent ces matières par c'ur pour la note sans aucun effet sur leur personnalité. Je propose de les intégrer, après l'adoption de nouveaux textes, dans les matières principales pour les valoriser. Cette révision devrait permettre, d'une part, d'avoir moins de matière et, d'autre part, d'intéresser l'élève», plaide-t-il avant d'ajouter : «Nous devons éviter ce populisme qui tue l'Ecole algérienne.» Pour lui, la proposition de la Gendarmerie nationale ne fera que compliquer la situation. Elle «accentuera le problème de la délinquance à l'école et obligera nos enfants à grandir avec des délinquants.»


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