En raison des atouts de l’emplacement et des commodités, le site, qui s’étend sur une dizaine d’hectares, est au centre d’appétits voraces de la mafia du foncier.
"Avec la Fédération équestre algérienne (FEA), nous nous sommes engagés à participer à cinq championnats: un international, deux nationaux et deux régionaux, prévus durant la saison 2017. Cet engagement, s’il n’est pas tenu, notre club risque de se voir infliger, une fois encore, de lourdes sanctions financières et disciplinaires", se soucie Badreddine Laouabdia Sellami, président du Nadi chaâbi foursane Annaba (NCFA).
Qu’est-ce qui peut bien faire obstacle sur le parcours de ce club ?
La carrière de compétition déjà très dégradée, qui, en ces temps de grandes pluies, s’est transformée en une véritable piscine olympique. En effet, si la parade à la prise en charge des salaires des palefreniers et du personnel technique, à l’entretien et l’extension des abris de l’écurie, ainsi qu’à la fourniture de nourriture des chevaux a été trouvée, le club, déjà aux prises à une situation financière délicate, avec des dettes de plus de 5 millions de dinars, ne parvient toujours pas à se doter d’une carrière conforme aux normes techniques requises.
«Cela fait plus de trois longues années que nous attendons la rénovation suivant les standards internationaux de la carrière. Plus de 20 millions de dinars y ont été engloutis pour aboutir à quoi? Une carrière impraticable, car ne répondant pas aux normes universellement exigées. Nous nous en trouvons doublement pénalisés, depuis le dernier concours régional du saut d’obstacles (CSO) de janvier 2014, à ce jour, pas une seule participation à une quelconque manifestation sportive, ni en Algérie ni ailleurs. Nos cavaliers s’entraînent dans des conditions extrêmement difficiles», s’offusque Dr Mohamed Jalal Bentellis, ex-président et actuel SG de NCFA.
C’est donc un énième SOS qui est lancé à l’adresse du wali, du P/APC, mais aussi et surtout à la direction de la jeunesse et des sports (DJS) de Annaba dont relève la gestion du club hippique de Ain Achir.
A en croire les membres du NCFA et certains cavaliers rencontrés, dont les champions, Toufik Bouaricha, et le jeune médaillé d’or, El Bahi Amnidjel, la situation a tendance à empirer.
«Le club s’enlise depuis de longs mois dans les incertitudes et risque d’être emporté dans une faillite certaine et à tous les niveaux. Nous croyions dur comme fer que les choses allaient changer avec l’arrivée du nouveau DJS et que les grands efforts consentis par la composante du club, à sa tête le nouveau président Laouabdia Sellami et le SG Dr Bentellis, pouvaient nous permettre de retrouver les raisons d’espérer à la reconquête des podiums», affirment-ils.
Malheureusement, c’est encore une fois peine perdue. La quarantaine de chevaux d’école et de compétition mis à la disposition de plus de 120 adhérents du club, continueront à patauger le long de parcours boueux et glissants.
Un projet de réhabilitation à la traîne
Et pourtant, toujours selon nos interlocuteurs, une enveloppe importante aurait été affectée, en 2014, par le ministère de tutelle pour la rénovation du club hippique, un lieu très prisé par les familles à Annaba.
«Nous avons appris que le ministère de la Jeunesse et des Sports avait alloué près de 70 millions de dinars pour la réhabilitation du club. Les travaux concernaient en priorité la carrière de compétition, la carrière d’entraînement, le chemin de passage, l’écurie, l’électrification et les réseaux d’évacuation des eaux usées. Les travaux avaient commencé conformément à l’ODS (ordre de service), en mars 2014 et devaient s’étaler sur 8 mois. Autrement dit, la réception devait initialement intervenir fin octobre 2015», indiquent des membres du NCFA.
«Néanmoins, l’entreprise titulaire du marché n’a pas respecté ses engagements contractuels. Outre les retards inexpliqués qu’a connus le chantier, la plupart des travaux effectués étaient prétendument terminés (70%). Bien que «terminés» soit un bien grand mot tant les malfaçons étaient frappantes, surtout au niveau de la carrière de compétition. Nous nous sommes maintes fois soulevés pour dénoncer cela, mais sans résultat, pas même auprès de l’Office du parc omnisports de la wilaya d’Annaba (OPOW) qui gère en partie le club», s’emportent-ils.
Conséquence: le NCFA n’est plus ce qu’il était. Ce dernier prenait part à au moins 22 compétitions par an, dont deux étaient organisées à Annaba. Sa longue absence des championnats et concours rappelle le peu d’intérêt accordé au plan local à cette noble discipline, malgré un parcours bien étoffé, dont se distingue le NCFA. En 2014, il s’était adjugé plusieurs places de podium lors de différents championnats en Algérie, une médaille d’or par équipes en Tunisie, la première place lors d’un championnat maghrébin. Mieux, il avait remporté le Championnat du monde des clubs de Paris (en 2012), rappelle, avec fierté non sans un brin d’amertume, Laouabdia Sellami.
En somme, «sur les 32 clubs sportifs et 50 clubs hippiques d’Algérie, NCFA était classé parmi les 5 premiers du point de vue sportif ou d’infrastructures», renchérit le cavalier et SG Dr Bentellis. A la DJS, la version est toute autre. Evoquant d’emblée les changements successifs à la tête du NCFA (3 présidents de 2012 à 2015), un haut responsable de la même direction cherchera à mettre en lumière le ‘‘malaise persistant’’» dans les rangs du club.
Paradoxe: le même responsable mettra l’accent sur le changement inéluctable de la composante du bureau de l’association pendant le cycle olympique 2016-2020, quand devra également être amendé le nouveau statut type dont est concerné l’ensemble des clubs sportifs amateurs, en application de la loi 13-05 régissant le sport algérien. S’agissant de la carrière de compétition, au cœur de la brouille opposant son administration et l’association NCFA, notre source se défend: «Les travaux de rénovation du club ont été achevés à hauteur de 65 %. L’entreprise a failli à ses engagements. Pour cela, le contrat avait été résilié. Le reste à réaliser sera confié à une autre entreprise. Pour ce qui est de la carrière, la réfection a été effectuée suivant les normes universelles. S’il existe des malfaçons, la responsabilité incombe aussi à l’association, car c’est bien elle qui avait choisi les matériaux utilisés».
Le même responsable de la DJS d’Annaba précise: «Quant à la gestion du club sportif, qui est censée être du ressort de l’association conformément à l’arrêté ministériel du 12 juillet 2015, fixant les conditions et les modalités d’octroi de la gestion des activités ou de certaines activités pédagogiques se déroulant au sein d’un établissement de jeunes par voie conventionnelle à une ou plusieurs associations, une plus grande partie de la gestion du club hippique va basculer du NCFA à l’OPOW».
Il annoncera au passage le projet de création d’un Poney club, d’une aire de jeux pour enfants, ainsi que d’une auberge de jeunes de 60 lits au club hippique d’Aïn Achir.
Notons que ce site s’étendant sur une dizaine d’hectares, et offrant plusieurs atouts est, depuis quelque temps, dans le viseur de nombreux nantis. Parmi eux se trouve un puissant homme d’affaires de Annaba, proche des milieux politiques, mais aussi un grand fan des sports équestres.
Photo: La carrière de compétition a été complètement inondée
Naima Benouaret
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Posté Le : 03/12/2016
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: El Watan ; texte: Naima Benouaret
Source : elwatan.com du mardi 29 novembre 2016