L?homme était tranquillement chez lui lorsqu?il a entendu des cris, entrecoupés d?obscénités et d?appels à la violence. Je ne voulais pas le tuer, je voulais juste lui faire peur parce que je me sentais menacé. Je regrette amèrement mon acte, je demande la clémence de la cour. » Ce sont les dernières paroles que l?on entendait à l?issue d?un procès ayant eu lieu le 14 avril dernier à la cour d?Alger. Elles émanent d?un homme de 50 ans qui comparaît en tant que détenu. Avant lui, il y eut les longues plaidoiries des avocats ainsi que le réquisitoire du procureur de la République. Les interventions du représentant du ministère public et des défenseurs de l?accusé ou de la partie civile n?ont pas manqué de susciter les « correctifs » du président. Des « intrusions » fort bien pertinentes, pour reprendre l?avis d?un confrère habitué des tribunaux d?Alger. L?accusé esquisse un coup d??il vers sa famille avant de quitter son box, flanqué de deux policiers. La cour, siégeant en session criminelle et devant statuer pour la deuxième fois sur une affaire de meurtre, se retire pour délibérer. Les commentaires vont bon train parmi l?assistance. D?aucuns estiment que le mis en cause n?a fait que protéger sa personne et celle de sa famille « du moment qu?il était face à un groupe de 30 personnes ». « Il était en légitime défense. Il n?avait pas le choix même si l?acte, c?est-à-dire le meurtre, n?est pas toujours défendable », lance un avocat. Une autre version suggère que l?auteur qui a utilisé son fusil de chasse, en cette soirée d?hiver en 2005, n?avait pas à « ôter » la vie d?autrui. « Il avait la latitude de tirer en l?air », martèle une personne proche de la famille de la victime. En tout état de cause, les avocats de la défense, Mes Miloud Brahimi et Nora B., n?ont ménagé aucun effort pour rappeler le caractère « défensif » de l?acte. « L?homme était tranquillement chez lui lorsqu?il a entendu des cris, entrecoupés par des obscénités et des appels à la violence. Il sort précipitamment, essaye de parlementer avec les jeunes. En vain, le groupe ne cessait pas d?avancer dangereusement vers sa demeure. Se sentant menacé, il part récupérer son fusil, qu?il a acquis en tant que patriote, somme encore une fois le groupe de quitter lieux. Sans résultat. Il tire. C?est l?irréparable. Il touche mortellement un jeune homme de 24 ans qu?il ne connaissait pas. Voilà Monsieur le président la genèse de l?affaire. Nous estimons que notre mandant devrait bénéficier de larges circonstances atténuantes », plaide Me Miloud Brahimi. Pourquoi les circonstances atténuantes ? « L?homme n?a aucun antécédent judiciaire. Il était respecté. Il devait intervenir, car son fils venait de refuser la vente de cigarettes à deux gosses de dix ans. Ceux-ci n?ont pas trouvé mieux que d?ameuter les jeunes du quartier afin de corriger, scandaient-ils, le jeune commerçant. Son père n?a fait que défendre », enchaîne Me Nora B. La délibération prend fin. La cour annonce la sentence : 13 ans de reclusion criminelle. L?auteur du meurtre, l?air absent, doit retourner à sa cellule, à El Harrach, où il est incarcéré depuis trois ans.
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Posté Le : 17/04/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : D. Z.
Source : www.elwatan.com