Clarté et fermeté

Le choix de Ghardaïa pour s'adresser au peuple algérien à l'occasion d'une date symbolique n'est sans doute pas fortuit pour le président de la République. La capitale du M'zab, qui fut toujours un sanctuaire de coexistence entre les langues, les rites religieux, ne doit pas être un ferment de discorde. Comment cette vallée industrieuse, qui a toujours constitué un ciment pour l'unité nationale, pourrait devenir un ferment de la discorde ' D'aucuns ont cru pourtant que les événements qui ont perturbé depuis quelques années sa quiétude sont le signe d'un prétendu recul de l'autorité de l'Etat, de l'impuissance de ses représentants à rétablir celle-ci. Le message de Bouteflika à l'adresse de la nation rappelle que le prix de la liberté, de l'indépendance, a été trop élevé pour que les idéaux qui ont nourri et inspiré le combat libérateur soient sacrifiés sur l'autel de simples calculs politiciens ou à courte vue. L'homme qui a été de la génération qui a combattu pour le rétablissement d'une souveraineté spoliée nourrit d'autres ambitions pour le peuple et n'hésite à pas dire ce qui le fâche, allant à rebrousse-poil du populisme qui pare le moindre mouvement de protestation des vertus de la révolution. Il a rappelé que la conscience historique, l'entretien de la mémoire et la fidélité aux martyrs sont toujours ce ciment qui permet aux Algériens de se projeter dans l'avenir. La fidélité aux idéaux de la révolution algérienne n'est pas une clause de style. Elle est l'arme qui permettra d'affronter les défis et de les relever. Le chef de l'Etat rappellera ses prérogatives consacrées par la Constitution et la volonté populaire, tout en assenant des vérités sur la situation du pays et de la région. En ces moments où des nations proches ploient sous le vent des dissensions, le Président se veut clair quant à sa volonté de « faire prévaloir la raison » et d'éviter « la désunion ». « La patrie risque d'être la proie de ses ennemis lorsque ses enfants se laissent aller à la désunion et qu'ils se dispersent en factions », clame-t-il. Il plaide pour le renforcement du front intérieur dont l'affaiblissement ne peut profiter qu'à ceux qui guettent les faux pas d'un pays jalousé et envié pour la stabilité dont jouit son peuple. L'Algérien vit dans la paix et beaucoup de ses problèmes ont trouvé leurs solutions. Le président de la République a souligné le caractère de l'Etat algérien qu'il a qualifié à juste titre de généreux. Les acteurs politiques peuvent certes avoir des divergences, des appréciations différentes sur tel ou tel sujet, mais cela ne doit pas conduire à l'affaiblissement de l'Etat. « Un surcroît de fermeté et de rigueur pour défendre l'Etat » prend dans la bouche de Bouteflika les allures d'un engagement. « C'est un devoir constitutionnel, légal, légitime et moral qui ne peut souffrir ni de report ni de dérobade », assure-t-il. L'intervention du Président est celle d'un homme qui affirme se conformer à la Constitution et à la volonté populaire. Sa défense de l'Etat, ses options pour le développement des régions du pays et notamment du Sud sont réaffirmées clairement et fermement affichées. Au-delà des querelles de chapelle des partis, le message vient rappeler que sans un Etat fort, qui assume ses responsabilités, la logique de destruction risque de prendre le pas sur celle de la construction.