Algérie

Chut ! Les faiseurs de fatwas ont dit oui



Comme chaque année pour les mêmes raisons, Alger et les autres grandes villes vont se transformer en immense douar et renouer avec les odeurs pestilentielles dues à la présence massive de moutons. La récréation avait, d'ailleurs, déjà commencé avant la bénédiction d'une commission des fatwas nichée au c?ur du ministère des Affaires religieuses. Un oui à l'abattage avec un respect des mesures barrières dont on se demande en quoi elles consistent dans un cas comme celui-là. Des religieux qui évitent de se mouiller quand la réalité s'avère sensible. Des imams qui s'en lavent les mains et n'ont aucune envie de se mettre à dos une opinion qui revendique un rituel pour la satisfaction duquel elle serait prête à désobéir, on connaît ! Dans un pays qui s'en remet de plus en plus à ce que lui dicte son conservatisme religieux, les directives qui contredisent ses certitudes et contrarient les pratiques liées à sa spiritualité n'ont pas voix au chapitre. Voilà pourquoi le groupe d'imams/fonctionnaires que l'on a chargé de trancher la question a préféré se ranger du côté des inconditionnels de la boucherie annuelle. On n'a d'ailleurs jamais entendu les faiseurs de fatwas intervenir sur les choses jugées sensibles, voire susceptibles de soulever l'ire de consommateurs invétérés de la foi. Pour ne pas contrarier les inconditionnels du sacrifice et ne se mettre à dos personne, on va improviser des gestes censés contribuer à préserver la vie des gens et éviter aux «fidèles», attachés au bain de sang qu'engendre l'abattage, de se retrouver six pieds sous terre.Les médecins n'ont pas leur mot à dire et n'ont aucune autorité face aux experts religieux. Confiez la santé des citoyens à ces derniers et vous serez assuré d'échapper à la vindicte des irréductibles de l'abattage. Puisque la commission des fatwas a dit oui, il faudra se ranger à son avis éclairé. Inutile de faire prévaloir l'autorité de l'Etat, quand le pouvoir qui en émane change de main sans grincer des dents. Dès qu'une question relève du fait religieux, ce dernier s'efface sans piper mot. Après tout, médecins et personnels de santé seront là pour réparer les dégâts.
M. B.


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