Algérie

Cinémathèque de Sidi Bel-Abbès



«Hadj Lakhdar et la bureaucratie» un film reflétant l’air du temps Le personnage de Hadj Lakhdar s’impose désormais en prototype dans la filmographie algérienne et devient même le nouveau héros sans peur et sans reproche, sorte de Don Quichotte de l’Algérie du petit et grand écran. Les cinéphiles bélabésiens l’ont découvert en 35 mm et ont pu mesurer combien chez nous le burlesque et la comédie satyrique sont les genres préférés, donnant lieu à un spectacle, somme toute reflétant l’air du temps. Le scénario de Lamine Merbah raconte les péripéties d’un taleb campé par Lakhdar Boukhars qui va -à ses dépends- connaître les affres et l’enfer de la bureaucratie, rencontrer des situations aussi abracadabrantes que burlesques le long d’un itinéraire à travers les couloirs et les bureaux d’agents les plus zélés ou décalés avec les normes. Et aussi pour nous signifier que, peut-être qu’à travers ce guérisseur obscur, l’on va arriver à soigner nos maux. Il y a lieu de noter que le public a bien apprécié ce thème, bien entendu sensible, cependant à trop vouloir forcé sur l’hilarité, le film pêche parfois pour ce goût immodéré pour la caricature des personnages à outrance, et finit dans la platitude. Peut-être que passer d’une technique à l’autre n’est pas si évident d’autant que le feuilleton TV à ses lois que n’a pas le film grand écran. On peut dire que le portrait de la société est peint à gros trait, ce qui rend le regard du spectateur expéditif et ne l’aide pas à bien méditer ce fléau. Le film aurait pu oser approfondir les traits de caractères des protagonistes de cette tragi-comédie et aurait mieux servi l’intensité dramatique un peu à la manière du néo-réalisme des Italiens, en l’occurrence les Dino Risi, Mario Monicelli, dont la critique sociale incisive, profonde et sans à priori a touché non seulement la société italienne mais le monde entier. Disons que ce travail mérite tout de même qu’il soit diffusé dans nos salles de cinéma et montre s’il en est qu’un média lourd comme la télévision peut contribuer efficacement à l’éveil du 7e art. En attendant que l’industrie cinématographique reprenne service chez nous et renoue avec la production tous azimuts. Sidi Bel-Abbès, en tous les cas, a applaudi les comédiens que sont Lakhdar Boukhars, Hamid Achouri, Bakhta, Mourad Khan, Lynda Sellam et Farid Roker. Bonne prestation à saluer et aussi pour ce rire étalé chez chacun offrant un plaisir d’être dans une salle obscure.   Ahmed Mehaoudi


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