Algérie

Chronique judiciaire d'Oran : Des tourtereaux à la barre



Chronique judiciaire d'Oran : Des tourtereaux à la barre
Conscient de la gravité des faits et pris de remords, le jeune accusé a décidé, le lendemain, de ramener la fugueuse à son domicile familial. Habillé comme tous ces jeunes que l'on croise dans la rue, H. Rachid, âgé de 19 ans, semble ignorer la peine de réclusion encourue devant le tribunal criminel. Il comparaissait ce 25 janvier de l'année en cours sous le chef d'accusation de détournement et attentat à la pudeur sur une mineure. Il s'efforçait, cependant, de garder la tête haute en donnant l'impression de fournir un grand effort pour ne pas s'effondrer en larmes. Vraisemblablement, il sentait les regards attentifs des membres de sa famille, fixés sur son dos et ne souhaitait nullement les décevoir. Sa victime, B.Yousra, une adolescente âgée d'à peine 17 ans, qui semble jouir d'un vernis d'une solidité à toute épreuve, se tient à ses côtés dans une attitude résolue. Sa frimousse contraste violemment avec les rondeurs de son corps, moulé dans un jeans.Ses grands yeux noirs, bordés de longs cils foncés sont à demi dissimulés par une petite paire de lunettes posée sur son nez droit. Selon l'arrêt de renvoi, le 27 juillet dernier, elle a dérobé un lot de bijoux à sa mère avant de prendre contact avec son flirt, l'accusé, pour lui faire part de sa décision de fuguer. D'un commun accord, ils ont fourgué leur butin à un bijoutier installé dans le quartier de Maraval, qui leur a proposé 3,2 millions de centimes. L'après-midi, les tourtereaux se sont rendus à la commune balnéaire de Aïn El Turck, sur le littoral ouest de la wilaya d'Oran. Un hôtelier sans vergogne a accepté de louer une chambre aux adolescents. Conscient de la gravité des faits et pris de remords, le jeune accusé a décidé, le lendemain, de ramener la fugueuse à son domicile familial.Les parents l'ont fait ausculter par le médecin légiste du centre hospitalier d'Oran, qui a diagnostiqué une déchirure de l'hymen. La plainte a été appuyée par cet accablant document. « Elle était consentante Monsieur le juge. J'entretenais des relations avec elle depuis des années », récite, d'une voix enrouée, H. Rachid. Le magistrat s'adresse à la victime, « qu'avez-vous à nous dire ' » Elle réajuste ses lunettes avant de glapir, « il m'a promis de m'épouser. Il a changé d'avis après ' » « Après quoi ' », interroge le président du tribunal. « Après la nuit à l'hôtel », balbutie-t-elle. A ses côtés, sa mère, drapée dans une djellaba noire, tente d'intervenir mais le juge s' interpose aussitôt en l'invitant au silence d'un geste sec. Le représentant du ministère public a mis en évidence ce qu'il a qualifié de « traumatisme causé à la victime et l'exploitation de sa crédulité par l'accusé » avant de conclure en requérant une peine de 15 années de réclusion criminelle.L'avocat de la défense a axé sa plaidoirie sur le bénéfice de larges circonstances atténuantes en faisant remarquer « à l'époque des faits, mon mandant sortait à peine de l'adolescence ». Au terme des délibérations, les jurés ont pris en considération la requête du défenseur et ont condamné H. Rachid à une peine de trois ans d'emprisonnement. « La prison est pour les hommes ! » lança, dans la salle, la mère de l'accusé à celle de la victime, à l'annonce du verdict. Toutes les deux ont été évacuées par les agents de police.


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