Algérie

Cinq ne font pas vingt-sept



Il faut reconnaître à Miguel Moratinos une passionméditerranéenne qui le rend réceptif aux initiatives qui ne viennent pasd'Espagne. D'où son soutien, franc et fort, au projet d'unioneuro-méditerranéenne lancé par le président français Nicolas Sarkozy, dont lemoins que l'on puisse dire est qu'il reste très flou.Il est compréhensible que l'Espagne, pour des raisons degéographie, d'économie et aussi de sécurité, marque un intérêt soutenu pour untel projet. On peut même dire que tous les pays européens méditerranéensparaissent intéressés pour les mêmes raisons. Mais engouement ne signifie pasfaisabilité et un Euromed-plus pourrait n'être qu'un mot de plus ajouté auxnombreux énoncés qui tentent de cadrer les rapports dans la région.Encore faut-il définir cette « région méditerranéenne »:est-ce les pays d'Afrique du Nord avec les pays d'Europe du Sud, est-cel'Europe au grand complet avec tous les pays riverains du sud de laMéditerranée ? On sait déjà d'expérience qu'un projet large pose de réelsproblèmes de faisabilité. Logiquement, si le projet euro-méditerranéen deSarkozy cherche l'efficacité, il devrait être circonscrit dans sa géographie.Ce serait donc l'Europe et un ensemble maghrébin dans lequel pourrait êtreincluse l'Egypte. C'est apparemment ce que suggère Miguel Moratinos en parlantdu besoin d'un « espace régional plus méditerranéen ».Le problème est que l'engouement en Europe pour le nouveauprojet euro-méditerranéen s'estompe vite à mesure que l'on prend le chemin dunord. Les pays européens du nord de la Méditerranée sont dans l'Europe et ilsn'ont guère de chance de faire avancer le projet s'ils ne parviennent pas àconvaincre les autres pays européens. De passage à Alger, le président duParlement européen, Hans-Gert Pöttering, a indiqué que le projet de créationd'une union euro-méditerranéenne « manque de maturité ». Le terme est trèsdiplomatique, mais il est évident qu'il traduit la réticence des Européens «non méditerranéens » à s'engager dans un projet qui, pour certains d'entre eux,fait double emploi avec ce qui existe.L'Europe, ce n'est pas une invention, est depuis au moinsune décennie totalement centrée dans l'inclusion des anciens pays de l'Est; lespays sud de la Méditerranée ont été très secondaires par rapport à cet objectifprimordial. C'est pour cette raison qu'il a manqué au processus de Barcelone lavolonté qui a prévalu dans la démarche d'inclusion des pays de l'Europe del'Est. Il n'est pas évident que l'intérêt des Espagnols, des Italiens et desFrançais pour l'espace méditerranéen devienne contagieux chez les autres payseuropéens, qui, pour certains comme l'Allemagne et la Grande-Bretagne, ne sontpas inactifs dans le domaine économique au Maghreb.Le projet d'union euro-méditerranéenne pourrait n'être dèslors que plus modeste, une variante du « 5+5 » qui existe déjà. Cinq, ce n'estpas l'Europe, et cela ne fait pas vingt-sept.


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