Au milieu du programme du 6e Festival de Dubai, où le cinéma égyptien avec ses gros moyens se révèle encore une fois antipathique et très médiocre (voir l'insupportable Assafir al Nil de Magdy Ahmed Ali), on tombe sur un miracle kurde, une vraie surprise : Dans le soupir du vent, premier long métrage de Sharan Alidi.
Magnifiquement mis en scène, superbement photographié par Tourag Aslami, joué avec un immense talent par des acteurs sans doute amateurs, comme Fakhar Barzani, Mariam Bouban, Omar shawsin, cette singulière 'uvre kurde réchauffe soudain un programme qui donnait des signes nets d'essoufflement. Dans les montagnes du Kurdistan irakien, c'est un facteur, courageux et dévoué à la population, qui porte par tous les temps le courrier dans les lieux les plus impossibles accès et en même temps il délivre les messages ultrasecrets des combattants vivants dans leurs refuges escarpés et quasiment inaccessibles. Le facteur est un personnage emblématique, incontournable de la saga révolutionnaire du Kurdistan. Il met beaucoup d'enthousiasme dans sa mission qui se présente pourtant comme un pari impossible en raison de la répression, de l'état de guerre totale engagée par le régime de Baghdad contre les séparatistes kurdes. Le récit se déroule bien des décades avant la chute de Sadam Hussein. Film sur la mémoire du peuple kurde et 'uvre cinématographique d'une richesse inoubliable, de bout en bout captivante. Brillantissime talent de Shajran Alidi, né en 1961, qui a fait ses études à la faculté des beaux-arts de l'université de Téhéran. La superbe réussite de son film donne raison à tous ceux qui affirment que les grands moyens et les meilleures conditions ne font pas toujours de bons films, mais qu'en revanche avec très peu de moyens on peut faire un chef d''uvre, il suffit juste d'avoir du talent.Dans le soupir du vent est aussi un film musical avec une partition très belle de Ashgar Abgoun et comporte des épisodes extrêmement drôles : quand le chef des combattants demande au facteur d'aller enregistrer le premier cri de son enfant qui va naître. Moment d'espoir magnifique, quand le facteur court les vallées et les montagnes pour retrouver la mère obligée sans cesse de fuir la répression et qu'il parvient à enregistrer le cri du bébé, qui vient de naître, pour le diffuser sur les ondes de la radio clandestine des combattants. C'est une manière de croire à un avenir heureux, de se dire que les temps durs finiront par passer. Section documentaire, Juila Bacha, réalisatrice américano-brésilienne, d'origine syrienne, a présenté son reportage sur la résistance des habitants du village de Budrus, en Cisjordanie occupée, contre la construction du mur sur leurs terres. Les Palestiniens, toutes factions unies, rejoints par des pacifistes israéliens et des militants sud-africains contre l'Apartheid ont réussi, au bout de plusieurs mois de lutte pacifiste, à faire reculer l'Etat sioniste, son armada militaire et ses bulldozers en rendant les terres et les oliveraies à leurs propriétaires légitimes. Les femmes de Budrus ont pris une part importante à cette grande victoire.
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Posté Le : 16/12/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Azzedine Mabrouki
Source : www.elwatan.com