J'ai pris connaissance de la réponse de M. Belaïd Abane; je constate, et je le comprends, que, suivant l'expression populaire, M. Belaïd Abane est dans une vallée, et moi dans une autre; je m'en tiens à mon intention de ne pas lui répondre point par point, car il continue à utiliser les mêmes techniques, non seulement élargir le débat au-delà de celui auquel je me suis circonscris -à savoir la stratégie militaire de l'ALN et le rôle reconnu de Abane Ramdane dans sa détermination- mais également décrédibiliser mon analyse en s'attaquant à ma personne, avec certes plus de subtilité cette fois-ci.
Au-delà de ses attaques personnelles, auxquelles je me refuse à répondre, il me donne une intention que je n'ai pas, celle de revisiter toute l'histoire du mouvement national, une relecture froide de mon article le prouvera facilement; je ne peux donc que m'en tenir à ma dernière réponse; il a son nom de famille à défendre et je ne peux le blâmer de voler au secours de son parent; pour ma part, je ne fais que rappeler des faits historiques dont j'ai été témoin et dans lesquels la responsabilité personnelle de Abane Ramdane, du fait de son emprise intellectuelle sur ses collègues lors du Congrès de la Soummam, a été lourdement engagée. Mon témoignage est basé sur un document politique officiel et sur mon expérience militaire personnelle adossée à une formation reçue dans une école militaire.
Cependant, je ne réclamerai pas de M. Belaïd Abane de renoncer à ses certitudes comme à son devoir familial de mémoire. Qu'il n'exige pas de moi de revenir sur les informations historiques que je donne dans ma contribution, dont je reconnais, toutefois, les limites!
Encore une fois, si M. Belaïd Abane veut dialoguer avec lui-même, je ne peux que l'encourager à poursuivre seul ce monologue et à s'accrocher à ses certitudes -loin de moi l'idée de vouloir les changer- même si l'Histoire, telle qu'elle a été vécue, lui apporte un démenti cinglant largement documenté par des historiens de carrière, que je lui conseille de lire ou de relire.
Qu'il garde donc ses certitudes et je m'en tiendrai aux miennes! C'est ce qu'on appelle la liberté intellectuelle. Je voudrai également souligner, en passant, que la comparaison entre Messali Hadj et Abane Ramdane n'était nullement dans mon esprit; on ne peut pas mettre sur le même pied d'égalité l'un et l'autre. Le premier est le fondateur du Nationalisme algérien, sans lequel le FLN n'aurait jamais été; le second est simplement un des multiples acteurs, tard venus, de l'Histoire nationale, et dont la carrière politique est liée directement au mouvement que Messali Hadj a mis en marche et dont l'aboutissement a été l'indépendance nationale, que ce dernier a envisagé et décrit dès 1928, dans tous ses éléments.
A souligner que le document de la Soummam, dans sa partie idéologique, est une simple reprise de toutes les thèses des partis politiques que Messali Hadj a créés, MTLD et PPA; ce document n'a apporté rien d'autre à l'idéologie nationaliste que le refus du culte de la personnalité et la direction collégiale; on sait ce qu'il est advenu de ces deux principes au cours de la guerre de libération nationale comme depuis l'Indépendance. Pour finir, la carrière politique de Abane Ramdane a été trop brève pour qu'on fasse de lui le pivot de la lutte de libération nationale, sans lequel l'Algérie n'aurait jamais retrouvé sa liberté! La falsification de l'Histoire a des limites et il faudra bien qu'un jour on remette chaque fait et chaque homme de cette Histoire aux places qu'ils méritent. J'aurai souhaité qu'un vrai dialogue, serein et informé, soit ouvert entre M. Abane et moi-même; il a choisi la polémique, les attaques personnelles et la confusion, en éloignant le débat du sujet abordé par mon article qui a causé son ire; je ne pense pas que le ton polémique qu'il maintient dans cette réponse -à laquelle il ajoute l'argument d'autorité personnelle d'une manière pas très subtile- et auquel il semble ne pas vouloir renoncer, me permette de débattre avec lui sur des faits, et non sur des affirmations infondées et des arguments anecdotiques, le tout enveloppé dans des attaques personnelles. Peut-être, un jour, et il ne faut pas désespérer de la nature humaine, M. Belaïd Abane prendra-t-il la distance nécessaire pour engager un dialogue avec moi-même ou d'autres, sur un point d'Histoire portant exclusivement sur la stratégie militaire de l'ALN, et qui n'est la propriété privée de personne, qu'il se réclame ou non d'un lien de parenté ou autre avec Abane Ramdane! J'en émets le souhait. Entre-temps, je laisse M. Belaïd Abane poursuivre son monologue, car c'est la voie qu'il a délibérément choisie.
* Ancien officier supérieur de l'ALN, ancien directeur des enseignements supérieurs, ancien professeur d'université, ancien ministre de l'Economie, auteur des ouvrages suivants: 1)Réforme économique, Dette et Démocratie; 2)Manipulation de l'Histoire, Manipulation des Elites; 3)Vers l'Université algérienne; 4)Dette Extérieure, Corruption et Responsabilité politique; 5) Inflation, Dévaluation, Marginalisation; 6) Crise économique, Hogra et Tribalisme, etc.
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Posté Le : 12/09/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mourad Benachenhou *
Source : www.lequotidien-oran.com