Alors que des zones d'ombre demeurent sur les circonstances de
l'arrestation de Laurent Gbagbo lundi à Abidjan, le président ivoirien Alassane
Ouattara a pris hier les rênes d'un pays à la dérive avec la mission immense de
réconcilier une nation divisée et de rétablir la paix et la sécurité. Selon
l'AFP qui cite plusieurs témoins, des tirs d'armes lourdes ont retenti hier en
fin de matinée à Abidjan dans les quartiers du Plateau et de Cocody, deux
bastions de l'ex-président Laurent Gbagbo. Le nouveau président a exprimé sa
volonté de tourner une page avec pour mot d'ordre la réconciliation, le retour
à l'ordre et au calme, et l'espérance. Pour sa part, le secrétaire général des
Nations unies Ban Ki-moon a estimé que la Côte d'Ivoire disposait désormais
d'une «occasion historique» pour promouvoir la réconciliation nationale,
établir un gouvernement d'unité nationale et rétablir l'autorité de l'Etat. Ban
Ki-Moon a demandé à M. Ouattara d'éviter un nouveau «bain de sang» et des
représailles. Les quatre mois de crise ont fait au moins 800 morts dont la
moitié à Abidjan, selon l'ONU. La bataille d'Abidjan a précipité la capitale
économique, dont la population est évaluée à quatre millions d'habitants, au
bord d'une catastrophe humanitaire, avec des quartiers livrés aux pillages.
Selon l'agence française Abidjan était encore hier le théâtre de pillages et
dans certains quartiers des coups de feu se faisaient entendre. La situation
humanitaire est également très difficile dans l'intérieur du pays, notamment
dans l'Ouest où les combattants des deux camps ont été accusés par l'ONU et des
ONG d'exactions. A Genève, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a nommé
hier les trois experts chargés d'enquêter sur les crimes commis depuis le
scrutin présidentiel. Alassane Ouattara, a affirmé, dans son premier discours
télévisé lundi, vouloir mettre en place une commission vérité et réconciliation
«qui fera la lumière sur tous les massacres, crimes et autres violations des
droits de l'homme». M. Ouattara a annoncé le lancement d'une procédure
judiciaire contre son ex-rival, son épouse et ses collaborateurs, assurant que
«toutes les dispositions sont prises» pour assurer leur «intégrité physique».
Au lendemain de l'arrestation de Gbagbo, son camp a directement accusé les
forces spéciales françaises d'avoir «enlevé» le président sortant à sa
résidence pour le livrer à Alassane Ouattara. Dans le même temps, le Premier
ministre français François Fillon a réaffirmé que «pas un soldat français»
n'avait mis les pieds dans la résidence. Intervention militaire française
directe ou dénouement «entre Ivoiriens», comme l'affirme la France ? L'enjeu
est important pour le nouveau président Ouattara, dont la légitimité souffre
déjà du soupçon d'avoir été porté au pouvoir par l'ancien colonisateur. Si
Paris dément toute implication des forces spéciales dans l'opération, le chef
d'état-major des armées, l'amiral Edouard Guillaud, a fourni en revanche une
indication de l'intensité de l'engagement français en déclarant «pas de blessés
côté français mais un volume de munitions de quelques milliers d'obus de 20 mm
et quelques dizaines de missiles» utilisés au cours des derniers jours, a-t-il
indiqué lors d'une conférence de presse. Ce qui traduit un engagement décisif,
sans lequel les forces du nouveau président ivoirien n'auraient pas été en
mesure de faire prisonnier Laurent Gbagbo. Des éléments incontestables
existent-ils sur le déroulement de l'opération ? Hier, le ministre de la
Défense Gérard Longuet s'est dit «absolument certain que nous aurons des images
de toute l'opération.
Non pas de l'armée française,
mais de l'ensemble des acteurs, et on saura qu'aucun soldat français, aucun
soldat de l'Onuci n'est rentré dans la résidence présidentielle», a-t-il
répété. Les ministres européens des Affaires étrangères, réunis à Luxembourg,
devaient promettre hier au président Ouattara une aide économique à long terme
pour l'aider à reconstruire un pays menacé par le chaos. Paris a déjà annoncé
une aide «exceptionnelle» de 400 millions d'euros en faveur de son ancienne
colonie, pour aider notamment à satisfaire les besoins urgents des populations.
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Posté Le : 13/04/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Djamel B Et Agences
Source : www.lequotidien-oran.com