Algérie

Chute des prix du pétrole



Chute des prix du pétrole
La chute du prix du pétrole, au plus bas depuis sept ans, constitue une aubaine pour les consommateurs mais pénalise les pays producteurs et complique le travail de la BCE en Europe, selon des analystes du secteur."Les principaux perdants de la baisse du cours sont les pays exportateurs", rappelle Denis Ferrand, directeur général de l'institut économique français Coe-Rexecode. Cela se voit "quand vous regardez l'évolution à la baisse des réserves en devises de l'Arabie saoudite ou le retour en zone déficitaire du commerce extérieur du Nigeria".Le cours du pétrole a plongé sous la barre des 40 dollars après la décision des pays de l'Opep de s'abstenir lors de sa réunion semestrielle vendredi à Vienne de baisser leur production en dépit des excédents pesant sur le marché. "La question est de savoir pendant combien de temps les pays producteurs de pétrole peuvent supporter un prix aussi bas", s'est interrogé James Hughes, analyste chez GKFX. En Russie, où les hydrocarbures représentent la plus grande partie des rentrées budgétaires de l'Etat, la chute du cours suscite des craintes. "Le manque à gagner pourrait représenter (...) environ 2% du produit intérieur brut" par rapport au budget prévu actuellement, a reconnu le ministre des Finances Anton Silouanov. Au Venezuela, dont l'économie s'est effondrée ces derniers mois au même rythme que les cours du brut, la crise explique en partie la victoire de l'opposition lors des élections législatives de dimanche. En Afrique, les pays producteurs sont à la peine. "Les pays subsahariens qui dépendent fortement des exportations de pétrole (comme le Nigeria ou l'Angola) doivent désormais s'aligner à cet environnement de prix bas car ils disposent de moins de recettes", a prévenu Jermaine Leonard, directeur de l'agence de notation Fitch.L'agence, qui a déjà abaissé les notes de cinq pays producteurs cette année, n'écarte pas de nouvelles dégradations.Les Etats ne sont pas les seuls à souffrir. Les groupes pétroliers ou para-pétroliers subissent la baisse de plein fouet et voient leur action baisser en Bourse. "Toujours une bonne nouvelle"Du côté des gagnants, les consommateurs des pays importateurs sont aux premières loges. Ils consacreront moins d'argent à l'achat de combustible et disposeront donc d'une marge plus importante pour réaliser d'autres dépenses, une situation qui devrait donner un coup de pouce à la croissance.La baisse du cours constitue également un soutien au rebond de la croissance américaine même s'il affecte durement sa production d'hydrocarbures non conventionnels comme le pétrole et le gaz de schiste. Cette baisse constitue un soulagement pour la Chine qui fait face à un ralentissement de son économie. Elle constitue une bonne nouvelle également pour l'Inde qui va continuer à se reposer essentiellement sur les énergies fossiles dans les prochaines années pour nourrir une croissance économique de 7% par an. En Europe, la baisse du pétrole apporte un soutien non négligeable à sa croissance fragile. "Du point de vue de la zone euro, la baisse du prix du pétrole est toujours une bonne nouvelle", affirme Michel Martinez, chef économiste Europe de la Société générale, même s'il reconnaît qu'il ne s'agit pas du "seul moteur" de la croissance. Pour M. Ferrand, l'impact n'est pas négligeable. "Si l'on prend en compte le cours du pétrole et le recul de la monnaie européenne, c'est la moitié de la croissance de la zone euro qui se trouve expliquée par des éléments exogènes", assure-t-il. "Sur la croissance de 1,5% attendue en zone euro en 2015, vous avez 0,4% qui provient de la baisse du prix du brut et 0,3% de la dépréciation de l'euro", souligne-t-il, se basant sur un sondage réalisé par Coe-Rexecode en novembre auprès des conjoncturistes européens. Revers de la médaille: le pétrole ne vient pas au secours de la Banque centrale européenne (BCE) qui éprouve des difficultés à relancer l'inflation dans la zone euro. "Cela retarde le retour de l'inflation et c'est de nature à renforcer les craintes déflationnistes", admet M. Martinez. Lestée par la chute des cours de l'or noir, l'inflation en zone euro est en effet au point mort depuis plusieurs mois, n'atteignant que 0,1% en novembre, très loin de l'objectif d'un peu moins de 2% des gardiens de l'euro.




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