Algérie

Cinquième mandat, affaire de la cocaïne, FMI: Les réponses d'Ouyahia



«La situation que vit l'Algérie et les défis qu'elle doit affronter nous ont poussé à revendiquer un 5ème mandat à Bouteflika», a soutenu hier Ahmed Ouyahia.Usant comme à son habitude de son sens «pimenté» de la répartie, et bien qu'il ait refusé de porter, le temps d'une conférence de presse, la casquette du 1er ministre, Ahmed Ouyahia le restera jusqu'à la fin de sa rencontre hier avec la presse. Il sera en évidence, en même temps, le secrétaire général «entier» du RND.
A ceux qui reprochent au président de la République de rester à son poste «depuis 24 ans», Ahmed Ouyahia répond : «Si vous allez dans l'intérieur du pays, vous n'entendrez pas ces paroles; la distribution, il y a quelques jours, de 50.000 logements, aucun doute que les gens étaient contents (…), ils veulent bien que Bouteflika reste». Il assure même, à propos du 5ème mandat, que «nous sommes engagés dans une position que nous ferons tout pour faire aboutir». Des ambitions personnelles ' Il n'en a pas selon lui. Il rappellera qu'«il y a eu qui ont dit qu'en 2014, j'avais des ambitions, en 2014, j'étais chez moi, je suis revenu engagé dans la campagne pour le Président, en 2013, ils avaient dit la même chose, en 2013, je n'avais pas de bureau (…)». Pour lui, «le RND prend position (celle du pôle des nationalistes et des républicains) pour un choix qui me semble, en tant que famille politique importante, réfléchi». Il assure notamment que «le Président est en bonne santé, il a toutes ses facultés pour évaluer, analyser et diriger». Il avoue d'ailleurs qu'«au regard de la structuration de la scène politique, sans mépris, nous pousse à appeler le Président à briguer un 5ème mandat».
Est-ce qu'il rencontre le Président ' lui est-il demandé. «Est-ce qu'il y a un pays où le 1er ministre ne rencontre pas le président '!' Pas au point de prendre un café avec lui, ce n'est pas dans les usages», dit-il, «mais on travaille tous sous ses instructions». A la réplique «un 5ème mandat contredit l'alternance au pouvoir», Ouyahia lâche : «L'alternance n'est pas offerte sur un plateau à l'opposition, on n'y croit pas au RND, il s'agit pour l'opposition de gagner le match ». A l'approche du renouvellement des membres du Conseil de la Nation, le SG du RND estime que «faire des alliances avec des parties est un secret de la bataille (…), il y a 48 batailles, nous avons 18 membres au Sénat qui arrivent à fin de mandat, on essaiera de les maintenir et d'en avoir plus».
«Je connais qui a payé les jeunes pour insulter dans le stade»
Il précise que «ce sont des élections qui n'ont pas de liens avec l'élection présidentielle de 2019». Mais «dans les institutions élues, ce sont des batailles ordinaires pour le parti, évidemment, on va vers des alliances pour gagner», affirme-t-il. Il nuance pourtant plus loin ses propos en soutenant que «Ouyahia ne demande pas à ce qu'il fasse des alliances, il nous suffit que depuis 99, nous avons participé à tout rapprochement sur la scène politique». A l'opposition, «la main est tendue», dit-il, en soulignant que «nous sommes prêts à assister à tout dialogue politique national à condition qu'il respecte les institutions». Il affirmera qu'il soutient «toute initiative de dialogue avec l'opposition, la porte est ouverte, reste que si on s'assied ensemble, il faut savoir pourquoi, avec la condition de respect au président de la République et aux institutions». Interrogé sur le pourquoi des insultes qui ont fusé du stade où il a été en tant que 1er ministre pour remettre la Coupe d'Algérie, Ouyahia répond : «Je suis un fils du peuple, j'ai vécu avec le peuple, je connais les stades et les insultes, je sais qu'on a payé les 2.000 jeunes pour insulter et qu'on les a manipulés». Il affirme ainsi que «ceux qui les ont payés, je les connais, je suis né à Bouaadnan, dans la wilaya de Tizi Ouzou, celui qui a payé, on le connaît et celui qui a manipulé, on le connaît, j'ai été pour remettre une coupe, je l'ai fait».
L'affaire de la cocaïne et l'arrestation de Kamel «El Bouchi» lui feront dire que «c'est d'abord une affaire de justice». Mais c'est surtout «une agression contre l'Algérie, c'est tenter de pourrir les Algériens de l'intérieur». Il affirme alors qu' «au RND, nous revendiquons la peine de mort pour les trafiquants de drogue et ceux qui veulent détruire le pays (…). J'ai eu à prévenir contre l'argent sale (…)». A propos des magistrats qui sont poursuivis dans cette affaire, il dira : «Attendons de voir ce qu'il en sera au final, mais à ce stade, l'opinion publique approuve le fait que la justice réagit, nous sommes en phase d'instruction, on n'accuse personne». Il estime que «s'il y a eu des arrestations, (même si d'autres affaires ont glissé entre les doigts), c'est que la justice existe, on doit s'en féliciter, c'est une guerre contre la corruption et contre ceux qui visent l'Algérie». Dans cet ordre, il dira de l'agent de l'étranger qui a attaqué l'Algérie à partir de Bruxelles (que) ce n'est pas une journaliste mais un agent à la solde de parties étrangères. Il poursuivra à propos de l'appel du président du MAK «l'autre agent», à la constitution de milices armées en Kabylie, n'est, selon lui, écouté par personne en sachant, dit-il, que «l'exclusivité du monopole de la violence est pour l'Etat, les appels de Mehenni sont contre l'Algérie et non pas contre Bouteflika».
«L'Algérie n'est pas dans la doctrine du FMI»
La suppression de l'article 6 de la loi de finances par la commission des finances de l'APN signifie que «le Parlement est contre cette taxe, qu'il en soit ainsi, avant, on disait que l'APN ne sait que lever la main, certaines Assemblées ont fait tomber des gouvernements». Il note que «le gouvernement est sous l'autorité et le contrôle du Parlement». Il reviendra sur son appel du pied aux pieds-noirs pour souligner que «mes propos ont été mal interprétés, des réactions, il y en a eu, entre autres, celle de l'ONEM (…), la lecture était fausse». Il réfutera le fait qu'il existe des contradictions dans ses discours. «En 2017, la situation économique en Algérie avait atteint son paroxysme, l'Etat n'allait pas payer ses fonctionnaires, la loi a été adoptée pour emprunter de la Banque d'Algérie, la situation qui prévalait aurait pu nous amener à un arrêt total de l'économie nationale, au niveau des banques, c'était la sécheresse, si nous avions dit cela, c'est pour sensibiliser les gens pour qu'on se réveille et aussi parce qu'on avait une solution». Il se défend encore en notant que «je n'aurais pas dit ça si on n'avait pas de solution, aujourd'hui, est-ce qu'on a redressé la situation ' Non, c'est un chemin, on a fait ce qu'il fallait grâce aux choix du président de la République, on a évité au pays une panne sèche».
Ouyahia qualifie la dernière décision de l'OPEP d'augmenter la production de «bonne nouvelle (…), en Algérie, nous avons été pris d'une fébrilité quand les prix du pétrole ont augmenté, cela veut dire ne plus faire d'efforts ' Faux ! Nos capacités en hydrocarbures sont appelées à la baisse, cela doit nous inciter à faire des efforts, un million de barils décidé par l'OPEP va freiner les prix, parce qu'un baril à 100 dollars, on nous raconte des histoires». La décision du président d'un financement non conventionnel a été prise, dit-il, parce que le pétrole était à 30 dollars. Il rejette tout commentaire négatif du FMI en faisant savoir que «l'Algérie est un mauvais élève de l'école du grand libéralisme, le FMI n'approuve pas cette ambivalence de l'Algérie, il n'apprécie pas qu'elle n'a pas opté pour l'endettement extérieur et pour une hausse des taux d'intérêt, elle n'est pas dans sa doctrine, l'une des chances est qu'elle puisse décider souverainement de son économie».
«Y aurait-il des entreprises algériennes dans Wall Street» '
Il pense que «le régime d'attractivité en Algérie est des plus attractifs, le souci du gouvernement est de stabiliser la situation pour ne pas changer les lois». Il expliquera comment le gouvernement a géré la crise financière y compris celle vécue par la Caisse de retraite ou la construction de logements AADL. «Si nous gérons la crise, c'est déjà un résultat (…), sinon, il y a des voix qui s'élèvent et qui font beaucoup de bruit, vous vous rappelez le PPP quand on dit qu'on allait brader le pays '!' Nous réussissons à dépasser quelques situations de slogans». La décision de récupérer les terres agricoles lui fait dire que «c'est une décision complexe parce qu'il y a eu toujours une lutte entre le fait de protéger les terres agricoles et celui de continuer à urbaniser le pays». Il explique que «les terres seront évaluées selon leur rendement en application des instructions du Président». Il s'attend à ce que «dans quelques mois, il y aura des plaintes parce qu'on dira qu'il n'y a plus de terrain pour le logement, on doit trouver des solutions, il faudra construire en hauteur (…)». Il pense même que «l'obligation va venir de coller Alger à Blida, on repoussera cette réalité le plus loin possible».
Ce qu'il pense de la grève des médecins résidents ' «8 mois de grève ! Si elle a été déclarée illégale par la justice, il est normal de la continuer» ' interroge-t-il. Il conseille de «discuter sagement et rationnellement sur ce qui est possible et ce qui ne l'est pas». Il indique encore que «la relation entre le gouvernement et le partenaire social, c'est de donner et de recevoir». Au sujet de la coupure d'Internet durant l'examen du bac, Ouyahia interroge encore : «Est-ce que nous nous devons de protéger cet examen contre les dérives qui n'existent qu'en Algérie ou pas ' Y aurait-il quelqu'un qui défend le fait de tricher» ' Il ne s'empêchera pas de titiller les patrons des entreprises qui ont fait part de «pertes importantes causées par cette coupure». Il ironise même en demandant «pourquoi les entreprises algériennes sont dans Wall Street ' Tout ce qui vient du gouvernement n'est pas bon». Il dira sur la création de l'Académie de tamazight que «l'académie est une institution scientifique, c'est un aboutissement de la réappropriation de l'identité nationale dans toutes ses composantes par l'ensemble du peuple algérien».
A une question sur l'attitude du Maroc envers l'Algérie, il répond : «On ne jette pas de l'huile sur le feu, le soutien de l'Algérie au Maroc (pour abriter la Coupe du monde), elle le fait toujours parce qu'on est voisins (…). Nos voisins ont démenti l'information ». Il rappelle cependant le fâcheux épisode des accusations du Maroc pour noter que «quand on nous accuse de soutenir le Polisario et le Hezbollah, dans le cadre de calculs mondiaux larges en impliquant l'Iran (…). Quand on a dit que la drogue venait du Maroc, vrai ou faux '!'» Pour lui, la différence entre l'Algérie et le Maroc, «l'Algérie respecte son voisin (…)».
Ses commentaires sur l'équipe nationale de football ' «Il y a longtemps que je me suis éloigné du foot (…)».


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