Algérie

Cinémathèque algérienne



Cinémathèque algérienne
Evocation ? Il est inconnu du grand public, hormis ceux qui l'ont côtoyé à l'époque, ceux-ci s'en souviennent, à l'instar de Boudjemaâ Kareche qui, d'ailleurs, lui a succédé en 1979, à la tête de cette institution emblématique et mythique, qu'est la cinémathèque, un lieu qui a brillé de mille feux dans les années 1960, 70 et 80.Rares sont ceux qui le connaissent. Et pourtant, il est l'une des figures déterminante du paysage culturel algérien, puisqu'il fut le premier directeur et membre fondateur de la cinémathèque algérienne ? il avait participé en 1964 à la création? de la cinémathèque algérienne avec Mohamed Sadek Moussaoui et Jean-Michel Arnold, ancien secrétaire général de la cinémathèque française.Celui qui a dirigé, de 1964 à 1979, cet établissement, haut lieu de l'expression cinématographique, nous a quittés, ce jeudi 17 avril, à près de quatre-vingts ans, s'appelle Ahmed Hocine.L'histoire d'Ahmed Hocine est étroitement liée à celle de la cinémathèque algérienne. Son nom est donc associé à cette institution historique, qui, connue en Afrique, en Asie, en Amérique latine et en Europe, a vu passer beaucoup de grands noms du cinéma?: Langlois Losey, Sholdorf, Chahine, Tanner, Kontchalovsky et Littin, Semben Ousman... Côté algérien, on peut citer?: Tolbi et Hachemi Chérif, Ifticène et Rachedi, Bouamari et Tsaki Brahim.Ahmed Hocine a beaucoup donné pour le développement de la cinémathèque. Il a travaillé de manière à lui insuffler une dynamique permanente. Grâce à sa politique de gestion, il a permis à des milliers d'étudiants de se familiariser avec Jean-Luc Godard, Orson Welles, Federico Fellini ou les premiers films de Wim Wenders, de Souleymane Cissé, Jean Rouch ou Désiré Ecaré, avec débats obligatoires et réflexions sans fin sur diverses thématiques, toutes liées à l'actualité. Ses soirées de débat après chaque projection resteront pour longtemps dans les mémoires ? et les annales de la cinémathèque. En effet, ce qui caractérisait la cinémathèque, c'était le nombre de spectateurs avides de voir des films, de tout genre, d'écouter, de discuter, et surtout de découvrir la liberté de ton des intervenants. Cette dynamique enclenchée par Ahmed Hocine ne pouvait se faire sans l'apport de Boudjemaâ Kareche qui, à l'époque, est un jeune et fervent cinéphile. A ce propos, Boudjemaâ Kareche s'en souvient, dans un entretien ayant pour titre Boudjemaa Kareche,VIP du Cinema Algerien, réalisé par Samir Ardjoum en 2009, et extrait du site http://cultures-algerie.wifeo.com. «J'ai fait connaissance avec l'ancien directeur de la cinémathèque, Ahmed Hocine. Le plus Algérois des Algérois. Il m'aime bien, me trouve intéressant et finit par me proposer un poste d'animateur pour une période de trois mois. J'accepte. Je devais faire la programmation (à l'époque, nous avions beaucoup de distributeurs), organiser des conférences, faire vivre cet endroit. Il faut que tu saches que j'ai terminé mes études et que je compte travailler aux affaires étrangères. Comme tu peux le constater, je n'aspirais pas à devenir ce que je suis actuellement. Les trois mois se sont terminés, Hocine insiste pour que je travaille avec lui en tant que conseiller culturel. Et c'est ainsi que pendant huit ans, je suis resté dans le domaine du cinéma. De 1970 à 1978, je créais des salles de cinéma, animais des débats... Et puis arrive le jour où Hocine me donne les clés de la Cinémathèque.»Témoin d'une des périodes les plus riches du cinéma algérien post-indépendance, il dirigera la cinémathèque jusqu'en 1979 avant de céder la place à Boudjemaa Kareche. Celui-ci, en assurant avec succès la relève, a contribué à faire vivre ce temple de la cinéphilie, pendant plus de trente ans. Il a accompli un travail colossal, faisant de ce lieu, l'une des meilleures cinémathèques du monde. Ahmed Hocine a également été directeur en 1994 du Centre algérien de l'art et de l'industrie cinématographique (CAAIC, dissous en 1998), poste dont il démissionnera en 1996. De son vivant, Ahmed Hocine a été un défenseur acharné d'une gestion des salles de cinéma par des professionnels du 7e art, s'opposant de ce fait à leur affectation aux communes qui n'ont aucun rapport avec le cinéma. Une fois la concession aux communes de l'exploitation des fonds de commerce de spectacles cinématographiques, le parc cinématographique a commencé à péricliter, puisqu'au fil des années, les responsables locaux constatent que ces salles deviennent pour eux un fardeau sur le plan financier. Ils louent alors ces espaces à des particuliers, une manière de s'en débarrasser. Cela a précipité la déchéance des salles de cinéma. Depuis, le nombre ne cesse de rétrécir. La plupart des salles de cinéma ont été détournées de leur vocation première : pour certaines, elles ont été transformées en gargote, en salle des fêtes, pour d'autres elles sont jusqu'alors, fermées et sont dans un état de délabrement avancé. Et rien n'est fait concrètement pour y remédier, y mettre le holà.




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