Algérie

Cinéma'



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Réminiscences ? Parfum d'Alger, un long métrage signé Rachid Benhadj, a été projeté, hier à la cinémathèque et ce, à l'initiative de l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel en partenariat avec le Centre national de la cinématographie.Interrogations sur un passé lourd à porter à travers l'histoire de Karima photographe célèbre et reconnue à l'étranger et son retour à Alger, il y a l'histoire de l'Algérie et les années de terreur avec toute l'horreur qu'elles ont charriée et qui ont stigmatisé la population. Plus particulièrement les femmes.Karima forte tête, féministe avant l'heure tournera le dos aux poids des traditions et à une vie familiale où elle se sent à l'étroit. Son retour après 20 ans d'absence ne lui fera retrouver les parfums de sa ville qu'à travers une blessure non cicatrisée, le viol par son père, homme violent, ancien moudjahid gardien de la révolution et de l'honneur familial, de sa pupille.Le retour est pavé de réminiscences, de souvenirs d'enfance, de jeux, de complicité avec un jeune frère aimé. Le père à l'agonie, Mourad le frère en prison pour son engagement auprès des groupes armés et le drame qui se joue dans l'intimité des êtres que forme cette famille dans une Algérie en proie à la violence.Un film âpre, des scènes où se côtoient l'humain et l'inhumain, les parfums du jasmin et la balançoire, la prison forteresse et les enfants orphelins de la tragédie à qui l'on panse tant bien que mal les blessures. Le désespoir et l'espoir de ces femmes qui sortent dans la rue et crient leur colère. De très belles images et prises de vue du début à la fin donnant à l'?uvre une dimension orale venue se superposer à la parole des acteurs. L'actrice principale Monica Gurritore, «crève l'écran» selon un spectateur au cours du débat avec le réalisateur. Il est vrai que l'actrice italienne a une présence magistrale.«Un rôle qui aurait pu revenir à une actrice algérienne», a constaté une dame dans la salle. Un avis qui a fait réagir Rachid Benhadj, lequel a rappelé que le personnage de Karima devait être joué par Isabelle Adjani. Cette dernière après quatre jours de tournage a pris la poudre d'escampette. Mais, a-t-il expliqué?: «je voulais une étrangère pour le rôle de Karima, parce qu'une algérienne même ayant vécu ailleurs portera toujours le poids de ses origines. Une étrangère donne plus de distance au regard par rapport au retour au pays... Un acteur ou une actrice n'a pas de nationalité.» Les interventions des cinéphiles ont mis en exergue tour à tour : l'évolution psychologique des différents personnages, le coté «patriarcal» de l'histoire du film, un état spécifique à notre société ayant engendré l'esprit de révolte chez Karima et Mourad, la jeune génération post-Indépendance. Ils ont souligné La lutte des algériennes pour leurs droits, contre la violence à leur encontre, les chants et la musique qui prennent le spectateur dans leur sillage jusqu'à faire mal ainsi que le volet presque irrationnel de la trame du film.Revenant à la source de l'héroïne du film, une femme s'étant détachée du carcan des traditions, Rachid Benhadj a répondu : «Pour moi la grande partie qui a sauvé le pays ce sont les femmes... une société qui opprime les femmes est une société handicapée.»Coproduit par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) et la société Net diffusion, avec le soutien du ministère de la Culture, le film a reçu le prix du public en 2013 au Festival du film africain de Vérone et la mention spéciale du prix Don quichotte de la Fédération internationale des ciné-clubs, au cours de la remise des prix à la 24e édition des Journées cinématographiques de Carthage.Né en 1949 à Alger, Mohamed Rachid Benhadj vit et travaille à Rome depuis vingt ans. Diplômé d'architecture de l'Ecole des arts décoratifs de Paris. Il vit actuellement en Italie et enseigne dans une grande école de cinéma à Rome. Il a réalisé Touchi, primé en 1994 au 4e Festival du cinéma africain de Milan, Mirca, un film sur l'enfance dans les Balkans ; Louss (La rose des sables) sélectionné à Cannes, Houston, Carthage, Ouagadougou et Rome, et primé plusieurs fois, L'Arbre des destins suspendus, produit par Marco Bellochio pour la télévision italienne.




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