La quatrième édition du Festival national du hawzi s’est clôturée dans la soirée de lundi dernier au niveau du Grand Bassin de Tlemcen. Cette manifestation a été marquée par un vibrant hommage aux grands maîtres de cet art classique, entre autres Cheikh Darsouni, Amed Serri, Hassan Boukli et hadj Ghaffour.
Le prix du festival de 300 000 dinars a été décroché par l’association Ahbab cheikh Larbi Bensari de Tlemcen, suivie de l’association Rachidia de Mascara (200 000 dinars) et en troisième position l’association Gharnata de Tlemcen (100 000 dinars). Le prix du jury est, quant à lui, revenu à l’association Ibn Baja de Mostaganem. La dernière scène de cette édition a été animée par hadj Kacem Brahim, qui a été chaudement applaudi par une foule nombreuse venue en quête de fraîcheur au niveau du Grand Bassin, mais également pour apprécier l’art du hawzi. Cette édition, qui a drainé une grande foule en cette saison de forte canicule, a été une occasion de faire découvrir ou redécouvrir la musique hawzi à tous les Tlemcéniens. C’était d’ailleurs le premier objectif des organisateurs du festival créé il y a quatre ans sous l’impulsion de la Direction de la culture et la wilaya de Tlemcen.
Cette édition, selon le commissaire du festival Miloud Hakim, a été un événement populaire réunissant un public toujours aussi varié autour de concerts de grande qualité résonnant dans le chœur des quartiers de la ville comme dans le cœur de tous les Tlemcéniens.
Lors de cette édition, faut-il le rappeler, une conférence sur la naissance et l’histoire de cet art a été donnée par le Pr Dellai qui a parlé du parcours de deux poètes de ce genre musical, à savoir Saïd El Mandassi et Ben Triki. De son côté, le Dr Bakhouche Hocine a parlé de l’art hawzi entre Tlemcen et Constantine. Le Dr Bakhouche a précisé que tout comme Tlemcen, Constantine a été toujours l’un des foyers les plus importants et les plus féconds du Maghreb. L’ensemble du patrimoine ne se limite pas seulement au répertoire des noubas appelé aussi malouf, mais également à toutes les formes musicales régionales et citadines qui résultent des métissages entre musiques savantes et musiques d’essence populaire. Le conférencier a aussi parlé de nombreux poètes de la région et de ce chant qui date à Constantine de deux siècles.
A travers ces conférences données en marge des activités scéniques du festival, le public a compris que ce legs transmis de bouche à oreille a subi à travers le temps des déperditions, des mutations et des transformations à cause de la défaillance de la mémoire. En effet, l’histoire de la musique à Tlemcen est une belle aventure, une odyssée incomparable car très symbolique de l’union des habitants, des poètes, des musiciens.
Ainsi, durant toute une semaine, Tlemcen s’est transformée en un véritable pôle de la tradition musicale, avec l’art de la nouba et celui du chant populaire hawzi, un patrimoine qui a traversé les siècles grâce au dévouement et au mérite de grands maîtres. Aujourd’hui, la relève est bien assurée par des associations et des chanteurs qui veillent à la transmission et l’enseignement de ce patrimoine musical.
Le pari a donc été gagné puisque ce festival a pris une grande dimension avec une production intellectuelle fort intéressante et des actions concrètes pour la promotion et la préservation du hawzi, à commencer par la transcription des morceaux musicaux et leur enregistrement. Ces actions sont primordiales, preuve en est cette édition a été marquée par des chants composés de poèmes inédits de cheikh El Mandassi et Ben Triki interprétés par l’association El Inchirah d’Alger, et qui étaient inconnus à Tlemcen. La constitution d’un fonds documentaire et l’édition d’ouvrages, qui figurent parmi les objectifs de ce festival, participeront grandement à la diffusion de cet art et donc à sa préservation.
Pour information, le mot hawzi désigne des pièces de vers dans la langue en usage dans les milieux populaires puis jetées dans un moule musical qui leur est propre. Le terme idiomatique de hawzi est donné à une production poétique particulière à Tlemcen, ville considérée comme étant le pays d’origine de cet art. Il est né et s’est développé dans la capitale du Maghreb, où il a fini par s’épanouir. Le hawzi a traversé plusieurs âges. Au cours des sept siècles d’occupation arabe en Andalousie, Tlemcen constituait une ville stratégique pour les savants, les commerçants et les artistes qui se déplaçaient de Cordoue, de Grenade, de Séville ou d’autres villes andalouses vers le Maghreb car c’était une terre très accueillante pour les Arabes andalous qui y faisaient une halte. La musique qui venait de l’Andalousie n’était en fin de compte, indiquent les hommes de culture, pas tellement inconnue par les Tlemcéniens de l’époque, puisque les relations entre la ville de Tlemcen et celles d’Andalousie étaient concrètes et effectives. Ceci montre que Tlemcen a été une cité très influente dans l’histoire culturelle et civilisationnelle de la région, et même de toute l’Afrique du Nord. En effet, malgré ses contacts avec de nouvelles communautés, mœurs, habitudes, cultures, elle a su garder ses repères culturels et civilisationnels en intégrant toutes les «nouveautés» qui arrivaient de différents horizons, comme le hawzi. Elle a fait de la diversité culturelle sa richesse patrimoniale.
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Posté Le : 17/08/2010
Posté par : hawzi
Ecrit par : Amira Bensabeur
Source : www.latribune-online.com