Algérie

Cinéma «Pain noir», ou la quête de vérité


Projection - Les Journées du film méditerranéen d'Alger, entamées samedi dernier, se poursuivent à la salle Cosmos de Riad El Feth, à raison de quatre projections par jour.
C'est ainsi que les cinéphiles ont pu avoir un aperçu du cinéma espagnol, et ce, à travers «Pain noir», un film réalisé par Agusti Villaronga et ayant remporté neuf Goyas (quatre pour les acteurs, un pour le réalisateur, puis meilleur film, adaptation, photographie et décor).
Le film traite en filigrane de la question de la mémoire, en levant le voile sur un pan de l'histoire contemporaine espagnole resté encore tabou, à savoir la guerre civile. L'on est au lendemain de la guerre civile espagnole.
Le film, dont le scénario est habilement écrit, s'ouvre sur un crime. Un meurtre est en effet commis dans un petit village de Catalogne (Espagne). Un homme est injustement accusé et son jeune garçon, Andrieu, décide alors de trouver les tueurs pour disculper son père.
C'est alors que le film se lance dans une quête des plus audacieuses et des plus dures à assimiler, celle de la vérité, et à travers laquelle le réalisateur aborde, voire soulève, les retombées de la guerre civile sur ce petit village catalan ponctué de traîtrise, de misère et d'amertume, et où tout le monde ment pour se protéger.
En effet, l'enfant découvre au fil de ses «pérégrinations» une réalité bien plus complexe et sombre, chargée de secrets inavouables. Il guette, explore, écoute. Il glisse son regard partout dès qu'il en a l'occasion ' et les occasions ne manquent pas. Il cherche à comprendre. La caméra devient alors les yeux de l'enfant.
Ce dernier se trouve aussitôt perplexe, perdu entre mensonge et vérité bafouée. Il est confronté au monde des adultes, pas souvent tendre qu'il le croyait être, un monde perfide et terrible. La quête menée par le jeune garçon se veut initiatique, car elle le mène aussitôt vers un apprentissage social. Mêlant le fantastique au réalisme, teinté de poésie, le film fait immerger le public au c'ur des conflits moraux et des passions humaines les plus extrêmes. Pain noir à l'intrigue touffue se présente comme un miroir qui renvoie notre reflet et sonde les abîmes de notre conscience. Il comporte de la violence (la violence la dispute à la naïveté de l'enfance qui est, malgré elle, confrontée à la dure réalité des adultes), beaucoup de compassion et d'humanité. Il nous renvoie de ce fait à notre propre nature humaine, tantôt sadique tantôt conciliatrice, bonne ou mauvaise. Qu'importe. L'essentiel, c'est que le réalisateur a su saisir tout cela. Il s'agit là d'une belle performance cinématographique.
Ainsi, toute l'existence ' ou la condition ' de l'homme est déclinée sous ses multiples facettes.
Organisée par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel, en partenariat avec la société de diffusion et de production, MD-Ciné, et placée sous le signe de «Méditerranée, terre de cinéma», cette rencontre se propose de faire découvrir aux cinéphiles de longs métrages de fiction récents de bonne qualité, exprimant de diverses manières les talents, les styles et les tendances du cinéma du bassin méditerranéen. Ces journées se poursuivront jusqu'à demain avec «The Artist», un film français plusieurs fois oscarisé. Ce film viendra donc clôturer ce rendez-vous cinématographique.
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