Algérie

Cinémathèque d'Alger



Cinémathèque d'Alger
Vécu ? L'histoire de toutes les femmes battues, violentées, opprimées. Des créatures soumises à la loi coutumière, du nif et des traditions, de l'indifférence...C'est à travers ce film-documentaire relatant le calvaire d'une algérienne parmi tant d'autres, que le réseau Wassila (réseau de réflexion et d'action en faveur des femmes et des enfants victimes de violence) a voulu marquer la Journée de la femme, hier, à la cinémathèque d'Alger.Avec un passé associatif de presque une décennie, le réseau enregistre chaque jour des cas de violence envers les femmes auxquelles, pour celles qui se rapprochent de son organisation, il apporte soutien, assistance et une écoute attentive. En programmant le film-documentaire Safia, une histoire de femme pour cette journée-symbole, un film signé Habiba Djahnine, les membres du réseau ont mis le doigt sur la souffrance humaine d'une jeune mère de famille. Safia la pure, est une jeune fille dont l'existence va basculer avec son mariage. Elle perd durant la période ses fiançailles, son frère, sa mère et son père. Trois deuils consécutifs et elle ne se sentira pas battue par le destin. Même quand elle se rend compte que l'homme qui devait être «sa moitié», le père de ses enfants, un cynique personnage, violent, tirant profit de son argent et de ses biens, elle reste clairvoyante et responsable.Dans une maisonnette, construction illicite, Safia parle, raconte son calvaire, ses souffrances physiques et morales, sans verser dans le misérabilisme. Forte de caractère, la maman ne veut plus être un sous-être. Elle apparaît comme la déesse-mère qui se bat pour le fruit de ses entrailles, ses enfants. Seule sa voix nous parvient par le biais des images, le reste du corps est plongé dans la pénombre. On ne connaîtra de Safia la pure, la femme courage, la mère téméraire que le son de sa voix. Elle arrivera à déjouer, victorieuse, les tractations méprisables de son époux. C'est sans compter avec «la sale maladie» qui viendra la surprendre sans crier gare. Une fois sa liberté gagnée et séparée d'un individu sans scrupules, elle est emportée par un cancer. Ainsi finit son chemin de courte vie sur cette terre non sans avoir connu la joie d'être sortie triomphante contre la cruauté de certains de ses semblables. Elle se sera dirigée 18 fois vers les tribunaux pour qu'enfin elle obtienne gain de cause.Après une présentation succincte du réseau Wassila par une des membres du bureau, le débat s'est axé sur la relance de la loi contre les violences à l'encontre des femmes en Algérie. «Une loi-cadre apte à renforcer l'arsenal juridique, dissuasive pour réduire les violences contre les femmes», a-t-on indiqué.Le réseau Wassila dans son engagement militant, humanitaire et pour le droit des femmes, respectant les principes de ses fondements, exige qu'il y ait une législation particulière englobant tous les aspects. A cet effet, l'intervenante et membre du réseau a mis en exergue que «la proposition de loi signée en janvier 2012 par 40 députés femmes au niveau de l'Assemblée, entérinée par le bureau de cette institution législative, n'a pas été soumise à la plénière». Elle ajoutera : «Les priorités sont ailleurs. Or, c'est une urgence.» Quelques chiffres enregistrés au niveau du réseau depuis sa création en 2005 : 9 000 appels de femmes en détresse et une écoute particulière pour chaque cas. 900 femmes ont été prises en charge dont 80% se sont rapprochées pour des violences familiales et 60% pour violences conjugales. Face à une société attachée aux traditions et au rejet du divorce pour la rupture des liens qu'il engendre, les femmes appréhendent de se diriger vers les tribunaux, craignant le désaveu de leur entourage. Il reste à souligner, selon une des animatrices que les violences sur la voie publique ne sont pas importantes.




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