De notre envoyée spéciale à Tunis, Sarah HaidarLe théâtre municipal de Tunis s'est drapé des couleurs de l'emblème national lors de cette soirée de clôture des 26es Journées cinématographiques de Carthage. Une semaine de projections, plus de 300 films dont une cinquantaine en compétition, des salles archicombles et un public dont l'affluence s'est accrue depuis l'attentat terroriste de mardi dernier : l'esprit des JCC aura été une leçon de vie et de cinéphilie.Animée par le présentateur égyptien vedette Bassem Youcef (bête noire des Frères musulmans), la cérémonie a été ouverte par la cantatrice Yousra Zekri qui, accompagnée au piano, a interprété un chant patriotique tunisien ainsi qu'une reprise de la chanson Here's to you composée par Ennio Morricone pour Joan Baez. Sans surprise, un hommage appuyé a été ensuite rendu au public de Tunis (260 000 spectateurs pendant une semaine) qui a littéralement nargué le terrorisme en envahissant en masse les salles de cinéma après l'attentat de mardi dernier.Un Tanit d'or symbolique lui a donc été décerné ainsi qu'à Nouri Bouzid pour l'ensemble de son œuvre. Le prix du public revient à Nabil Ayouch mais ce n'est pas pour son dernier film polémique Much loved, c'est plutôt pour un vieux long-métrage datant de 2001 Ali Zaoua, le prince de la rue.Le cinéaste marocain réussira néanmoins à décrocher le prix spécial du jury pour son œuvre controversée qui a, rappelons-le, suscité un tel engouement à Tunis que la salle Colisée affichait déjà complet à 9h du matin. Mais c'est la jeune réalisatrice tunisienne Leila Bouzid qui aura raflé une belle moisson avec son premier long-métrage fiction A peine j'ouvre les yeux : prix de la Fédération internationale des critiques de cinéma (Fipreci), Mention spéciale du jury UGTT (Union générale des travailleurs tunisiens), Prix du jury TV5 Monde pour la première œuvre et Tanit de bronze du Grand jury des JCC.Du côté algérien, c'est indéniablement la consécration du cinéma indépendant avec deux Tanit d'or (meilleur documentaire et meilleure première œuvre) décernés à Hassen Ferhani pour son film Dans ma tête un rond-point, le Tanit de bronze pour le court-métrage Lmuja de Omar Belkacemi et le prix de la meilleure interprétation masculine attribué au jeune acteur Adlane Djemi pour son rôle dans Madame courage de Merzak Allouache.La section Ciné-Promesse qui récompense les meilleurs films réalisés par des étudiants en cinéma a vu la consécration du réalisateur turc Kayis Emre pour Cevirmen, l'égyptien Christope Saber pour Discipline et l'Espagnole Medina Marta pour Despertar.Par ailleurs, le Centre tunisien de recherche, d'étude, de documentation et d'information sur la femme (Credif) a décerné son prix baptisé Safi Faye (pionnière des réalisatrices africaines) au documentaire Queens of Syria de Yasmin Fedda. Un film également récompensé par le Tanit de bronze du jury du documentaire composé de l'Italien Daniele Incalcatera, de l'Algérienne Habiba Djahnine, le Sud-Africain Ramadan Souleiman, la Libanaise Sahar Mandour et le caricaturiste tunisien «Z», qui a, en outre, attribué le Tanit d'argent à Abbas Fahdel pour Homeland, Iraq année 0, un documentaire à la fois intimiste et historique d'une durée de 334 minutes.Le Grand jury composé entre autres du critique marocain Noureddine Saà'l, la militante et diplomate palestinienne Leila Chahid, la cinéaste chilienne Marcela Said et le réalisateur nigérian Newton Aduaka, a consacré le court-métrage tunisien Diaspora de Alaeddin Abou Taleb.Quant aux longs-métrages, le palmarès pose légitimement question : le Tanit d'argent est revenu en effet au film sud-africain Le fleuve infini de Oliver Hermanus dont le moins que l'on puisse dire est qu'il s'inscrit dans une démarche télévisuelle avec un scénario cousu de fil blanc, une mise en scène limitée et des acteurs sur-jouant leurs rèles.L'attribution du Tanit d'or au film marocain L'orchestre des aveugles de Mohamed El Mouftakir n'est pas moins surprenante. Même si ce long-métrage a charmé le public et s'est distingué par un traitement singulier des années de plomb sous le roi Hassan II, il reste très peu ambitieux d'un point de vue cinématographique en ce sens où le cinéaste semble tout miser sur la prestation de ses acteurs et la simplicité de sa trame et tombe ainsi dans les travers d'une mise en scène linéaire et d'une platitude dramaturgique assez décevantes.
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Posté Le : 30/11/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : S H
Source : www.lesoirdalgerie.com