Ph. : A. Asselah
La 13e édition du Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes a pris fin, mardi soir, après huit jours de spectacles andalous offerts par treize pays.
Une soirée somptueuse a été animée par le rossignole de Tlemcen Nouri Koufi et la troupe Takht El-Arabi d’Egypte, qui ont enchanté le public durant plus de deux heures.
Le coup de cœur de cette édition est la présence record du public qui a fait salle pleine pendant toutes les soirées du festival, confirmant l’intérêt qu’accordent les citadins algérois aux musiques savantes et anciennes. La première partie du spectacle a été animée par Nouri Koufi qui a envoûté son public à la prestigieuse salle Boualem-Bessaïah. Accompagné de ces 14 musiciens, tout de blanc vêtus, il a a exécuté un magistral N’siraf Dyle en guise de prélude au concert.
Le jet d’eau qui a servi de modèle au grand Zyriab a éclaboussé de ses arabesques la voûte arrondie de l’édifice. La première partie du concert est réservée aux chansons gaies et légères ; insirafate et inkilabate, qui ont chauffé la salle en l’installant d’emblée dans une ambiance festive. Les trois premières chansons, dans le registre sanaâ, «Salamoun alaykoum», «Touiyri mesrer» et «Ya ghayète el meksoud», donnent le ton ; ces morceaux d’anthologie donnent la pleine mesure de la maîtrise par l’artiste du chant qui était autrefois réservé aux rois. S’ensuivent une dizaine de chansons célèbres dans le mode haouzi dans lesquelles la poésie arabe décrit avec art les passions et les plaisirs épicuriens symbolisés par les chevaux, les femmes et l’amour. «Selli houmoumek» précède «Tlata zahoua ou m’raha» et emporte la marée humaine dans une ambiance folle, faite de déferlantes de youyous le long des travées, de danses et de battements de mains. La poésie chantée, où se mêlent «khil», «bnète», «kissane errah», «arraïs», «zine et beha», envoûte le public qui reprend en chœur et à l’unisson le refrain, à la demande du chanteur.
Forts moments d’émotion
Envolées lyriques de Nouri Koufi qui excelle dans les trémolos et les modulations de voix, tourbillonnantes, crescendo, rappelant tantôt le flamenco, tantôt le fado. Fort présent à cette soirée de clôture, le public a dansé, chanté, et chanté en chœur avec Nouri qui renoue avec la scène après une longue absence.
L’artiste se concerte avec ses musiciens et entonne de célèbres q’cidate maghribia. Forts moments d’émotion, voix suave, mélodieuse, ample, limpide, claire et forte à la fois.
Après un long istikhbar aux modulations étourdissantes, Nouri Koufi interprète un haouzi langoureux avec «Bellagh lel djafhia essalem», «fi Ouarhan sakna ghozali», «Ya dhou ayani» et «Sellem aâla nass Tlemcen» qui déchaînent vivats et youyous...
Dédié à la période médiévale, ce festival, qui a levé ses rideaux du 18 au 25 du mois en cours, est placé sous le signe de «Music and Peace, vivre ensemble en paix». cette nouvelle édition s’est caractérisée, comme à l’accoutumée, par une programmation des plus riches et une itinérance de quelques-uns de ses concerts à travers certaines wilayas du pays. Ainsi, durant la huitaine de jours, les spectateurs ont découvert des artistes et des ensembles musicaux venant de 13 pays, aux côtés de l’Algérie, pays organisateur. Parmi ces derniers, citons l’Espagne, la Turquie, le Liban, la Suède, la Grèce, le Sénégal, la Hongrie, l’Argentine, le Maroc, la Tunisie et l’Egypte.
L’Algérie, pour sa part, a brillé par la prestation d’artistes notoires et d’associations de musique andalouse de référence, dont Hamidou, Hamdi Benani, Nouri Koufi, P’tit Moh, Hasna El- Bacharia, Souad Asla, Lamia Aït Amara, ainsi que les associations andalouses El Djazira de Kouba, Nassim El-Andalouse de Tlemcen et Dar El-Gharnatia de Koléa. Les pays invités ont offert des programmes de musiques traditionnelles datant du moyen âge et exécutés avec des instruments anciens, fruit des influences entre les différentes cultures méditerranéennes.
Posté Le : 30/12/2018
Posté par : tlemcen2011
Ecrit par : Sihem Oubraham
Source : elmoudjahid.com