Le président russe, Vladimir Poutine, est intervenu, avant-hier, devant les participants au club de discussion international Valdaï (dont la 10e réunion s'est déroulée du 16 au 19 septembre à Valdaï, région de Veliki Novgorod (500 km au nord-ouest de Moscou) sur le thème "La diversité de la Russie pour le monde contemporain"), s'exprimant sur un vaste éventail de sujets allant de la crise syrienne à la possibilité de briguer un quatrième mandat présidentiel en 2018.Lors d'échanges de vues avec les membres du club, le dirigeant russe a demandé à l'ex-Premier ministre français François Fillon s'il envisageait de se présenter à la présidence du pays. M. Fillon a déclaré qu'il ne le dirait que lorsque le président russe aurait répondu à la même question. Le chef du Kremlin, qui effectue actuellement son troisième mandat présidentiel, a alors indiqué "ne pas exclure" une telle possibilité.
Le porte-parole de M. Poutine, Dmitri Peskov, a par la suite qualifié la question de M. Fillon de "déplacée" et "rhétorique", compte tenu du fait que le président russe n'a entamé son mandat actuel qu'il y a un an et demi. Parmi d'autres sujets de la politique intérieure figurait le sort d'une trentaine de manifestants anti-Kremlin se trouvant depuis plus d'un an en détention provisoire pour des soupçons d'implication dans des "troubles de masse", terme employé par la justice russe pour qualifier les heurts survenus le 6 mai 2012 sur la place Bolotnaïa de Moscou. Interrogé sur cette question par l'opposant et chef de file du parti libéral RPR-PARNAS Vladimir Ryjkov, M. Poutine n'a pas exclu de gracier les intéressés, mais a fait remarquer que ce dossier requérait "une attitude très sérieuse" et qu'il fallait en premier lieu "achever toutes les procédures juridiques". D'un autre côté, le chef d'Etat russe a mis en garde contre toute violence à l'encontre de membres des forces de l'ordre et l'incitation à de tels actes.
En ce qui concerne les fondements culturels et spirituels de la société, Vladimir Poutine a estimé nécessaire de lancer un vaste débat sur "l'identité nationale" de la Russie qui impliquerait des représentants de l'ensemble des forces politiques présentes dans le pays.
Le dirigeant russe a également réagi à la tribune du sénateur américain John McCain, publiée, avant-hier, par le journal du Parti communiste russe Pravda, dans laquelle l'auteur estimait que les Russes "méritaient un meilleur dirigeant que Poutine". Reconnaissant que la Russie "méritait un pouvoir de meilleure qualité", M. Poutine a toutefois ajouté que "chaque pays avait ses problèmes". A titre d'exemple le dirigeant russe a cité le système d'élection présidentielle américaine, rappelant que l'histoire des Etats-Unis connaissait deux cas où le président avait été élu par une majorité de grands électeurs mais représentant la minorité de l'électorat.
Sur le plan international, le président russe a déploré les tentatives de "réanimer le modèle d'un monde unipolaire" et de "diluer l'institution du droit international et de la souveraineté nationale". M. Poutine n'a pas raté l'occasion de rappeler à la communauté internationale la vision russe de la crise syrienne, indiquant que "tout portait à croire" que l'attaque chimique du 21 août à Damas constituait "une provocation" orchestrée par les forces hostiles à Bachar el-Assad. Dans le même temps, le leader russe a affirmé que Moscou ne poursuivait en Syrie "aucun intérêt particulier" et s'appliquait tout simplement à affirmer les principes du droit international.
Le club international de discussion Valdaï a été créé par RIA Novosti et le Conseil pour la politique étrangère et de défense en 2004. Il est devenu un espace unique de coopération entre les élites politiques et intellectuelles russes et internationales. En général, des experts ayant des points de vue différents sur les processus politiques ayant lieu en Russie et dans le monde participent aux réunions du club.
La liste des invités dépend de l'objectif du débat et reflète l'intérêt de divers groupes du gouvernement, de son entourage et de l'opposition, en Russie et à l'étranger.
La Russie recherche son identité
Le président russe Vladimir Poutine estime nécessaire de lancer un débat sur l'identité nationale réunissant les représentants de toutes les forces politiques, a écrit hier le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Pour lui les frontières à ne pas franchir dans la définition de l'idée nationale sont la souveraineté et l'intégrité du pays. En évoquant le problème de l'identité, Poutine se positionne à nouveau comme un politicien conservateur.
Poutine a prononcé hier un discours à la réunion plénière du club Valdaï sur les thèmes de l'avenir, de l'identité nationale, des valeurs et de la culture politique.
Selon le président, l'idée nationale n'apparaîtra pas si l'Etat ne travaille pas dans ce sens. C'est précisément, selon Poutine, ce qui s'est produit dans les années 1990 et n'a profité qu'à la partie de l'élite nationale qui "préférait voler".
Vladimir Poutine a déclaré que la Russie ne pourrait pas aller de l'avant sans une identité culturelle et spirituelle. Il a précisé que trois types d'idéologie ne lui convenaient pas : celle de l'époque soviétique abandonnée à jamais par la société ; la monarchie et le conservatisme fondamental de ceux qui idéalisent la Russie prérévolutionnaire ; et l'ultralibéralisme occidental.
Le chef de l'Etat a invité les représentants de divers courants politiques à ouvrir le débat sur l'identité nationale. Certaines lignes rouges ne doivent pas être franchies selon lui : les principes de souveraineté, d'indépendance et d'intégrité de la Russie.
Dans une récente interview accordée à Associated Press, Poutine s'est lui-même qualifié de conservateur. Ce qui implique avant tout une protection zélée de la souveraineté du pays : les citoyens et les politiciens sont libres d'avoir leur opinion mais il est fondamental qu'elle ne soit pas imposée depuis l'extérieur.
L'aspect socio-ethnique est un autre aspect du conservatisme poutinien. Ces derniers temps, sur la vague des initiatives législatives portant sur les minorités sexuelles, cet accent est de plus en plus fréquent dans les discours du président russe. Il témoigne de son respect aux minorités sexuelles tout en soulignant comme prioritaire et fondamental le principe de reproduction, qui permet à la civilisation de survivre. Poutine a critiqué hier les élites européennes libérales qui oublient selon lui les racines chrétiennes du continent.
L'Eglise orthodoxe russe se positionne régulièrement et depuis assez longtemps comme un allié des structures conservatrices en Europe libérale. L'élite dirigeante russe semble également faire des pas dans cette direction avec le président. La revendication du "leadership conservateur" de la Russie dans le monde contemporain devient de plus en plus claire.
L'imposition des valeurs et des institutions est un autre aspect commun des discours de Poutine depuis le début de son troisième mandat. Il y revient constamment, notamment dans ses discussions avec les journalistes occidentaux.
Toutefois, il n'a encore jamais réussi à clairement définir quelles sont ces institutions et ces valeurs exactes pour la Russie, et lesquelles peuvent être considérées comme engendrées par la volonté et le besoin des Russes.
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Posté Le : 21/09/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ahmad Saber
Source : www.lemaghrebdz.com