Algérie

Cinquantenaire : Analyses et témoignages de sociologues et journalistes



Cinquantenaire : Analyses et témoignages de sociologues et journalistes
L'itinéraire des 50 années de l'indépendance de l'Algérie a fait l'objet jeudi soir d'une rencontre au Centre culturel algérien réunissant sociologues et journalistes pour évoquer à travers leurs analyses respectives le parcours politique et économique du pays.
Cette rencontre-débat qui a coïncidé avec la parution du dernier numéro du magazine "Confluences Méditerranée", sous le titre "Algérie, 50 ans après", consacré à la célébration du cinquantenaire de l'indépendance nationale a permis à des auteurs ayant apporté leurs contributions à cette publication, de livrer leurs analyses sur des thématiques diversifiées.
La jeunesse algérienne, et le malaise qu'elle traverse, les premières années de l'indépendance nationale et les rencontres que l'ancien correspondant du journal Le Monde Paul Balta à Alger a eues avec le défunt président Houari Boumediène, ont particulièrement été retenus par les intervenants.
Ainsi, le sociologue algérien Nadji Safir a souligné qu'en raison de son importance, en tant que composante d'une population de 37,1 millions d'habitants en janvier 2012, dont 38,65 % sont âgés de 15 à 34 ans, soit environ 14,3 millions de personnes, la question de la jeunesse revêt en Algérie un relief particulier qui la situe au coeur de tous les enjeux d'avenir de la société.
Pour le sociologue, les évolutions, les attentes, les perspectives et surtout les problèmes de la jeunesse ont nécessairement de lourdes répercussions directes sur la vie de toute la société dans les divers domaines d'intervention des politiques publiques.
Or comme l'indiquent toutes les données, la jeunesse algérienne est affectée indéniablement par un profond et durable malaise lié notamment au sous-emploi et au chômage, a-t-il dit.
Parallèlement à ces deux facteurs, il a également cité l'ensemble des phénomènes liés à l'émigration comme manifestation du malaise de la jeunesse algérienne. Il a indiqué ainsi qu'en France, le nombre de médecins spécialistes algériens y exerçant actuellement est estimé à près de 7000, au Québec depuis le début des années 2000, le nombre d'Algériens qui s'y installe chaque année est évalué à un peu plus de 4000 et que tout comme en France, le processus ne semble pas prêt de s'y arrêter.
Intervenant sur un autre volet, Si-Ahmed Souiah a estimé que parmi les grandes périodes qui ont marqué l'itinéraire du pays, depuis 50 ans, celle du président Houari Boumediène (1965-1978) fut marquée par des choix politiques qui ont eu des répercussions socio-spatiales et économiques les plus significatives. Il a cité alors la récupération des richesses minières, l'industrialisation, les réformes agraires, la construction de logement sociaux, de l'habitat rural, des infrastructures éducatives et sanitaires.
L'ancien correspondant du journal français Le Monde, Paul Balta est pour sa part longuement intervenu pour raconter ses souvenirs des multiples entretiens qu'il a eu avec l'ancien président de la République, le défunt Houari Boumediène qui lui aurait confié qu'il envisageait de "libéraliser le régime" et aurait exprimé "sa consternation" et vivement insisté "pour que le correspondant français qui venait d'être rappelé à Paris, se maintienne à son poste à Alger. Il cite ainsi les propos du président défunt qui lui a dit notamment :" Vous avez vécu la mise en place des institutions, il faut aller jusqu'au bout. Il va y avoir des changements importants. J'envisage pour la fin de l'année ou le début de 1979, un grand congrès du FLN. Nous devons dresser le bilan, passer en revue ce qui est positif mais surtout examiner les causes de nos échecs, rectifier nos erreurs et définir les nouvelles options. Témoin de notre expérience, vous êtes le mieux placé pour juger ces évolutions et en rendre compte".
"Intrigué, je lui avais posé quelques questions", poursuit Paul Balta dans son récit. "Envisagez-vous d'ouvrir la porte du multipartisme ' D'accorder plus de place au secteur privé ' De libéraliser la presse ' De faciliter l'organisation du mouvement associatif ' La façon dont il avait souri allait dans le sens d'une approbation puis : +Balta, vous êtes le premier à qui j'en parle, je ne peux être plus explicite pour le moment, mais faites moi confiance, vous ne serez pas déçu si vous restez+".
Paul Balta a expliqué à son journal ce qui s'est passé "mais la direction a maintenu sa décision", rapporte l'ancien correspondant du quotidien le Monde."Je suis donc retourné en informer Boumédiène qui m'a dit +Je ne peux que m'incliner, mais je déplore que vous ne puissiez pas être témoin des réformes importantes qui vont couronner, dans le sens de l'ouverture, celles dont vous avez été témoin, depuis l'adoption de la Charte nationale+".
"Comment m'était-il apparu au fil du temps '", raconte également Paul Balta."Discret mais efficace, timide mais fier, réservé mais volontaire, autoritaire mais humain, généreux ais exigeant, prudent dans l'audace. Il travaillait avec acharnement sans se soucier de ce qu'on pensait de lui à l'étranger".
"Une des premières initiatives de ce nationaliste intransigeant fut d'expulser d'Algérie, les nombreux conseillers arabes ou étrangers (à) qui se réclamaient du marxisme", s'est encore rappelé l'ancien correspondant du journal Le Monde à Alger.
"Ils sont venus essayer de faire chez nous, la révolution qu'ils n'ont pas été capables de réussir chez eux. Si nous les avons écoutés, ce n'est pas une mais plusieurs révolutions que l'Algérie aurait du faire en même temps", a par ailleurs rapporté Paul Balta citant le président Boumediène.


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