Algérie

Clivages



Clivages
Une société qui bouge est une société vivante, dit-on.Et pour ce qui est de bouger, la société algérienne le fait. Mais dans tous les sens. Ça a donné une vie mouvementée, fourmillante certes, mais toutefois incohérente, hypothéquant ainsi l'avènement de ce mouvement d'ensemble qui transcenderait les individualités, les calculs partisans étroits et les soifs de leadership pour se donner toutes les chances d'atteindre l'objectif commun. En lieu et place nous avons un mouvement de jeunes qui essaye d'agréger le maximum de citoyens, personnalités et acteurs politiques, tout en restant à l'abri de la récupération et/ou chaperonnage politiques, pour imposer sa revendication : le changement du système. A côté, il y a un autre mouvement, de partis celui-là, rassemblant des formations politiques de diverses couleurs, lesquelles s'efforcent également de devenir le centre de convergence pour la même revendication. A l'Est, à l'Ouest et au Sud, apparaissent également de temps à autre, de manière conjoncturelle, des mouvements de citoyens criant des slogans qui ne dépareraient pas dans le discours des autres. Mais tout ce beau monde ne se croise pas. Pis, il y a de la méfiance dans l'air, chacun accusant l'autre d'ouvrir la voie à la division, voire l'intervention étrangère dans les affaires du pays. On a ainsi vu des leaders de partis tirer à boulets rouges sur Barakat qui échappe à leur emprise -ce qui ne veut aucunement dire qu'il est à l'abri d'une autre influence-, alors que ce mouvement considère qu'on ne peut plus rien attendre des partis politiques qui se sont impliqués, un jour ou l'autre, peu ou prou, dans le système, voire en font partie, pour pouvoir, vouloir même, le changer. Un politique, Karim Tabou, ancien secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS) qu'il a quitté pour créer son propre parti, l'UDS, rejoint Barakat sur l'idée des clivages qui ont annihilé la force que pouvaient avoir les partis fort nombreux s'ils s'étaient unis autour d'un minima démocratique. «Nous devons transcender ces faux clivages politiques. Nous devons unir toutes les forces démocratiques du pays pour un changement véritable qui sera à même de répondre à toutes les attentes citoyennes», dira-t-il. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Faire le constat de la division et défendre l'idée de l'union ne feront pas de cette union une réalité, qui, elle, s'impose de manière flagrante. Les mouvements qui ont eu toute latitude pour s'exprimer (les interdictions de manifestations à Alger ont été gelées pour Barakat et les boycotteurs), n'arrivent pas à formuler d'une même voix la même revendication, dans la même ville, et ils ne peuvent accuser le pouvoir, l'administration, le système ou l'Etat de les en avoir empêché. Au contraire, en les autorisant à s'exprimer librement, le pouvoir a laissé apparaître leur division, réussissant ainsi à affaiblir l'impact de leurs actions. «Oui, la cause était noble, était bonne, était belle ! / Nous étions amoureux, nous l'avons épousée. / Nous souhaitions être heureux tous ensemble avec elle, / Nous étions trop nombreux, nous l'avons défrisée», chantait fort à propos Georges Brassens dans Pluriel. H. G.




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