Algérie

Circulation, emploi et séjour des algériens : Paris promet des améliorations



Le président Abdelaziz Bouteflika a donné son OK pour la reprise des négociations sur l'accord de 1968 après avoir reçu Claude Guéant, secrétaire général de la présidence française, qui était en visite à Alger dimanche dernier. C'est ce qu'a annoncé mardi soir au Centre culturel français (CCF) à Alger, Jacques Toubon, président de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration. « Après cette rencontre, les voies du dialogue entre l'Algérie et la France ont été beaucoup éclaircies », a annoncé l'ancien ministre de la Culture et de la Francophonie. Paris, selon des sources informées, souhaite que les Algériens bénéficient des facilités accordées par le régime général de droit commun des étrangers en révisant le texte de 1968.Une demande sera également faite pour que l'Algérie contribue à lutter contre les abus constatés auprès de ressortissants algériens détenteurs de visas de court séjour qui ont tendance à s'installer en France. « Cet accord de 1968 mérite d'être pris avec une certaine objectivité et une certaine froideur. Il faut pas en faire autre chose qu'un élément de nos relations courantes », a déclaré M. Toubon. Il a reconnu être incapable à répondre « d'une manière absolue » à la question sur la double nationalité. « Il n'y a pas de tradition de la double nationalité en France. Mais il se trouve que l'Algérie constitue une exception historique et juridique massive à ce principe. Il faut gérer cette situation avec ses avantages et ses difficultés. Cette situation est une conséquence de notre histoire et culture communes », a-t-il soutenu. Selon lui, arrêter le mouvement de « naturalisation » des Algériens ou le conditionner par le renoncement du demandeur à la nationalité algérienne n'est pas « la solution ». Il a estimé que les Algériens sont les seuls à bénéficier de la possibilité de profiter d'autres dispositions de séjour en France à partir d'un visa de court séjour. « Il s'agit de discuter de cette disposition et la rendre moins fréquente.Paris peut demander que les Français bénéficient en Algérie de la même facilité accordée aux Algériens en France. Autrement dit, la réciprocité », a-t-il dit. Toubon a eu une petite phrase étonnante : « Je ne cesse de le répéter. Depuis 1962, les Algériens sont des étrangers par rapport à la France. Peut-être que ce n'est pas une bonne idée. La décolonisation est un phénomène. Il comporte des avantages et des inconvénients. Il a entraîné beaucoup de changements », soulignant qu'il le dit avec « un certain sourire. » Il a estimé que le cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie, prévu en 2012, permettra une réflexion « lucide et avec distance » sur la décolonisation. « Il faut que l'histoire coloniale soit intégrée dans l'histoire de France. Il faut qu'elle soit assumée. Le travail que les historiens auront à faire doit être pluraliste et scientifique. Ce qui est valable pour la France l'est pour l'Algérie également », a-t-il souligné. Jacques Toubon, qui coordonne cette année en France les festivités marquant le cinquantenaire de l'indépendance de 14 pays africains, a fait cette réflexion en réponse à une question sur la révision de l'accord franco-algérien de 1968 sur la circulation, l'emploi et le séjour des ressortissants algériens. Citant l'exemple de la débâcle de l'équipe de France en Coupe du monde de football, le conférencier a remarqué que l'implosion du groupe de Raymond Domenech est en relation avec des rivalités liées à l'origine. « C'est l'exemple de la brutalité de l'évolution. En 1998, l'équipe qui a gagné la Coupe du monde était le modèle de l'intégration à la française. Aujourd'hui, l'équipe de France donne l'image d'un pays divisé, sur lui-même », a-t-il regretté.Les sifflets des jeunes supporters algériens lors du match amical France-Algérie en 2001 sont, d'après lui, l'expression spectaculaire d'un malaise de citoyens qui ne se sont pas sentis égaux par rapport aux Français d'origine : « L'intégration connaissait de sérieux ratés. Cela dit, les choses ne sont pas totalement négatives ou entièrement positives. Aujourd'hui, République et diversité se conjuguent. » L'intégration n'est pas l'emboîtage de la culture du migrant, considérée à une certaine époque comme « inférieure », dans celle de la France, mais il s'agit de la création d'un système de vie en commun. « C'est un progrès », a-t-il noté relevant qu'actuellement, 15 millions de Français ont eu un ancêtre immigré. Il a qualifié d'« idiotes » la négation des origines et l'absence de reconnaissance de l'histoire de l'immigration dans l'histoire de France. Le « monde mondialisé » est, selon lui, celui de la diversité. Il a rappelé que la France et le Canada se sont battus en 1985 pour faire connaître par l'Unesco la « diversité culturelle ». « Il faut qu'on accepte la relativité des opinons et conviction. Chacun doit accepter que sa croyance ou son point de vue ne sont pas vérité absolue. Cela s'appelle la tolérance. Il faut qu'on reconnaisse aussi qu'on a des droits et devoirs », a-t-il conseillé.


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