Algérie

Cirque d?images


Le cirque est un art bien sûr, la preuve les enfants en raffolent. Une seconde en est que les gérants du système culturel algérien depuis l?indépendance n?ont fait pousser quelque bouture que ce soit de cet art. Forcément rebelle : vous voyez une structure bureaucratique jouer au métronome de rire des mômes, et des impacts d?humour sur les plus vieux ? La cinématographie peut lui faire de l?ombre par ses feux de la rampe, en particulier ceux d?un festival sophistiqué comme celui de Cannes. Et tous les décideurs des pays du monde, développés ou sous développés, proches ou gérants directement cet art mâtiné d?industrie s?ingénient sans relâche à fabriquer « leur festival ». De très rares pays, comme l?Inde, mettent carrément le turbo à la production. Cela lui donne les résultats éclairants du reportage publié lundi dans El Watan : 1200 films par année. Là ?bas, nous dit le reporter, le cinéma c?est la vie ; il est ingrédient de culture et de rêves. Et les festivals qui le datent dans sa foisonnante production tissent régulièrement sa matrice socioculturelle mais aussi ses rendez-vous avec les publics. Les professionnels du domaine, à Venise ou à Bombay, quelque soit la main à la pâte qu?ils ont apportée à l?oeuvre, se ressourcent de ces contacts, avec ou sans consécration ou palme : ils peuvent capter in vivo les moments d?émotion dont ils gratifient leurs spectateurs. Leur veine regorge de cet humus qui nourrit leur créativité. En réceptacle, dans ces pays-là, un dense réseau de salles, et une cinémathèque bourdonnant en ruche et dotée des moyens technologiques de conservation les plus fiables, consolident la vie et la programmation continue des ?uvres. Sans nous faire rire vraiment le boss de la télé gouvernementale ENTV s?est habillé d?un nouvel apparat : Commissaire du Festival international de cinéma d?Oran. La farce a été annoncée à la va vite, à une semaine de l?ouverture, dans une clinquante conférence de presse. Dans le style des mouvements d?ensemble de la décennie 70 : faites moi un meeting avec plein de petits drapeaux et que ça sente la kermesse. Si l?argent coule à flots ? et sans contrôle - il ne peut à lui seul créer de rien l?art et l?enthousiasme d?un festival. Même si des coquins et des copains peuvent y ripailler. Pas plus qu?Alger « capitale de la culture arabe », un festival ne peut naître d?un décret dans un pays exsangue de production par sa bureaucratie hors d?âge. A Oran un festival international de cinéma ; dans une ville qui compte à peine deux salles bancales de cinéma. Dans un pays asséché par ses dirigeants de la culture et de l?audiovisuel de toute possibilité de production depuis deux décennies. Les lampions du cirque d?images vont irradier donc El Bahia. Il nous suffira juste que ses interprètes ne jouent pas trop en plus aux bouffons en conférence de presse.
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