Le traité d'amitié qui devait «sceller» les relations entre Alger et
Paris semble inscrit aux calendes grecques.
C'est du moins ce que l'on comprend de la réponse du ministre de
l'Intérieur, Claude Guéant, qui intervenait hier dans une conférence de presse
à la résidence Djenane El-Mithak
avec son homologue Daho Ould
Kablia. «L'amitié, c'est d'abord l'action et non un
traité», a-t-il déclaré en réponse à une question du Quotidien d'Oran. Le
ministre de l'Intérieur français, arrivé hier à Alger, soutient en parallèle
que les relations entre les deux pays passent par une phase exceptionnelle.
La visite dans notre pays vise à approfondir davantage cette «relation
d'exception», estime Claude Guéant, qui souligne que des réunions ont été
organisées hier avec son homologue algérien pour «fixer des objectifs
supplémentaires». «Nous avons passé en revue tous les secteurs importants et
cela nous permet de faire le point», a déclaré pour sa part le ministre de
l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia. Ce dernier ajoute
que les «questions essentielles» ont été abordées», en précisant cependant que
les collaborateurs des ministères de l'Intérieur des deux pays discuteront de
«manière très pensée» de tous ces sujets.
«Nous sommes déterminés et confiants afin de donner l'élan nécessaire
pour relancer nos relations», a fait savoir Daho Ould Kablia, qui rappellera par
ailleurs la volonté affichée des chefs d'Etat des deux pays à aller vers un
«partenariat d'exception». Daho Ould
Kablia, lors d'une brève intervention, soulignera que
les entretiens qu'il avait eus quelques minutes plus tôt avec son homologue
français à la résidence d'Etat ont trait notamment à la sécurité et à la
circulation des personnes, sans donner de plus amples précisions.
Claude Guéant dira toutefois, lorsque la question a été soulevée, que les
accords algéro-français de 1968 sur la circulation
des personnes, l'emploi et le séjour des Algériens en France vont faire l'objet
d'une prochaine réunion avec les autorités algériennes. Il précisera que cette
seconde réunion sera la deuxième après celle qu'il a eue avec le président de
la République, Abdelaziz Bouteflika, quand il était
secrétaire général de l'Elysée. «Le dossier est relancé et les choses avancent»,
a tenu à rassurer le ministre français, qui affirme qu'il reste encore de la
place pour de futurs accords bilatéraux. Il soulignera dans ce cadre, en
réponse à ses détracteurs qui l'accusent de faire le jeu du Front national, qu'il
ne s'agit pas de «fermeture des frontières» mais simplement de «maîtrise de
l'immigration» dans son pays.
Par ailleurs, Claude Guéant, en évoquant les dernières élections en
Tunisie, a tenu à rendre hommage au président de la République Abdelaziz
Bouteflika. «La France salue les initiatives prises par Bouteflika allant dans le sens de la démocratie», a-t-il
déclaré. Le ministre français faisait bien évidement allusion aux réformes
décidées par le chef de l'Etat au lendemain des émeutes de janvier dernier. Claude
Guéant dira même qu'il était impressionné par le descriptif de son homologue, Daho Ould Kablia.
Ce dernier lui aurait présenté dans le détail les réformes engagées par le
gouvernement. «Cela va donner un supplément de démocratie à l'Algérie», s'est
réjoui le ministre de l'Intérieur français.
Les relations entre Alger et Paris connaissent-elles une nouvelle ère à
la lumière des nombreuses visites effectuées par les responsables français dans
notre pays ? La question mérite d'être posée, sachant que les relations entre
les deux pays étaient caractérisées, ces trois dernières années, par une
période de froid, frôlant parfois l'incident diplomatique, en particulier après
le vote par le Parlement français de la loi glorifiant le colonialisme en
Algérie et l'arrestation d'un diplomate algérien cité dans l'affaire de
l'assassinant de l'avocat Ali Mecili en 1987. En tous
les cas, une nouvelle page semble s'ouvrir et les responsables des deux pays
ont joué tour à tour la carte de l'apaisement et cela même si les contentieux
ne sont pas totalement aplanis entre les deux pays.
Enfin, interrogé sur une probable visite de Bouteflika
en France ou de Sarkozy en Algérie, le ministre de l'Intérieur et des
Collectivités locales algérien dira que cela regarde le département des
Affaires étrangères.
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Posté Le : 05/12/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Z Mehdaoui
Source : www.lequotidien-oran.com