Il faut savoir que la pluviosité dans notre région varie fortement d'une année à l'autre, comme d'ailleurs pour la température, ce qui contribue nettement à l'aridité du climat et complique la gestion des ressources en eau», explique M. Dakiche.Selon lui, l'évolution de la pluviométrie qui, constituant un facteur de base pour l'équilibre du climat régional, contribue aisément à la stabilité du système de l'environnement, voire à la régulation du cycle de l'eau à grande échelle. Néanmoins, à une échelle plus réduite, le spécialiste précise que le climat synoptique ne semble pas du tout présenter ces conditions d'équilibre stable du fait des interactions des différents facteurs physiques du climat sous l'effet des grandes échelles sur les petites.
Ainsi, les fortes fluctuations pluviométriques annuelles et mensuelles que subit notre climat présentent, selon M. Dakiche, des oscillations de plus en plus irrégulières à caractère cyclique dont la périodicité climatique varie d'une zone à l'autre où les séquences de sécheresse se succèdent aux inondations de manière incontrôlable mais prévisible en matière d'ajustement statistique des événements aléatoires extrêmes. «Cette variabilité est caractérisée par le coefficient de variation qui, plus élevé dans les régions Ouest que dans les régions Est, correspond bien au caractère instable du climat orageux», ajoute-t-il.
Les précipitations exceptionnelles sont donc concentrées en quelques épisodes pluvieux qui provoquent ainsi des crues violentes aux fortes capacités érosives. La répartition mensuelle des précipitations montre un net contraste pluviométrique entre deux sous saisons humides (octobre à janvier) et (février à mai). Les orages estivaux sont fréquents et constituent une bonne partie des apports liquides et solides aux barrages où l'évaporation reste le facteur le plus important. Toutefois, le régime des précipitations du nord du pays avait tendance, selon le spécialiste, à amorcer sa phase humide dès les années 2000, en enregistrant un excès pluviométrique de l'ordre de 15-20% par rapport à la moyenne interannuelle.
Mais actuellement, le total annuel des pluies accuse un déficit significatif sur toute la frange sud de la Méditerranée. «Dans notre région, ce taux est estimé respectivement d'Est en Ouest à près de 30 à 40, voire 50% par endroit», assure M. Dakiche. Ce dernier souligne par ailleurs que le régime pluviométrique mensuel de cette année hydrologique a été drastiquement perturbé par la position statique du centre barométrique atlantique qui, faisant office de barrière climatique, a pu empêcher ou presque l'arrivée des masses d'air humide d'origine atlantique sur notre territoire.
Sécheresse
En effet, le pays est soumis climatiquement à deux régimes hydrologiques actifs essentiels mais opposés. Le premier, provenant du Nord, d'origine méditerranéenne, s'étendant d'octobre à janvier-février est froid et pluvieux. Le second, complémentaire continental du Sud-Ouest, moins humide, prend le relais à partir de février dont le déficit en pluviosité, enregistré particulièrement lors de cette année hydrologique est très marquant (plus de 50%, en défavorisant nettement l'écoulement des cours d'eau. «Toutefois, cette situation, d'ordre ponctuel, présentant un phénomène prévisible tout à fait normal dans le régime hydrologique méditerranéen, ne peut en aucun cas constituer un cadre séquentiel remarquable quant à la gestion des ressources en eau d'une manière générale», confie M. Dakiche.
En considérant donc que le climat caractérisé par des situations plus ou moins exceptionnelles, ainsi que la sécheresse sévissant dans le pays, est quasiment comparable à celles enregistrées pendant les deux derniers siècles. M. Dakiche estime que le déficit pluviométrique représente un phénomène tout à fait naturel dont il faut apprendre à s'en accommoder et à en tenir compte dans des opérations de gestion et de planification socio-économiques à moyen et à long termes. Selon lui, ce phénomène de sécheresse se comporte périodiquement en périodes humides courtes et en périodes sèches assez longues, accentué de manière drastique par les effets des actions anthropiques dans l'environnement dont l'homme est, à priori, responsable direct des irrégularités du climat tant à l'échelle locale qu'à l'échelle régionale. Il recommande donc de développer et moderniser les structures des réseaux d'observations hydro-climatologiques dans le plan multi-paramètre afin de mieux situer l'évolution du climat en tirant efficacement les conclusions quant au changement effectif du climat sur différentes échelles. Selon lui, l'évaluation et la mobilisation des ressources en eau restent liées à la considération de deux importants aléas néfastes que constituent l'érosion des bassins versants et la pollution des cours d'eau et des nappes phréatiques par les rejets des eaux non traitées, dont l'aggravation est plus prononcée par la faiblesse, la précarité et l'irrégularité des écoulements.
Solutions
Contrôler efficacement la ressource passe nécessairement par une gestion sans faille. A cet effet, M. Dakiche estime qu'il s'agit de l'affaire de tous : politiques, planificateurs, citoyen, associations et usagers. C'est pourquoi, il affirme que l'implication des collectivités locales dans le développement et la réalisation des projets et la préservation de la ressource est primordiale. Les autorités locales sectorielles ne sont pas en reste. Le spécialiste estime que leur implication pour la prise en charge de l'activité du secteur de l'eau au niveau local est également nécessaire. Par ailleurs, M. Dakiche n'écarte pas l'importance des institutions techniques du secteur de l'eau pour assurer une gestion concertée de la ressource en eau à plusieurs de compétence. «Les journées d'études techniques organisées au niveau central ou local pour informer sur les projets du secteur et pour prendre en charge les observations et préoccupations de tous les acteurs sont également les bienvenues. Idem pour les campagnes et programmes de sensibilisation pour permettre aux citoyens, usagers, élus, associations d'identifier leurs rôles respectifs dans les enjeux liés à l'eau», ajoute-il. De son côté, Emir Berkan, du réseau Probium, fait plusieurs recommandations pour préserver les ressources, notamment le développement les stations de valorisation et de traitement des boues fécales . Multiplier les stations de désalinisation à hauteur des enjeux démographiques côtiers avenirs ; encourager les méthodes écologiques de traitement des eaux usées autour des oueds et retenues d'eau ou encore lancer une industrie de produits et d'équipements fabriqués localement (filtres, membranes, stations domestiques). En ce qui concerne la préservation des nappes phréatiques et des eaux souterraines, M. Berkane recommande d'identifier les points de pollution de la nappe par les pesticides et les unités industrielles avec déversement chimique, raisonner l'utilisation de la nappe albienne par l'agriculture intensive dans le sud du pays ; encourager l'utilisation des eaux retraitées et dessalées pour les futurs projets touristiques, sportifs et certaines spéculations agricoles. Et enfin prévenir le gaspillage d'eau avec des équipements collectifs adaptés et encourager les fabricants locaux à leur développement.
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Posté Le : 26/08/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Sofia Ouahib
Source : www.elwatan.com