Algérie

Cital s'inquiète, Alstom rassure


Cital s'inquiète, Alstom rassure
Bien que le plan de charge ait, sous l'effet de la haute tension financière foudroyant le pays fondu sensiblement de 213 rames à 145, dit autrement, une implantation qui risque de rapporter moins gros que prévu, le français Alstom continue de croire au marché ferroviaire algérien. C'est du moins ce que laissait transparaître dans ses propos l'un des hommes-clés du groupe tricolore, dépêché tout récemment à Annaba. En effet, avec la visite de deux jours, les 10 et 11 octobre, de Thierru Best, directeur des opérations à Alstom Monde, c'est un léger vent d'optimisme qui a soufflé au site de Cital Annaba.Le business plan de cette coentreprise spécialisée dans l'assemblage et la maintenance des tramways Citadis, où le leader européen contrôle 49 % du tour de table, le reste revenant à Ferrovial et EMA (41 et 10 %), ne serait donc que très peu compromis par le gel, pour certains, et l'abandon, pour d'autres, de plusieurs projets de tramways que la crise actuelle a imposés.
L' émissaire d'Alstom, aux yeux de qui cette crise serait «passagère», a exhorté le staff dirigeant et les travailleurs à maintenir le cap qu'ils s'étaient fixé au départ et à ne pas se laisser emporter par la vague de vive anxiété qui s'abat sur Cital depuis la contraction du plan de charge.
Car, comme l'admet dans une déclaration faite à El Watan-Economie depuis le siège de Saint-Ouen (banlieue de Paris), Justine Rohée, du département Media Relations Manager à Alstom Group, même «s'il est vrai que le gel de certains projets de tramway en Algérie (Batna, extension Oran, etc.) a réduit le plan de charge de l'usine, il ne faut pas sous-estimer l'importance de l'activité de maintenance. Cital emploie aujourd'hui environ 260 personnes, dont 80 dans l'assemblage de tramways Citadis dans l'usine de Annaba et 150 dans 4 centres de maintenance (Alger, Constantine, Oran, Sidi Bel Abbès).
Pour ces activités de maintenance -et donc pour 60% des effectifs- la charge est assurée à long terme (5 années renouvelables ou 10 ans pour le matériel roulant)». Tout en se voulant plus rassurante, «Cital s'apprête à faire, en 2018, les premières grosses révisions de tramways actuellement en service commercial (maintenance niveau 4).
Et pour amortir l'impact de la révision à la baisse du plan de charge sur le site industriel de Annaba de la fin 2018, nous avons centralisé a Annaba l'activité logistique et nous avons créé des ateliers de révision des sous-ensembles-clés des tramways (boogies, ponts, etc.)», Mme Rohée reste toutefois vigilante : «Si le projet de fabrication des trains hybrides Coradia ne se concrétise pas rapidement, c'est tout le savoir-faire acquis par Cital et ses partenaires algériens (200 personnes à ce jour) qui est en péril.» Le message de la représentante du Groupe Alstom est clair et il s'adresse indirectement à Ahmed Ouyahia.
La mise sur rail de ce projet, dont l'accord cadre avait été scellé début avril 2016 entre Alstom, Ferrovial, EMA et SNTF pour l'extension des activités de Cital-Annaba au montage et à la maintenance de trains inter-cités est, jusqu'à l'heure, dans l'attente du feu vert du Conseil des participations de l'Etat (CPE). Le premier autorail sur une commande de la SNTF totalisant 98 unités de la gamme Coradia Polyvalent d'Alstom, dans sa version hybride, devrait initialement être réceptionné vers la fin 2019. Le projet ne serait-il plus d'actualité, austérité oblige' «La convention-cadre signée en 2016 est maintenue. Le dossier du projet est maintenant soumis à la validation du Conseil des participations de l'Etat», rétorquera, confiante, la représentante d'Alstom France.
Indécisions
En attendant cet hypothétique aval des autorités nationales, ses collègues de Cital Annaba s'affairent à affiner une stratégie offensive en faveur du développement des activités de sous-traitance :
«L'une des priorités majeures de Cital consiste en le développement d'un tissu national de sous-traitants, parce que c'est notre engagement à la création de Cital, mais surtout parce que des raisons de compétitivité nous obligent à développer un réseau d'intégration locale fiable qui permette, au-delà de l'avantage du prix d'achat, de résoudre les problématiques d'importation, en matière de coûts, de délais, de problèmes de transport, d'emballage de transfert bancaire et de douane, etc.
Grâce à notre stratégie d'accompagner les sous-traitants pour les mettre à niveau et d'atteindre le standard exigé par Alstom, les fournisseurs de Cital sont en train de répondre graduellement aux mêmes standards de qualité et de fiabilité, leurs produits mis aux normes pourront même s'imposer à l'international, notamment dans le cadre du réseau mondiale d'Alstom», se réjouit, pour sa part, Fayçal Fadel, directeur de Communication/Business Developer à Cital Annaba.
Néanmoins, «cette projection prometteuse de développement de la sous-traitance en Algérie par Cital risque malheureusement d'être sérieusement compromise, pour ne pas dire mise en péril, si le projet de fabrication des trains hybrides Coradia ne se mettait pas sur rail à temps», insiste M. Fadel. Leur indécision, les décideurs du CPE semblent s'y attacher avec opiniâtreté. En témoigne l'autre projet, non moins important, mais toujours dans le secteur des transports collectifs, à ce jour pendant : le bus électrique «Made in Algeria».
En présence des ex Premier-ministres, Abdelmalek Sellal, et son homologue français, Bernard Cazeneuve, un protocole d'accord, avait été signé le 6 avril 2017 entre le Groupe industrielle SNVI, Cital et Alstom aux fins d'instaurer une coopération aux fins d'étudier le développement d'un bus électrique qui sera produit en Algérie. Cette coopération devrait bénéficier du support technologique d'Alstom, qui a mis au point, puis récemment lancé un bus électrique de nouvelle génération «Aptis», une conception innovante inspirée de celle du tramway.
Les trois partenaires sont à l'affût du moindre signal des officiels algériens pour pouvoir passer à l'action. Et quoi qu'il en soit, «les actionnaires de Cital (Alstom, EMA et Ferrovial) sont confiants sur l'avenir de l'usine et répondent aux appels d'offres dans la région afin de maintenir l'activité industrielle au plus haut niveau. Alstom confirme ses engagements envers ses employés algériens et ses clients, EMA et SNTF», insiste Justine Rohée.
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