Algérie

Cirta inébranlable



Une sorte d'addiction au rendez-vous hebdomadaire du vendredi s'est emparée de la population constantinoise, qui ne compte pas lâcher prise tant que les objectifs du soulèvement populaire ne sont pas atteints.La 29e marche populaire du vendredi à Constantine aura été la réponse sans équivoque à la perspective d'une élection présidentielle dans les conditions actuelles du pays, telle que voulue par le chef d'état-major de l'armée, notamment son souhait d'une convocation du corps électoral dès le 15 septembre.
Hier, des milliers de Constantinois et après avoir laissé apparaître des signes de fatigue durant l'été, sont revenus, avec la même détermination, renouer de la plus belle des manières avec la mobilisation qui a caractérisé le mouvement avant la saison des grandes chaleurs.
Une reconquête illustrée par la sortie des marcheurs par milliers, lesquels ont, une fois de plus, exprimé leur rejet du système politique en place autant que ses initiatives qui font abstraction de la volonté populaire.
Une sorte d'addiction au rendez-vous hebdomadaire du vendredi s'est emparée de la population constantinoise qui ne compte pas lâcher prise tant que les objectifs du soulèvement populaire ne sont pas atteints. Comme de coutume, après la fin de la prière du vendredi, une gigantesque procession a commencé à se former avec l'arrivée massive de citoyens des différents endroits de la wilaya.
Les marcheurs, qui ont sillonné les principales artères de la capitale de l'Est, depuis le palais de la culture Mohamed Laïd-El Khalifa jusqu'à la place de la Pyramide, en passant par les allées Ben-Boulaïd, l'avenue Belouizdad (ex-Saint-Jean), le boulevard Abane-Ramdane, l'axe principal longeant le centre-ville, ont repris en ch?ur les slogans hostiles au pouvoir, criant à l'unisson : "Dawla madania machi âaskaria" et "Makanch el vote, wellah ma ndiro, Bedoui et Bensalah lazem itirou" (Il n'y aura pas de vote, on ne le fera point, Bedoui et Bensalah doivent dégager) ou encore "Barakat, barakat, min khitab ethakanat" (Assez du discours des casernes).
Karim Younès et le panel de dialogue et de concertation ont été également longuement décriés. Les manifestants ont scandé : "Karim Younès, chiyat el-îssabat" (Karim Younès, valet du gang), "Karim Younès maymethelnach, Gaïd Salah mayahkmnach" (Karim Younès ne nous représente pas et Gaïd Salah ne nous gouverne pas). Aussi, ils ont marqué des haltes pour entonner des chants patriotiques, notamment l'hymne national. La presse acquise au pouvoir en a pris pour son grade.
À ce propos, les marcheurs ont crié "Sahafa chiyatine". Les Constantinois qui ont réaffirmé leur attachement à "la souveraineté populaire" ont plaidé, de vive voix, pour une période de transition, une Assemblée constituante et un Etat de libertés et de droit pour tous les Algériens.
"Gaïd Salah fait partie de ceux qui ont provoqué la crise pendant des décennies, il ne peut pas la résoudre maintenant. Ni dialogue ni élection avec le reste du clan, dégagez d'abord pour une transition", lance Tayeb, employé de 56 ans.
Les manifestants qui n'ont identifié dans leurs slogans, pancartes et banderoles que le chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, visé sans répit depuis plusieurs semaines, ont également brandi des pancartes appelant à l'application des articles 7 et 8 de la Constitution. "Depuis 29 semaines, le peuple, de plus en plus nombreux dans la rue, réclame le départ d'Ahmed Gaïd Salah.
Nous n'allons pas voter et il n'y aura pas d'élection, il faut qu'ils comprennent cela. Notre réponse ne peut être plus claire. C'est pourquoi nous appelons Gaïd Salah à faire preuve de sagesse et d'arrêter de prendre le pays en otage. Cet homme est un véritable danger pour l'Algérie", enchaîne Tayeb.

Ines Boukhalfa


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