Algérie

Claude Guéant ou l'art du marchandage



Les propos élogieux tenus, dimanche à  Alger, par le ministre français de l'Intérieur, Claude Guéant, à  l'égard des réformes politiques initiées par Abdelaziz Bouteflika, ont surpris les observateurs les plus avertis des deux rives de la Méditerranée. La sortie de celui qui est présenté comme l'homme de confiance du chef de l'Etat français est d'autant plus surprenante que Nicolas Sarkozy n'a pas habitué, depuis qu'il est arrivé au pouvoir, à  faire des cadeaux aux autorités algériennes. Si les affaires marchent maintenant plutôt bien entre Alger et Paris – en témoigne d'ailleurs le nombre de marchés remportés ces 12 derniers mois par les entreprises françaises en Algérie – on ne peut effectivement pas en dire autant des dossiers politiques. Il n'est pas exagéré de dire que les deux pays ne s'entendent sur pratiquement rien.  Cet état de fait, perceptible à  partir de l'année 2008, s'est traduit par un net refroidissement des relations bilatérales. La preuve : la visite d'Etat que devait alors effectuer le président algérien en France avait d'ailleurs été reportée sine die.
Le dernier grand sujet objet de discorde entre les deux capitales concerne la Libye. Alors que Paris et ses alliés de l'OTAN avaient opté, dès le mois de mars, pour un changement à  la dure du régime d'El Gueddafi, Alger avait prôné un règlement négocié de la crise afin d'éviter la déstabilisation du Maghreb. La suite des événements, tout le monde la connaît. Inutile d'y revenir. Ce n'est un secret pour personne, aujourd'hui, que c'est surtout sur la question migratoire (avec en toile de fond le souhait de Paris de réviser l'accord bilatéral de 1968) et sur la problématique de la lutte contre le terrorisme au Sahel que les approches des responsables des deux pays divergent visiblement. Compte tenu de tous ces désaccords, personne ne s'attendait à  ce que Claude Guéant porte ainsi au pinacle le président Bouteflika et ses réformes. La remarque vaut d'autant plus qu'aucun dossier n'a, pour l'heure, été véritablement bouclé hier. Comme en politique c'est toujours du donnant-donnant, on peut donc supposer que le bras droit de Sarkozy a obtenu quelque chose en échange de la «précieuse» caution apportée aux réformes politiques algériennes. Mais quoi ' Une aide accrue d'Alger pour faire libérer les 6 otages français détenus par AQMI au Sahel ' Difficile à  dire.
Une chose est sûre, cela doit àªtre suffisamment important pour que Nicolas Sarkozy, candidat à  sa propre succession en 2012, puisse l'utiliser comme carte pour remontrer dans les sondages. Autrement, Claude Guéant n'aurait probablement pas fait le déplacement à  Alger.
 


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