Algérie

Cinq mois sans salaire


Les travailleurs de l'Entreprise des travaux d'électrification de la wilaya d'Alger (ETEWA), dont le siège se trouve à Hussein Dey, sont sans salaire depuis septembre 2005. Tout au long de cette période, ils ont entrepris plusieurs démarches dans l'espoir d'aboutir à une régularisation de la situation des arriérés de salaire. Le groupe de travailleurs que nous avons rencontré au siège de la direction générale, sis à Hussein Dey, précise encore que des réclamations sur ce retard de paiement ont été portées à la direction de leur entreprise, en vain. En parallèle, ils ont saisi l'inspection du travail, la Société de gestion des participations centre (SGP) ainsi que l'UGTA. Toujours selon le groupe, des travailleurs contractuels ont été recrutés alors que l'entreprise n'arrive même pas à payer son personnel permanent. « Le problème des retards de salaire perdure depuis 2002 malgré la bonne santé financière de notre entreprise », nous déclare un membre du groupe des travailleurs. Pour preuve, poursuit notre interlocuteur, l'ETEWA possède à son actif plusieurs projets dont ceux des trémies de Chevalley, de Dar El Beïda, de Blida et de Constantine à l'est du pays. « Chaque fois, la direction nous répond que le problème se situe au niveau des factures impayées par les clients de l'ETEWA », enchaîne un membre du groupe en question, non sans omettre de préciser que les ouvriers contractuels recrutés ont pu bénéficier chacun « d'une avance sur salaire de 10 000 DA et 2000 da de prime », soutient-il. « C'est de la pure discrimination. Les salaires et les primes sont accordés à la tête de l'ouvrier, selon qu'il accepte ou pas d'apposer sa signature sur la fiche de v'ux », atteste-t-il. Les travailleurs de cette entreprise publique, précise encore ce groupe, ont déposé un dossier pour une reprise de l'entreprise par les salariés conformément à l'ordonnance 01/2004 et au décret exécutif 01-353 du 10 novembre 2003 comme cela a été le cas pour d'autres entreprises, mais cette procédure bute sur l'autorisation de domiciliation qui tarde encore. « Cela fait six mois que nous ne cessons de solliciter la SGP centre afin de nous accorder cette autorisation de domiciliation, mais jusqu'à présent, aucune réponse ne nous est parvenue », affirme le groupe de syndicalistes. Ces derniers précisent que les droits des travailleurs permanents ont été bafoués. « Des travailleurs permanents ont reçu des fiches de paie de 11 000 et 13 000 da, alors qu'en réalité, leurs comptes CCP n'ont été alimentés que de 3000 et 4000 DA. » Et d'enchaîner : « Le protocole d'accord signé entre les représentants du syndicat d'entreprise et la direction générale n'a pas été respecté. Ce protocole stipulait dans son article 7 qu'au cas où il y aurait des recrutements, la priorité sera accordée aux employés "libérés" dans le cadre de l'opération de compression d'effectif pour des raisons économiques », mais le recrutement s'est fait, d'après eux, d'une manière unilatérale sans en aviser le partenaire social. Nos interlocuteurs précisent que les projets d'électrification des trémies de Chevalley et de Constantine ont été accordés à des sous-traitants, alors que les travailleurs de cette entreprise sont maintenus au « chômage obligatoire ». « Les ouvriers sur le chantier de Chevalley ne possèdent aucune qualification. C'est pour cette raison que les contrats sont confiés à des sous-traitants », argumentent-ils. Un autre se lamente : « Nous avons bravé la mort et travaillé jour et nuit afin que notre entreprise puisse sortir de la zone rouge, mais voilà que nous nous retrouvons sans le sou. Nous avons passé le Ramadhan et les deux fêtes de l'Aïd sans salaire, alors que nous avons des familles à charge et des bouches à nourrir », se désole-t-il. Un autre renchérit que les frais de missions de ces multiples déplacements sur des chantiers à Oran et à Mohammadia, et qui datent de plusieurs mois, n'ont pas été honorés. Par ailleurs, les ateliers de cette entreprise situés au 4 rue Jacques Grégory (face à la salle Harcha) sont dans un état lamentable. Des odeurs nauséabondes et des mares d'eau noirâtre agressent les visiteurs. A l'extérieur, des sacs-poubelles et même une carcasse de véhicule salissent le quartier. Une plainte a été même déposée par les habitants, nous dit-on. « Un devis d'un montant de 15 000 da pour des travaux de curage et de débouchage de regard a été transmis, en date du 4 novembre 2005, par l'OPGI de Hussein Dey, mais jusqu'à présent, les ateliers sont abandonnés et le matériel ne cesse de se détériorer de jour en jour. » Les ateliers d'éléctromécanique de la rue Mohamed Zekkal sont également dans un piteux état. « Nous pouvons réaliser des armoires électriques pour 3500 da, mais la direction préfère faire appel au secteur privé pour alimenter ses chantiers », renchérit ce soudeur, ayant plus de 20 ans d'expérience au sein de cette entreprise. Les ateliers de l'entreprise de Dar El Beïda, de Semmar, de Hydra et de Bir Mourad Raïs sont, eux aussi, dans un même état. « Des camions de gros tonnage sont abandonnés à Dar El Beïda, alors que des groupes électrogènes se sont volatilisés », atteste cet employé. « Nous ne voulons que sauvegarder notre emploi et assurer notre retraite. Nous voulons reprendre cette entreprise et la rendre plus compétitive sur le marché national. Nous avons des employés compétents et prouvé sur le terrain notre capacité d'entreprendre. Pour preuve, nous avons réalisé le réseau d'électrification de l'ensemble des trémies et échangeurs à travers le pays », conclut le groupe de syndicalistes.Le PDG introuvableNous avons tenté de joindre sans succès le président directeur général de cette entreprise, El Hadj Djeridel, pour avoir sa version des faits concernant les accusations portées à son encontre. Son téléphone portable est resté fermé à nos appels. Idem pour les lignes fixes de sa direction générale. En plus, aucun responsable de cette entreprise n'était sur les lieux le jour de notre déplacement. Le lendemain de notre visite, une directive verbale émanant de la direction générale ordonna la fermeture des portes de la DG de l'ETEWA et la « mise à la porte » de l'ensemble des travailleurs. Des directives « d'interdire l'accès aux journalistes », selon les travailleurs qui nous ont contacté, ont été transmises à l'ensemble des gardiens des ateliers de l'ETEWA.
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