Ce documentaire est intéressant à plus d'un titre, notamment parce que, n'ignorant pas la réalité économique difficile née de la chute du mur de Berlin et la dépendance antérieure vis-à-vis de l'URSS (canne à sucre contre biens divers), il se place également en porte-à-faux par rapport aux propagandistes du monde capitaliste, ceux des Etats-Unis en tête, qui tendent, en diabolisant le régime, d'exagérer la réalité sociale du peuple cubain.
Les acquis de la Révolution, enseignés dans la joie jusqu'à aujourd'hui dans les écoles (comme le montre bien le film), sont indéniables et les héros, grâce à qui un monde nouveau est rendu possible, sont toujours vivants dans l'inconscient collectif. En filmant les Pionniers (les écoliers qui perpétuent les idées généreuses de la révolution) d'aujourd'hui, la réalisatrice renvoie à une réalité qu'elle-même et ceux de sa génération ont vécue mais en mieux. Camila Gúzman est Chilienne née au début des années 1970. Ses parents ont été contraints à l'exil après l'assassinat du président Salvador Allende, élu démocratiquement grâce au soutien de la gauche et de l'extrême-gauche, avant d'être renversé par le dictateur Pinochet, allié du capitalisme. Elle fait parler sa propre mère. « C'est quand nous somme arrivés à Cuba que vous avez retrouvé la stabilité », déclare la mère qui plante le décor, faisant de Cuba le pays d'adoption de la réalisatrice qui a retrouvé quelques- uns de ses anciens camarades de classe, représentants de toute une génération.Comme elle, résidant aujourd'hui à Paris, beaucoup sont installés à l'étranger, en Europe, aux Etats-Unis, en Australie et même en Chine mais aucun d'eux n'est parti pour des raisons politiques. « C'est quand je suis parti en occident que je me suis rendu compte que la formation dont j'ai bénéficié à Cuba est de qualité, car de même niveau que dans n'importe quel pays développé », déclare un ancien camarade de retour au pays pour voir ses parents. La santé, le logement et l'éducation pour tous est, malgré les imperfections, une réalité palpable à Cuba. L'exemple donné par ce pays a eu un grand écho en Algérie sur le plan politique, sur le plan de la coopération (dans le domaine de la santé notamment) mais aussi artistique. « Nous n'ignorons pas la lutte des travailleurs et paysans cubains », chante Djamel Allam dans son titre Cuba extrait d'un album sorti en 1981et où il cite José Marti et Che Guevara. Il avait participé en 1979 à un festival de la jeunesse.Parmi les parents des hommes et des femmes qui ont témoigné dans ce film, certains ont participé directement à la révolution et beaucoup ont mené les vastes campagnes d'alphabétisation dans le milieu rural tout en participant, par conviction, au travail dans les champs. D'autres, malgré les possibilités offertes ont choisi de rester. « Je me sens bien ici », déclare un autre camarade, dont les parents sont passés de l'autre côté, à Miami (USA), mais de manière tout à fait inattendue. Le père se trouvait par accident dans le bateau-bus qui a été détourné contre son gré et la mère l'a suivi plus tard. Avec le Rideau de sucre, on est toujours loin des clichés d'un régime autoritaire contre un peuple soumis. Il faut sans doute garder en tête les pénibles conditions des travailleurs et paysans avant la révolution, pour comprendre que la majorité du peuple cubain qui cherche une alternative ne veut, en revanche, pas revenir en arrière.
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Posté Le : 02/12/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Djamel Benachour
Source : www.elwatan.com