Fortement déprimée, la conjoncture économique actuelle du pays est appréhendée de manière de plus en plus pessimiste, laissant augurer de lendemains incertains.Toutefois, une petite lueur d'espoir pointe loin de la capitale, à Annaba, à Cital plus exactement. Les Citadis, issues de cette co-entreprise entre Alstom, EMA et Ferrovial, spécialisée dans l'assemblage et la maintenance de rames de tramways, pourraient rouler à Sfax, 2e pôle économique et ville tunisienne (près d'un million d'habitants).Y parvenir est possible : «Il suffit de mettre à profit les relations historiques, excellentes, qu'entretiennent les deux pays voisins.Sur un plan géopolitique et économique cela fait sens. Il y a également beaucoup d'autres facteurs à même de nous ouvrir la voie pour aller à pas sûrs vers le marché tunisien des transports collectifs, la proximité géographique, linguistique et culturelle, les mécanismes de soutien au commerce extérieur mobilisables en Algérie et en Tunisie, ou encore le jumelage des CCI des villes de Annaba et de Sfax», insistera Henry Bussery, PDG de Cital. Le contexte: la visite, mardi dernier, de Rachid Zaier, PDG de la Société Métro léger de Sfax (SMLS) et de Virginie Buvry, directrice d'Alstom Tunisie.«Epatée», «agréablement surprise», la représentante du leader européen de l'industrie ferroviaire a laissé entendre, s'adressant à El Watan-économie, que le site de Annaba où sont assemblées les rames Citadis Algérie n'a «absolument rien à envier» au site de La Rochelle (France), l'un des centres d'excellence d'Alstom en Europe, voire au monde. Pour sa part, M. Zaier, à la tête de SMLS depuis fin mars 2016, estime que la sévère crise économique qui s'abat sur son pays ainsi que sur l'Algérie, mais à un degré moindre, a-t-il omis de préciser, fait qu'«aujourd'hui, nous avons plus que jamais besoin les uns des autres. Nous devons développer plus d'échanges, plus de productivité et donc plus de croissance aux fins de surmonter le lourd impact et de neutraliser les effets pervers de cette crise».Le secteur des transports collectifs est une piste fort prometteuse à explorer, d'autant qu'en la matière, «l'Entreprise Métro d'Alger (EMA) bénéficie d'une expérience avérée. Et l'idée de mettre en place une usine d'assemblage de rames à Annaba est excellente, vu l'envergure du programme algérien de tramways», estime M. Zair. Lors de son passage à l'unité d'assemblage de rames et à l'atelier de Hiolle Industrie Algérie, spécialisée dans la fourniture d'équipements câblés, armoires électriques et coffres équipés, l'hôte de Cital n'a pas hésité à troquer sa casquette de PDG contre celle d'auditeur qualité, sa spécialité, disait-il.Tel un administratif tatillon, il était très attentif aux explications fournies par les jeunes ingénieurs et techniciens algériens sur tout ce qui a trait à la qualité-sécurité, deux aspects dont il semblait particulièrement soucieux. En termes relatifs, ses interlocuteurs se sont montrés plus que convaincants. Mieux, M. Zair a tenu à tester une des 6 rames prêtes à l'expédition pour les besoins du tramway de la wilaya de Ouargla (une commande globale de 30 rames).Test concluant ' «Je suis très impressionné par le savoir-faire de ces jeunes et la fiabilité des rames de Cital Annaba. 30 % de la valeur du tramway déjà localisée et qui sera porté à 50 %, c'est excellent. Les Citadis Algérie seraient les bienvenues à Sfax et dans d'autres villes tunisiennes. Mais, nous sommes soumis aux règles du marché. La décision est du ressort exclusif de la commission d'appels d'offres, lesquels seront lancés en 2018», nous a-t-il déclaré, ajoutant au passage, une bien curieuse remarque : «Vous savez, la Tunisie est le premier pays nord-africain à s'être doté du tramway. Elle a devancé l'Algérie et le Maroc !!!» Financée par la Banque européenne d'investissement (BEI), l'étude du projet tramway de Sfax porte sur deux lignes de tramway.Long de 13,5 km, le premier tronçon devrait être lancé la même année. La mise en exploitation commerciale est, quant à elle, prévue pour fin 2021, a annoncé M. Zaier. Pour ce qui est des financements à mobiliser, 530 millions TND, le responsable a souligné qu'«à l'instar de l'Algérie, la Tunisie se débat dans une grave crise financière. Faute de moyens propres, le recours à des financements extérieurs est inévitable. Le tramway de Sfax est d'ailleurs l'un des 50 grands projets appelés à être exposés aux bailleurs de fonds, conviés à la conférence internationale de l'investissement qui se tiendra à Tunis du 29 au 30 novembre 2016». Une opportunité qui pourrait faciliter l'accès au marché extérieur, l'équipe dirigeante de Cital n'entend pas passer à côté. «Nous sommes suffisamment armés pour aller à l'export, aussi bien en termes de prix, qualité que de délais. Aussi, nous nous sommes lancés dans la production de sous-ensembles. Aller à l'export est un objectif qui n'est, d'ailleurs pas en retrait par rapport à notre vision d'il y a quelques années (2011), c'est-à-dire au moment de la création de Cital», déclare Henri Bussery.Et, bien que la commande initiale de 213 rames ait été amputée de plusieurs dizaines d'unités du fait du gel de plusieurs projets de tramways, néanmoins, avec le segment train hybride Coradia (version bi-mode), ce sont de nouveaux horizons qui pourraient s'ouvrir à Cital, aussi bien en Algérie qu'à l'international, se réjouit Fayçal Fadel, le directeur de la communication.
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Posté Le : 31/10/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Naima Benouaret
Source : www.elwatan.com