Pourquoi les universités algériennes sont à la traîne dans le classement
mondial Shanghai ? Ce classement établi, depuis 2003, par l'université chinoise
de Jiao-Tong de Shanghai se base notamment sur le
nombre de publications dans deux revues scientifiques et le nombre de prix
Nobel attribués aux étudiants et aux équipes pédagogiques.
La première faculté algérienne à figurer dans le classement Shanghai, cette
année, vient à la 3200ème place contre le 3509e rang, l'année dernière. Elle
est loin derrière la première université américaine du Caire (Egypte), qui
occupe la 466e place. «Nous avons lancé des réformes. Nous récolterons les
fruits à moyen terme et non pas à court terme. Dans cinq ans, les université
algériennes figureront dans le top 500 de Shanghai», a promis, hier, le
professeur Hafid Aourag, directeur
de la recherche scientifique et du développement technologique. Ce responsable,
qui était l'invité de la radio chaîne 3, estime que le classement des
universités algériennes n'est pas aussi mauvais que le pensent certains. «Sur 12
000 universités du monde, la première université algérienne figure à la 3200e
position alors que l'an dernier elle est classée à la 3500ème place, ce qui
montre qu'un progrès a été fait».
Le professeur Aourag
souligne que «le classement se base non pas sur l'enseignement proprement dit
mais sur la recherche». «Aucun indicateur n'est basé sur la qualité
pédagogique», note-t-il. Pour lui, «il faut aller lentement et sûrement.» «Un
travail de recherche nécessite 3 à 4 années. Il faut donc attendre quelques
années encore pour voir les résultats de nos réformes», affirme-t-il. «La
nouvelle stratégie vise désormais à accroître la visibilité du travail de nos
universités et chercheurs», prône le directeur de la recherche. Aux yeux de ce
responsable, «beaucoup de travaux de nos chercheurs et universitaires ne sont
pas visibles». Cap donc sur la mise en place d'instruments de communication
efficaces. «Pour ce faire, nous avons décidé d'améliorer la gestion des pages
web de nos universités. Nous avons conclu un partenariat avec le consortium
Thomson Reuters», révèle M. Aourag. Thomson Reuters
publie chaque année le Journal Citation Reports, compilant des informations sur
les revues scientifiques. Aussi, un portail web est en projet pour y mettre
toute la production de nos universitaires. Pour améliorer la communication, une
cyber-infrastructure sera mise en place à travers le
réseau ARN.
L'Algérie compte 880 laboratoires de recherche qui comptabilisaient, en 2010,
23 119 publications internationales. Mais ce qui compte le plus dans le
classement Shanghai, c'est le nombre de publications éditées dans une revue
britannique, notamment Nature, ou américaine, Science Magazine. Aucune mention
non plus sur le nombre d'articles indexés dans l'analyse bibliométrique de la
base de données internationale Scopus de Elsevier. Il
ne suffit pas de publier, encore faut-il le faire sur des canaux numériques
reconnus mondialement. Premier critère d'adaptation : mieux vaut publier en
anglais. Les universités anglophones seraient favorisées. Les revues
francophones ne seraient pas mieux prises en compte. M. Aourag
trouve «inopportun» la stratégie adoptée par l'Arabie Saoudite basée sur le
recrutement des chercheurs étrangers détenteurs de prix Nobel qu'elle paye à
forte devise. Les autorités de ce royaume payent chèrement également les
auteurs de publications qui citeraient les universités saoudiennes dans leurs
publications pour glaner des places dans le classement Shanghai. «Une telle
stratégie n'améliore pas le savoir du pays», estime M. Aourag.
L'Arabie Saoudite alloue jusqu'à 70 000 dollars de prime d'encouragement à tout
chercheur saoudien qui publierait dans le Web of science.
Les universités algériennes ont donc un gros travail de communication à
faire pour rendre visibles les travaux qui seront menés dans le cadre des
projets prévus par les 34 programmes nationaux de recherche. Autre point à
améliorer: l'attractivité de nos universités. Pour cela, des bourses sont
prévues pour attirer les chercheurs et thésards algériens établis à l'étranger.
L'Algérie ne compte que 18 000 chercheurs. «Avec un tel effectif réduit, on ne
peut pas rivaliser avec les autres pays. Il faut mobiliser le maximum de
chercheurs», soutient le directeur de la recherche. «Le nombre d'enseignants à
l'université du Caire équivaut à celui de toutes les universités algériennes», souligne
M. Aourag. Pour faire faire face à cette carence en
ressources humaines, la direction de la
recherche scientifique
annonce un plan visant à recruter 3000 chercheurs d'ici à 2012. L'objectif du
secteur de la recherche, qui est doté de 100 milliards de dinars de budget
quinquennal, vise l'implication de plus de 28 000 enseignants-chercheurs aux
côtés de
4500 chercheurs permanents à l'horizon 2012. M. Aourag annonce également la mise en place du statut de
«post doctorant» destiné aux détenteurs d'un doctorat qui n'ont pas été
recrutés. Il révèle aussi l'institution, dès 2012, d'un prix du président de la
République pour la science et la technologie. Une récompense de 5 millions de
dinars sera accordée à la meilleure publication scientifique. La direction de
la recherche instaure également une incitation à la production scientifique
sous forme d'une prime d'encouragement. Le professeur Aourag
annonce, enfin, la possibilité aux jeunes de créer leur propre laboratoire de
recherche.
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Posté Le : 06/09/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salim L
Source : www.lequotidien-oran.com