Cinéma-Française : Hafsia Herzi en route pour la gloire
A part la comédie trentenaire de Mahmoud Zemouri Prends dix mille balles et casse-toi, peu de cinéastes franco-maghrébins se sont attaqués au thème du « retour » au pays pour des immigrés désormais majoritairement installés en France, leur pays d?accueil. Paris : De notre bureau Aussi, le mérite en est-il d?autant plus grand que la cinéaste Souad El Bouhati, d?origine marocaine, a su déjouer tous les pièges des situations caricaturales que peut engendrer un tel sujet.La principale convention évitée, c?est celle qui aurait consisté à montrer une famille maghrébine à caractère traditionnel vivant un retour désiré au pays et dont l?un des enfants n?aurait de cesse que le fuir?Ce sont en effet les aléas de la vie économique qui obligent toute une famille marocaine à regagner le pays natal, tandis que Sofia (Hafsia Herzi) n?a que 10 ans et qu?elle vivait heureuse dans sa province auprès de sa copine Elodie. Le père (Maher Kamoun) et la mère (Farida Khelfa, l?ex-mannequin fétiche de Jean-Paul Goude des années 80) ont repris la ferme familiale et un mode de vie local que Sofia va traverser entre rejet et adhésion, même si le rêve de retour en France l?habite en permanence. Les parents, sans verser dans l?assimilation à la culture occidentale, sont plutôt relativement modernes et ne font pas vivre leur fille (qu?on retrouve à 18 ans) dans l?enfermement. Elle a même un petit ami aux accents de tolérance et en rien du tout « macho », comme, là aussi, la convention l?aurait voulu... et du coup, on adhère avec bonheur à la démonstration sociologique d?une famille revenue au Maroc et qui vit plus avec l?acceptation d?une certaine autonomie pour ses enfants que dans l?exercice d?une autorité parentale, attendue, sévère et contraignante. Souad El Bouhati signe là un film tout en nuances et qui évite le piège du simplisme et de l?anecdotique pour brosser un portrait attachant de personnages desquels ressort bien sûr la figure de Sofia, qu?incarne avec maestria Hafsia Herzi, révélée par La Graine et le Mulet. Elle est de la race des futures stars qui n?ont guère fréquenté les conservatoires d?art dramatique, mais que la nature et le hasard ont dotées d?un talent précoce et naturel.Au point qu?elle donne à ses personnages une épaisseur psychologique qui ne peut que ravir ceux qui la dirigent sur un plateau.On aura de plus en plus l?occasion de parler d?elle, tant elle enchaîne les projets. Elle vient d?achever le tournage de Un Homme et son chien de Francis Huster (remake de Umberto D. de Vittorio de Sica), sous la direction duquel elle joue aux côtés de Jean-Paul Belmondo qui, lui, fait son grand retour, quand, elle (Hafsia), prend son envol? pour la gloire assurément !
Posté Le : 02/06/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mouloud Mimoun
Source : www.elwatan.com