Algérie

Chronique judiciaire



Quatre ans de prison pour la femme de ménage Deux cent cinquante millions de centimes. Telle est la valeur marchande d?un lot de pierres précieuses qu?un richissime homme d?affaires, représentant en Algérie d?une célèbre marque mondiale de boissons gazeuses, déclare avoir été subtilisée chez lui. Le vol, selon l?enquête de police et l?arrêt de renvoi, a été commis à l?intérieur d?une villa cossue dans un quartier résidentiel sur les hauteurs d?Alger. L?accusée, qui comparaissait devant les juges de la chambre criminelle, le 7 avril dernier, n?a pas encore la trentaine. Elle est jugée en tant que détenue. La mine anxieuse, elle doit expliquer son statut au sein de la villa : « Femme de ménage », précise-t-elle. Elle était donc tenue de passer au peigne fin toute la maison. Nettoyer le parterre, dépoussiérer, cirer les rampes d?escalier et assurer aussi d?autres tâches liées à son emploi. La jeune femme doit également répondre du « crime » qu?elle a commis sur son lieu de travail, c?est-à-dire le vol d?un lot de pierres précieuses d?une valeur de 250 millions de centimes. Comment y est-elle arrivée d?autant plus que cette précieuse marchandise était en lieu sûr et bien gardée ? Toujours selon les déclarations du plaignant consignées par l?enquête de la police et dans le rapport du juge d?instruction, la gouvernante devait changer les clés afin de s?introduire en toute discrétion dans la villa. C?est ce qu?elle a fait. Son passage dans la villa, où il n? y avait personne ce jour là, était motivé afin de « subtiliser » le coffret familial. Si l?accusée reconnaît s?être introduite dans la demeure au moment où ses propriétaires étaient absents et qu?elle a, effectivement, commis un vol, elle précisera toutefois, que la valeur déclarée par son patron est loin de refléter la réalité. « J?ai pris quelques pierres, certes, mais pas tout. J?ai pris en fait l?équivalent de 6 millions de centimes, je ne sais pas comment on m?a collé une aussi grande affaire sur le dos », se défend-elle. Son avocat plaidera dans le même sens, tentant de convaincre le tribunal de la « véracité » des propos de sa mendante. La victime se présente à la barre. Elle ne semble pas chaude à noyer encore son ancienne employée. « Je demande tout simplement réparation, c?est-à-dire le remboursement de la somme subtilisée », soutient l?homme d?affaires. Et d?ajouter : « De toute manière l?argent, qui me sera rendu, sera consacré à des ?uvres caritatives ». Le tribunal s?est retiré pour délibérer. L?appel à la clémence de l?avocat de la défense ne sera pas pris en considération. La jeune femme est condamnée à quatre années de prison ferme, une peine assortie d?une amende (remboursement compris) de 250 millions de centimes.


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