Algérie

Clôture du 9e Festival local du théâtre de Sidi Bel Abbès



Clôture du 9e Festival local du théâtre de Sidi Bel Abbès
La 9e édition du Festival local du théâtre professionnel de Sidi Bel Abbès a pris fin avec l'annonce du palmarès. Une édition marquée par la performance des comédiens mais aussi par les désolantes absences de deux troupes en compétition.Le désistement à la dernière minute de l'association Mahfoud-Touahri de Mila et de la coopérative «Dhiaa El khachaba» de Tiaret a réduit le nombre des troupes en compétition à cinq, ce qui a rendu le palmarès assez prévisible. Le premier prix est décerné sans surprise à la pièce La voie lactée de la coopérative «Les amis de l'art» venue de Chlef.Adaptée de Connaissez-vous la voie lactée de Karl Wittlinger et mise en scène par Missoum Laroussi, cette œuvre est ce qu'on pourrait appeler un spectacle complet.Le retour au village de «Ali le Patriote», un ancien combattant des Groupes de légitime défense durant la décennie noire, sème la panique parmi les habitants. Absent pendant dix ans, présumé mort et enterré symboliquement, sa femme s'est remariée, sa maison vendue et son existence oubliée.La pièce s'ouvre dans un hôpital psychiatrique où Ali, son médecin et les autres patients présentent une pièce de théâtre dans le cadre des activités artistiques de l'hôpital. Ce sont donc des aliénés qui vont interpréter l'histoire personnelle de ce patriote renié par tous et échoué dans un asile suite à un enchaînement de mésaventures. Et comme ce sont des «cinglés» qui jouent dans cette «pièce dans la pièce», l'humour est constamment présent et devient l'un des atouts majeurs de l'œuvre de Laroussi.La complexité dramaturgique de La voie lactée doit sa réussite à la polyvalence des comédiens, notamment l'excellent Fouad Bendoubaba dans le rôle principal, mais aussi à la virtuosité de la mise en scène qui se joue des situations dramatiques avec autant de plaisir enfantin que de maîtrise du rythme du récit. La scénographie, elle, est d'une souplesse déconcertante puisque nous, qui devenons le public de l'hôpital, devons nous contenter du matériel de ce dernier comme décors malléables pour les différentes scènes.Le changement de la disposition des objets et le passage d'un chapitre à un autre se font à travers des intermèdes musicaux et chorégraphiques. Missoum Laroussi se fond dans le contexte de sa pièce et se laisse lui-même emporter par une délicieuse folie dans l'élaboration de sa dramaturgie : le propos politique révolté ne verse jamais dans le discours direct ni le pathos ; il est d'autant plus percutant qu'il se sert de l'humour et de l'absurde pour renforcer sa force sémantique et captiver le public.La pièce doit aussi beaucoup au talent fulgurant de Fouad Bendoubaba dont l'interprétation est successivement émouvante, débridée, complexe et d'une justesse à toute épreuve.Le comédien donne surtout à voir d'énormes potentialités pour le cinéma tant son jeu et son expression corporelle révèlent une richesse et une maîtrise qui manquent souvent à nos acteurs du grand écran. A côté de lui, Rabie Oudjaout dans le rôle initial du médecin, qui incarnera d'autres personnages de la vie de Ali le Patriote, est aussi un élément clé de ce spectacle palpitant.On regrettera seulement que Missoum Laroussi ait obéi à une tendance qui se généralise malheureusement dans le théâtre algérien : l'autocensure et la reproduction de clichés parfois réducteurs. On a du mal, en effet, à comprendre comment une pièce aussi moderne reprend à son compte des stéréotypes affligeants à l'instar de la femme qui fume représentée forcément comme une traînée ou une roublarde, ou encore le personnage «gentil» qui, évidemment, ne boit pas ! Quant à l'autocensure, elle causa malheureusement du tort à la crédibilité de ce spectacle puisque le même procédé de la Télévision algérienne y fut employé : un baiser tout bonnement «coupé» à l'image et dont on prend connaissance dans les dialogues !Quoi qu'il en soit, le public algérois aura l'occasion de découvrir La voie lactée au mois de mai lors du prochain Festival national du théâtre professionnel d'Alger où elle sera en compétition officielle. Les deuxième et troisième prix sont revenus respectivement à Le maréchal et moi de Saïd Bouabdallah et Psychose 90 de Ahmed Bel Allem, qui seront donc présentes à Alger en hors-compétition.




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