Cinéma. The Iron Lady : L'obscure frénésie du pouvoir Culture : les autres articles

Le 14 février prochain, l'orchestre philharmonique de Berlin jouera peut-être l'Allegro Vivace de Mozart sur la scène du Berlinale Palast. A cette occasion, l'actrice, Meryl Streep, fera son entrée pour recevoir l'Ours d'or d'honneur du 62e Festival international du film (Berlinale).
Après, place au film The Iron Lady (La dame de fer), biopic de Margareth Thatcher où Meryl Streep fait, paraît-il, une brillante interprétation. Meryl Streep a déjà joué dans 40 films et pas des moindres, réalisés par Woody Allen (Manhattan), Michael Cimino (The Deer Hunter), Out of Africa (Sidney Pollack), Sophie's Choice (Alan Pakula)... The Iron Lady, réalisé par Phyllida Lloyd, est déjà sorti en Angleterre. Meryl Streep a dû subir de longues séances de maquillage pour ressembler au modèle toujours en vie, icône du parti conservateur, frappée aujourd'hui par la maladie, la décadence, la solitude. Elle qui fut l'incarnation d'un pouvoir dur, frénétique, sans pitié jusqu'à sa chute en 1990.
Ces jours-ci, la presse anglaise salue la performance de Meryl Streep, une Américaine qui joue une Anglaise jusqu'aux bouts des ongles. Selon le critique du quotidien de gauche The Guardian, Meryl Streep est splendide dans le rôle de Thatcher, à tel point que sa performance passe au-dessus du sujet lui-même. On rappelle à plusieurs reprises que Mitterrand comparait Thatcher à Caligula ! Les critiques se souviennent bien de celle qui fit la guerre absurde des Malouines, une île que peu d'Anglais savent encore situer sur une carte, et de celle qui a voulu briser les syndicats du Royaume- Uni, qui a mené une lutte implacable contre les indépendantistes d'Irlande du Nord (IRA).
De 1979 à 1990, Margaret Thatcher a constamment usé de la force contre les travailleurs, contre les mineurs qui ont déclenché une grève historique en 1985 à la suite de la fermeture des mines dans le Yorkshire. Elle a privatisé les entreprises publiques et poursuivant sa politique ultralibérale, elle a coupé les budgets sociaux et aggravé les inégalités sociales, jetant des milliers de sans- abri dans les rues de Londres et des grandes villes anglaises. Jusqu'à aujourd'hui, la droite anglaise continue à l'aduler et le Premier Ministre conservateur actuel, David Cameron, est sorti mal à l'aise de la projection de The Iron Lady. La gauche anglaise, bien entendu, continue à haïr l'ancienne dirigeante qui était proche de Ronald Reagan, qui a soutenu Pinochet au Chili et osé traiter Nelson Mandela de «terroriste».
Car la dame de fer haïssait l'Angleterre multiraciale, multiculturelle et multi-ethnique, bien que d'origine modeste. Margareth Thatcher est la fille d'un modeste épicier londonien, qui a d'ailleurs tout perdu pendant le Blitz, les bombardements de la guerre. Quelques jours après la grande cérémonie du Berlinale Palast, Meryl Streep sera à Los Angeles où tout porte à croire qu'un troisième Oscar viendra s'ajouter aux deux précédents de sa grande carrière.