Algérie

Cinquantenaire : Grands transferts d'eau, défi relevé



Cinquantenaire : Grands transferts d'eau, défi relevé
Confrontée constamment au défi de satisfaire les besoins des populations et de l'agriculture en eau, l'Algérie a pu concrétiser ces dernières années de grands projets de transferts d'eau dans plusieurs régions ayant longtemps souffert du manque de cette ressource vitale.
Que ce soit dans les Hauts plateaux sétifiens, au Centre, dans l'Oranie ou dans l'extrême Sud, ces nouvelles réalisations, dont les travaux ont été particulièrement accélérés depuis 2004, permettent désormais à des millions d'habitants d'être enfin alimentés, de façon régulière, en eau potable et ce, grâce à des investissements, jamais consentis depuis l'Indépendance, dans le cadre de programmes de développement successifs.
Un caractère stratégique a été conféré aux projets visant à résorber et de façon définitive le problème de manque de ressources hydrauliques, qui n'est plus, aujourd'hui, qu'un mauvais souvenir pour les habitants des régions où plusieurs systèmes de transferts d'eau sont réalisés ou en voie de l'être.
Réalisés à partir d'un réseau composé de nombreux barrages, dont celui de Béni Haroun, le plus grand d'Algérie, de Chélif, de Taksebt et de Koudiet Asserdoune, mais aussi à partir de la nappe phréatique de In Salah, ces systèmes de transfert d'eau ont été conçus aussi comme solution durable pour l'alimentation du citoyen en eau potable et pour l'irrigation de vastes périmètres agricoles, de quoi contribuer à l'amélioration de la situation socio-économique des régions desservies.
Mais, c'est aussi la fixation des populations nomades de la wilaya de Tamanrasset, qui a été assignée comme objectif à travers la réalisation du mégaprojet du transfert d'eau de la nappe albienne d'In Salah vers la ville de Tamanrasset sur 750 km et qui est opérationnel depuis mars 2011, après trois années de travaux.
Exposée, de par sa situation au coeur du Sahara, au déficit en eau potable, aggravé ces dernières décennies par l'accroissement démographique, la wilaya de Tamanrasset connaîtra, à coup sûr, une relance de ses secteurs touristique et agricole, deux moteurs de l'économie locale.
Il s'agissait, dès le début, de réaliser une gigantesque infrastructure hydraulique permettant l'acheminement des eaux souterraines de In Salah via des canalisations totalisant un linéaire globale de 1.200 km pour un investissement d'environ 2 milliards de dollars. Ouvrage complexe du fait notamment des contraintes géologiques rencontrées par les entreprises réalisatrices, le transfert d'eau In Salah-Tamanrasset à une capacité d'adduction de 100.000 m3/jour, mais n'utilisera qu'une petite quantité des immenses ressources en eau hydriques dont recèlent les profondeurs du Sahara algérien.
En plus du chef-lieu de wilaya, cette nouvelle réalisation a permis aussi l'alimentation en eau potable et le développement des localités situées le long des canalisations comme In Amguel, Tit, Outoul et Arak, avec l'ambition d'en créer de nouvelles , surtout aux abords de la route transsaharienne, en vue d'insuffler une nouvelle dynamique économique dans une région frontalière au potentiel prometteur, surtout dans les secteurs du tourisme, le commerce et de l'agriculture.
L'amélioration de l'alimentation en eau potable de l'Oranie, une région frappée de plein fouet par la sécheresse pendant de longues années, a été l'objectif d'un autre projet de transfert d'eau non moins important à savoir le transfert d'eau Mostaganem-Arzew-Oran (MAO).
Celui-ci, inauguré en 2009, a permis d'éliminer le problème de disponibilité de l'eau potable dans les agglomérations et localités des wilayas d'Oran et de Mostaganem à travers la mobilisation de 155 millions de m3 d'eau par an à partir des barrages du Cheliff et de Kerrada.
Cette infrastructure hydraulique permet, ainsi, à la wilaya d'Oran, dont la population avait longtemps souffert du manque d'eau potable, de recevoir un apport journalier de l'ordre de 250.000 m3 et plus de 24.000 m3/jour pour la wilaya de Mostaganem.
Construit afin de résoudre et de façon durable le problème de manque d'eau dans la région centre, le transfert d'eau à partir du barrage de Koudiet Acerdoune dans la wilaya de Bouira est parmi les grands projets concrétisés par le secteur de l'hydraulique ces dernières années.
Koudiet Acerdoune a une capacité de 640 millions de m3 d'eau, le classant 2eme barrage après celui de Béni Haroun dans la wilaya de Mila.
Il assure, grâce à des grands couloirs de transfert d'eau, un volume d'eau annuel de 71 millions de m3 pour la wilaya d'Alger, 21 millions pour Bouira, 35 millions pour Tizi-Ouzou et 9 millions pour M'Sila.
Qualifié comme l'un des plus grands projets d'infrastructures hydrauliques en Algérie, le transfert d'eau des plaines sétifiennes, mis en chantier dans le cadre du programme quinquennal 2010-2014, consiste en la réalisation de systèmes pour alimenter en eau potable quelque 1,5 million d'habitants dans 25 localités de la wilaya de Sétif.
A la faveur de ce méga projet, qui devrait être réceptionné l'an prochain, 313 millions de m3 seront mobilisés à partir des barrages de Ighil Emda (Bejaia) et Eraguen (Jijel). En plus de son apport attendu en termes d'amélioration de l'AEP dans les plaines de Sétif et d'El Eulma, ce transfert d'eau devra permettre d'irriguer une superficie supplémentaire d'environ 40.000 hectares, de quoi multiplier par cinq la production agricole de la wilaya de Sétif.
Ce projet "permettra d'augmenter la production nationale de l'ordre de 20%, ainsi que la création de 100.000 postes de travail dans l'agriculture", avait souligné le ministre des Ressources en eau M. Abdelmalek Sellal lors d'une de ses visites sur le chantier pour lequel plus d'un milliard d'euro a été alloué.
Le barrage de Koudiet Asserdoun (Bouira) : un réservoir d'eau pour un bassin de population de près de 4 millions d'habitants
BOUIRA - Avec une capacité de mobilisation de 640 millions de m3 d'eau, le classant juste derrière celui de Béni Haroun dans la wilaya de Mila, le barrage de Koudiet Asserdoun de Maala, dans la wilaya de Bouira, est considéré comme un véritable réservoir d'eau pour un bassin de population de près de 4 millions d'habitants des wilayas de Bouira, Tizi-Ouzou, Médéa, M'Sila et Alger.
Selon la direction de l'Hydraulique de Bouira, ce méga-projet d'envergure régionale peut assurer, grâce aux grands couloirs des transferts d'eau, un volume d'eau annuel de 71 millions de m3 pour la wilaya d'Alger, 21 millions pour Bouira, 35 millions pour Médéa, 20 millions pour Tizi-Ouzou et 9 millions pour M'Sila, et ce, avec un dotation journalière de 120 à 170 litres/jour par habitant.
Cet ouvrage hydraulique réalisé sur les hauteurs de Maala, dans le bassin versant de l'oued Issers, pourvoit actuellement aux besoins en alimentation en eau d'au moins 25 communes de Bouira, en plus de 19 autres localités situées au sud de Tizi-Ouzou, est-il indiqué.
Des opérations sont, par ailleurs, en cours pour le raccordement de 31 communes de la wilaya de Médéa et d'autres de celle de M'sila, situées sur l'axe du couloir de transfert allant de la station de traitement de Djebahia, jusqu'à la localité de Boughezoul dans la wilaya de Médéa où est prévue la réalisation d'une ville nouvelle. Le projet sera réceptionné début 2013, selon les données fournies par l'Agence nationale des barrages et des transferts (ANBT).
Le barrage est équipé d'une station de traitement d'une capacité de 173.000 mètre cubes par jour, appelée à être doublée ultérieurement.
En outre, il est doté d'une station centrale de pompage et de 7 stations de refoulement, ainsi que de 16 réservoirs d'une capacité globale de 126.000 mètres cubes, s'ajoutant à trois autres réservoirs d'un volume total de 29.000 mètres cubes, desservant les régions de Draa El Mizane, Boghni et Ouadhias, dans la wilaya de Tizi-Ouzou.
Un projet aux bienfaits multisectoriels
Une partie des eaux de ce barrage est destinée à l'irrigation de 19.000 hectares de terres agricoles, dont 13.000 relèvent de la plaine de la Mitidja-Est, 1.000 ha dans la wilaya de Bouira et 5.000 autres dans la wilaya de Boumerdes.
Cette irrigation devrait permettre de quintupler la production de produits maraîchers dans ces wilayas, estimée actuellement à 25.000 tonnes, outre la création escomptée de milliers de postes de travail, tel que relevé par le ministre des Ressources en eau, M Abdelmalek Sellal, lors de sa dernière visite dans la wilaya.
L'apport de ce barrage pour le secteur des forêts est, quant à lui, perceptible à travers la création d'une multitude de petits projets relatifs à l'apiculture et la cuniculture, initiés sur les berges de cet ouvrage au profit des populations riveraines et ce, dans le cadre des programmes du développement rural intégré (PPDRI).
Il est prévu, par ailleurs, de faire de ce barrage un pôle de développement intégré, devant englober la pisciculture, des sports nautiques et autres activités touristiques et de loisirs, sur un espace de 18 km compris entre les wilayas de Bouira et de Médéa, fait-on savoir à la Conservation locale des Forets.
Un ouvrage répondant aux normes de construction internationales
C'est en 2006, que cet ouvrage hydraulique a vu ses travaux lancés avec des techniques de construction de pointe répondant aux normes internationales, incluant notamment le béton armé compacte, en y associant des normes antisismiques le rendant résistant à un séisme de 7,5 degrés sur l'échelle de Richter. Ce qui le classe, selon les experts "parmi les 20 premiers barrages à l'échelle mondiale", relève-t-on à la direction des Ressources en eau.
Cet ouvrage a été pensé dans le cadre des efforts des pouvoirs publics visant à couvrir les besoins en eau, sans cesse croissants, des populations, à "moyen et long termes", selon les responsables du secteur, qui estiment que sa concrétisation est une "fierté pour le peuple algérien, au même titre que les autres grandes réalisations qui ont vu le jour depuis l'indépendance nationale dans divers domaines".


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