Algérie - Revue de Presse


Dans une scène célèbre du film Sunset boulevard, Gloria Swanson, vedette du muet, grimaça, frissonna, comme saisie d?effroi à la vue d?un microphone. Elle n?aimait pas le son ni la parole. Son univers est figé, silencieux, pétrifié. Le lecteur me pardonnera cette réminiscence. Elle me sert de préambule pour m?agripper à une autre sainte aversion qui a fait la gloire de beaucoup de ceux qui veillent sur nous. Le débat honnête et franc les gêne et les indispose. L?avis contraire les hérisse. La contradiction les désarçonne. La liberté de ton n?a jamais été leur tasse de thé. Il faut en toute chose une dévote et plate approbation. Le citoyen est une statue sans inscriptions ni esprit critique. Pour ajouter un peu de crédibilité à mon propos, prenons un exemple simple et banal. Des badauds sont abordés dans les rues d?Alger par une équipe de la chaîne unique de TV. On veut recueillir leurs impressions, leurs avis, sonder leur état d?esprit. Au bout de la moisson, on ne retient que le consentement, exhibé tel un trophée de chasse. La pratique est vieille comme le monde, lubrifiée au moule de la pensée unique. Inaltérable, inusable et indéracinable. L?unanimisme à grosses lampées de sourires benoîts empeste l?atmosphère. C?est le lit de Procuste où tout ce qui dépasse est taillé, rasé, sarclé. Un travail de professionnel éprouvé. Dans cette exhibition, c?est l?âme toute nue du citoyen potiche, bibelot qui se révèle. De la réalité à l?écran, la « transmutation » est radicale.


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